Heptapode : Facepalm du Palmiste Psalmiste

Lorsque le doigt est sale et montre la Lune.

L'intention reste la même pour le sage.

Lorsque le doigt est propre et montre la Lune.

Y a-t-il y a une différence pour celui qui regarde ?

C'est pourtant le même doigt qui désigne la Lune.

Pourquoi faut-il que le sage lave son doigt ?

Pour un même geste est une volonté identique.

Lorsque le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt.

Quand le sage fait ce geste avec un doigt sale, l'idiot, lui, regarde la salissure.

Quand le sage le fait avec un doigt propre, le fou y recherche des imperfections.

Quelle différence que le doigt soit sale ou propre s'il montre la Lune ?

C'est pourtant le même doigt.

Le sage a beau essuyer son doigt et le nettoyer,

les premières impressions sont tenaces pour celui qui regarde.

Qui est en faute, le sage qui insiste où l'imbécile qui ne regarde pas la Lune ?

Alors le sage recommence avec son autre main.

Il ouvre sa main et montre tous ses doigts.

Le sage hésite, il ne désigne plus rien.

Qui est en faute, le sage qui renonce où l'imbécile qui regarde la main ?

La vraie faute est celle qu'on ne corrige pas.


Extrait de la pièce de théâtre « Vol au-dessus d'un nid d'oiseau bleu dans l'univers de [Heptapode A(Heptapode B)] » à venir dans la rubriK à braK après la grève du scénariste.

monologue du rédacteur menacé par l'inquisiteur, la tirade du psalmiste

le rédacteur: Je n'ai pas oublié que dans ce monde, les imposteurs sont légion ! C'est pire que la péricope sur l'expulsion des marchands du temple ! Ce qui prime dans ce monde de dormeurs, c'est la permanence du flux des commérages et le contrôle de l'espace sensoriel par les marchands et les bonimenteurs. Un système d'information et de captation de la vie qui sert à prolonger un esclavage économique par une technologie dévoyée, celle qui oriente le développement cortical de chaque individu par toute une machinerie médiatique, et qui revend ensuite les informations de l'individu, le transformant de fait en marchandise ! Le lavage des cerveaux est déjà là, dans l'espace mental des consommateurs où se déroule en miniature l'arène du spectacle mondial du recyclage de toute contestation ! Si toute chose en ce monde devient article de pacotille et bien de consommation, alors l'humanité qui essaye de survivre se recyclera elle-même pour n'être qu'un déchet en devenir ! Comme dit le Psalmiste dans le Psaume 115 : "Leurs idoles, or et argent, une œuvre de main d'homme. Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n'entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas. Leurs mains, mais elles ne touchent point, leurs pieds, mais ils ne marchent point! De leur gosier, pas un murmure. Comme elles seront ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi." Je préfère me battre avec mes pieds et mes mains, pour dénoncer cette ignominie plutôt que de participer à cette mascarade grotesque !


Discussion entre 2 créatures fantasques en orbite géosynchrone

 

TUCO : Tu as vu l'état du réseau social et économique terrien, cela ne présage rien de bon.

BLONDIN : Si tu le dis.

TUCO : Les terriens utilisent des systèmes de régulation socioéconomique et de contrôle de l'information en opposition les uns aux autres et en totale contradiction avec la plus élémentaire des notions de préservation de systèmes ontogénétiques et d'écosystèmes interconnectés. Ce qui nuit à la stabilité de la noosphère sur le long terme.

BLONDIN : En effet cela n'est pas bon.

TUCO : Ils ne vont pas être capable de s'en sortir. Ils ont au plus quelques décennies devant eux, après cela, le biotope, les ressources énergétiques, les flux d'échanges économiques et de services ontogénétiques et culturels seront si dégradés que ce qu'il reste de basique comme rétroaction positive se raréfiera, difficile alors de maintenir un état où la vie s'épanouie harmonieusement.

BLONDIN : Alors tout ce système de contrôle crée par les terriens s'étiolera comme une plante qui meure petit à petit.

TUCO : Oui, quand cela arrivera ils ne seront plus capable de stopper la cascade.

