La gestion de la terreur collective: protocole d'enquête MOE sur l'opération Prato (Brésil, 1977)

 

Exposé méthodologique pour l'analyse d'anomalies à fort impact somatique et social


Introduction: Re-spécifier le "Chupa-Chupa"

 

En 1977, sur l'île de Colares et dans les municipalités environnantes de l'État du Pará, un phénomène surnommé "Chupa-Chupa" ("suceur-suceur") a semé la panique. Des habitants ont rapporté avoir été ciblés par des rayons lumineux émanant d'objets volants, provoquant des blessures (brûlures, marques de perforation), une anémie et une terreur intense. En réponse, l'armée de l'air brésilienne (Força Aérea Brasileira, FAB) a lancé l'Opération Prato, une mission d'enquête militaire secrète.

Une enquête traditionnelle se retrouverait paralysée, prise entre l'extrême étrangeté des récits et le secret militaire. Le MOE re-spécifie le problème. L'objet de notre enquête n'est pas de déterminer l'origine des lumières, mais de répondre à la question: "Comment l'état de 'siège par une force inconnue' a-t-il été pratiquement accompli par les habitants, les médecins et les militaires, et comment la 'réalité' de cet événement a-t-elle été construite, gérée et finalement neutralisée par le travail institutionnel ?"


Chapitre 1: L'accomplissement de la "crise somatique" - le travail des acteurs locaux

Le MOE commence son analyse au niveau du terrain, là où le phénomène est vécu dans les corps et les interactions quotidiennes.

 

1.1. Le travail de la victime et du soignant

 

1.2. L'accomplissement de la panique collective


Chapitre 2: L'accomplissement de l'"enquête militaire" - le travail de l'opération Prato

 

 

2.1. Le travail de documentation en contexte hostile

 

2.2. Le travail de la clôture et du secret


Chapitre 3: Gérer l'ingérable - le MOE face aux hypothèses et à l'indexicalité

 

3.1. Le traitement des hypothèses

Le MOE n'a pas pour but de tester des hypothèses (naturelles, militaires, exogènes, psychosociales). Il analyse comment les acteurs utilisent ces hypothèses comme des ressources pour rendre le monde intelligible. L'hypothèse "extraterrestre" est la ressource utilisée par les témoins pour donner un sens à des blessures inexplicables. L'hypothèse "psychosociale" est la ressource utilisée par les sceptiques pour normaliser la situation. Le MOE cartographie cette économie des hypothèses.

 

3.2. Contrôler l'infinitude de l'indexicalité


Chapitre 4: L'enquête multiscalaire et l'anticipation stratégique

 

4.1. Du local au global

L'enquête MOE est intrinsèquement multiscalaire :

  1. Niveau micro (local): elle commence par l'analyse des interactions sur le terrain à Colares (patient-médecin, témoin-enquêteur).

  2. Niveau méso (institutionnel): elle s'élargit à l'analyse du travail de l'Opération Prato comme organisation militaire.

  3. Niveau macro (global): elle analyse comment le cas, une fois "fuité", est devenu un objet de la controverse ufologique mondiale et comment il a affecté la politique de transparence de l'État brésilien sur le long terme.

 

4.2. Le MOE comme outil pour les décideurs politiques

Un incident comme l'Opération Prato est une crise de gouvernance majeure.


Conclusion

 

L'application du MOE à l'Opération Prato transforme une affaire chaotique et terrifiante en un cas d'étude rigoureux sur la gestion pratique de la réalité en situation de crise extrême. En se concentrant sur le travail observable de tous les acteurs, le MOE produit une connaissance fiable là où les autres approches échouent. Il fournit aux décideurs non pas une réponse sur la nature du "Chupa-Chupa", mais une méthode pour se préparer à la tâche la plus difficile qui soit: gouverner face à une anomalie qui blesse les corps et déstabilise l'ordre social.