BLONDIN : Quel genre de cascade ?

TUCO : Quand il n'y a pas assez de diversité pour permettre à un écosystème d'amortir le choc lorsqu'une catastrophe arrive, c'est ce qu'il se produit dans un système naturel.

BLONDIN : Tu veux dire que le terriens ont détruit petit à petit la diversité, aussi bien pour leur subsistance que dans leur manière de penser, afin de maintenir un système de contrôle dogmatique et simpliste en totale inadéquation avec les enjeux réels de survie sur le long terme.

TUCO : Oui, une grande partie de leurs systèmes sont déconnectés du réel, c'est pour cela qu'il y a autant de guerres, ça leur permet de les maintenir artificiellement en vie. Les terriens n'auront pas d'alternative pour compenser ça. Finalement les options pour qu'ils s'en sortent sont limitées comme des chemins d'information que l'on met à saturation. Ces alternatives ne seront pas fonctionnelles bien longtemps. Ce qui laisse à leur civilisation moins de chemins viables, réduisant les chances, ce qui reste sera de plus en plus saturé, et ainsi de suite pour ne laisser que très peu d'alternatives pour s'en sortir.

BLONDIN : C'est ce genre de catastrophe que tu surveilles de près. Un système simple enclin à l'effondrement et facile à prédire.

TUCO : Exactement, ce système est déjà mort mais les terriens ne le savent pas encore.

BLONDIN : C'est pour ça que tu envoies des émissaires faire l'oiseau de mauvais augure, afin de comprendre la résistance au changement, cet aveuglement des terriens qui refusent de voir ces autres chemins, avec la possibilité de faire émerger un nouveau système du précédent qui se meurt.

TUCO : Je ne fais pas que ça, nous avons de précédents contacts qui ont donné de bons résultats, bien que nos émissaires et nos agents opérationnels se fassent maltraiter sur le terrain, une infime minorité des terriens est réceptive et souhaite continuer à dialoguer avec nous.

BLONDIN : Tu n'as toujours pas réglé les violences sur le terrain, la vendetta des contactés, la révolte des émissaires, la démission des anti-contactés, et la détresse des plus qu'humains. Il serait temps que tu fasses quelque chose de plus expéditif au lieu de faire de la prescription comportementale et de la prophylaxie cognitive.

TUCO : J'ai déjà tenté de faire des séances d'édification avec des démonstrations spectaculaires, des abductions, des inceptions, des disparitions, des implantations et j'en passe. A chaque fois, les terriens sont stupéfiants par leur candeur et leur malice. Ils implorent qu'on les aide, ils réclament une assistance d'où qu'elle viennent mais dès que l'on présente une main amicale qui vient d'ailleurs, avec toute les précautions d'usage pour apaiser les angoisses, cela revient en boucle : les querelles pour s'attirer les faveurs et en retirer de l'influence.

BLONDIN : Tu leur fait tellement confiance, tu as un attachement envers ces sottes créatures. Ce que je vois de mon côté, c'est que les terriens dans la majorité ont un comportement odieux quand ils ont peur ou qu'ils ne comprennent pas l'inconnu. Tu n'as qu'à te référer à leurs crises existentielles quand ils découvrent l'étrangeté de certains phénomènes que nous déclenchons. Je serais à ta place, j'enverrais au choix un négociateur, un procurateur, un superviseur, un débrouilleur, un défibrillateur, un liquidateur ou un joueur de flute.

TUCO : C'est le genre de mission que l'on donne à faire après un effondrement, pour sauvegarder l'existant. C'est encore trop tôt, nous avons encore une marge de manœuvre. On n'a pas encore besoin de faire de la précontrainte ou de soumettre les cerveaux.

BLONDIN : Tu es bien patient avec eux, alors retournons aux anciennes méthodes et voyons ce que cela donne. Donnons aux terriens de quoi parler. Je vois que tu surveilles ton expérience de laboratoire sur les micro communautés. Qu'est-ce que cela donne ?

TUCO :  Aide moi à faire les ajustements au lieu de te moquer. Occupe-toi de surveiller les variables de positionnement et les relevés des sondes.

BLONDIN : Si cela peut de faire plaisir.

TUCO :  Survol de la zone hostile. Pointage du doigt effectué sur la cible.

BLONDIN : L'écorce de la bêtise n'a pas été traversée, la couche est trop corrosive, les indicateurs de pression et de température sont au rouge.

TUCO :  Quels sont les effets de l'exhortation sur la prise de décision, l'aperception et la transsubstantiation ?

BLONDIN : Résultat négatif pour la cohorte et sa faune jactance associée.

TUCO : Doigt attaqué est détruit. Abandon de la prise de contact et de la mise en indirection.

BLONDIN : Que s'est-il passé ?

TUCO : Le doigt a été attaqué en phase d'approche et détruit en plein vol. C'est la cinquième tentative.

BLONDIN : Les terriens ont probablement tourné ça en spectacle de pantomime.

TUCO : L'atmosphère en dessous du doigt est beaucoup plus corrosive qu'elle ne devrait et ça empire.

BLONDIN : Il se passe clairement quelque chose là en bas. Il n'est pas concevable que pour les réceptifs, le contact soit altéré avec des indicateurs de pression et de température au jaune.

TUCO : Nous avons quelques impacts positifs avec des zones bleus isolées et dispersées.

BLONDIN : Il n'y a pas encore de seuil franchi pour la transe collective. Il y a encore de la marge pour démarrer la communion de groupe, les indicateurs ne sont pas encore au violet.

TUCO : Il ne nous reste plus que deux doigts.

BLONDIN : Et si l'on utilisait la force de l'un pour renforcer l'autre ? On prendrait une orbite plus basse, et on pointerait du doigt depuis là, ça réduirait le temps de vol jusqu'à la surface des choses. Je parie que ça pourrait marcher.

TUCO : Ça violerait aussi tous les protocoles de mission.

BLONDIN : Tu crois que si les explorateurs avaient suivi les protocoles, ils auraient fait le tour des planètes à surveiller ?

TUCO : Ils n'ont pas tous réussi, il y en a qui sont désespérés en essayant de le faire.

BLONDIN : D'autres ont vu quelque chose de merveilleux, un contact réussi.

TUCO : Peut-être, mais il y a des autochtones qui ont vu leur cauchemar devenir réalité, l'intrusion d'une forme étrangère, avec une perception déformée par les préjugés de la forme informe. Ces craintifs sont prêts à détruire par le feu toute créature exotique venant de l'espace lointain.

BLONDIN : On navigue ici en terrain inconnu, ça vaut la peine de prendre des risques.

TUCO : J'ai de quoi faire avec les nombreuses cartes juxtaposant les dimensions cognitives et les interactions avec les cibles.

BLONDIN : Voyons cela, comme d'habitude tu crées pour chaque carte une palette de couleur, en superposant les différentes dimensions par compilation et traitement des données, tu obtiens quelque chose pour la prospective et la projection temporelle.

TUCO : Il y a ici des cartes très intéressantes, dommage qu'elles ne soient pas fiables.

BLONDIN : La carte n'est pas le territoire, je n'arrête pas te le dire.

TUCO : Tu sais ce que disaient les explorateurs lorsqu'ils dépassaient le bord de leur carte ?

BLONDIN : "Il est temps de faire une nouvelle carte" ?

TUCO : "Un terrien a posé un pied sur la Lune, il est trop difficile à gérer, on ne va pas s'en sortir."

BLONDIN : Si cela ne fonctionne pas avec les doigts restants, on peut toujours appliquer le plan B

TUCO : Tu veux dire utiliser l'autre main pour délimiter les franges d'interférence et adapter les interfaces protocolaires, ce qui nous donnera une carte des interventions 'borderline' pour isoler les communautés satisfaisant les critères d'un pré-contact.

BLONDIN : Les terriens se divisent en deux catégories, ceux qui sont capables de travailler ensemble pour s'en sortir et ceux qui en sont incapables, et font tout pour empêcher les autres de le faire.

TUCO : Pourquoi pas, qui ne tente rien n'a rien.


MAN ON THE MOON, LE RETOUR DE LA MARIONNETTE

 

Quel pourrait être le gag à venir ?

Faire main basse sur le débat pour faire croire que je suis l'autre alors que je suis moi tout en jouant à l'autre et en demandant à l'autre de se faire passer pour moi, alors que l'autre n'existe pas et qu'il n'y a que moi. Bon çà c'est fait.

Continuer de dire que je suis moi alors que tout le monde pense que je suis l'autre, et en insistant pour revendiquer mon indépendance vis à vis de l'autre. Bon çà c'est fait.

Provoquer en duel l'autre en faisant croire qu'il m'exaspère, par le High Five, le jeu de mot, le Muppet-Show et la guerre des soucoupes volantes. A cette occasion mon double-dans-le-miroir sera là. Bon çà c'est fait.

Dénoncer les imitateurs et les autres plagiaires de sorte que leur motivation et opposition participent à la dynamique du drôle de jeu de rôle, soit en les inspirant, soit en leur donnant des idées pour ne pas y aller de main morte. Bon ça c'est fait.

Construire le circuit cognitif de la révolte et du scandale par les actions combinées des participants à la transe autour du cadran stellaire. Donner un coup de main aux prétendants au contact et aux faussaires plagiaires pour faire monter en puissance le gag. Bon ça c'est fait.

Organiser un duel dans une arène entre moi et mon double-dans-le-miroir, en créant une situation où tout le monde penserait que l'autre c'est moi et vice versa. Dans cette joyeuse bousculade, faire le spectacle et rester inséparables comme deux doigt de la main. Bon ça c'est pas encore fait.

Se prendre en main pour monter une troupe de marionnettistes, faire une pantomime où ni moi ni l'autre ne sont indépendants de nos actes. C'est un nouveau cirque où pendant que je manipule l'autre, il me donne par rétroaction les directives qui mettent en évidence la manipulation d'un niveau supérieur dans le méta-gag. C'est à dire le gag dans le gag qui explique comment un marionnettiste peut aussi être la marionnette d'un autre que l'on ne connait pas. Bon ça c'est pas encore fait.

Présenter à tout le monde le méta-scenario de détournement en cascade, celui du détournement du méta-gag, prêter main forte pour démontrer que les 16 twists et 7 rebondissements étaient dans le fruit et que la source d'inspiration manipule tout le monde depuis le départ. C'est le gag dans le gag dans le gag. Bon ça c'est pas encore fait.

Bon je crois que c'est tout, il y a du pain sur la planche et du grain à moudre. Il suffit de mettre la main à la patte maintenant. Show must go on !


pour les lecteurs de conversations secrètes

A propos de la traduction :

Traduire un texte d’une langue vers une autre, c’est trahir un peu la pensée et les intentions de l’auteur par le prisme de sa propre personnalité. Dès qu’il y a une volonté de lever les ambiguïtés, de contourner des difficultés de lecture, et de donner sa propre interprétation pour en faciliter la lecture alors la traduction ne remplit plus son rôle. Il y a une infidélité aux objectifs de l’auteur et une déformation de sa pensée. C’est d’autant plus vrai si le traducteur ne fait pas l’effort de se rapprocher autant de la pensée de l’auteur que du contexte de création de son œuvre.

 

À propos de la source :

Il n'y a pas de discontinuité entre le fond et la forme, le medium et le message, l'émetteur et le récepteur. Il n'y a pas de mystères qui ne soient inaccessibles aux personnes de bonne volonté tant que ces personnes sont capables de saisir le sens du mystère et de le considérer dans son aspect constructif et positif comme une expérience à vivre ou un problème à résoudre.

 

A propos de la variété et de l’entendue :

Vous pouvez considérer la variété dans le style et la représentation comme la manifestation de dispositifs disjoints en apparence mais qui sont articulés autour d’une même forme, séparés aux extrémités mais tous reliés dans leur prolongement pour aboutir à la même finalité, comme une main qui manipule des percepts pour faire naitre des affects tout en désignant du doigt la direction vers d’autres concepts.

« Les écrivains qui ont recours à leurs doigts, pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. » Citation de Léo Ferré.


Hands here, we go...

and here, we go !