L'archéologie comparée de deux mythes : protocole d'enquête MOE sur l'accomplissement de Roswell et de Rendlesham

Exposé méthodologique pour une méta-analyse de cas complexes


Introduction: Re-spécifier l'enquête comparative

La comparaison traditionnelle entre Roswell et Rendlesham se focalise sur une hiérarchie de la "preuve": la qualité des témoins (militaires vs. civils), la nature des traces (débris vs. lectures radioactives), etc. Cette approche, bien que commune, est une impasse car elle reste prisonnière de la question stérile: "Que s'est-il réellement passé ?".

Le MOE re-spécifie radicalement le problème. Il ne compare pas les "faits", mais les méthodes pratiques (work) par lesquelles les "faits" ont été produits, gérés, contestés et maintenus. La question devient: "Comment les logiques d'accomplissement de la réalité à Roswell et à Rendlesham different-elles, et que nous apprend cette différence sur la nature des controverses socio-techniques?".


Chapitre 1: L'accomplissement de la "scène primitive" - enquête locale et travail institutionnel

Le MOE analyse d'abord comment l'événement est initialement "fabriqué" en tant que "cas" par le travail des premiers acteurs.

 

1.1. Roswell (1947): l'accomplissement d'une "crise bureaucratique réparée"

 

1.2. Rendlesham (1980): l'accomplissement d'une "anomalie militaire documentée"

 

1.3. Analyse comparative initiale

La différence est fondamentale. Roswell naît d'une rupture de la normalité publique que l'institution s'empresse de réparer. Rendlesham naît d'une rupture de la normalité opérationnelle que l'institution documente en interne. Cette différence dans le travail initial va conditionner toute la trajectoire future des deux affaires.


Chapitre 2: La gestion de la longue durée - mémoire, controverse et rôle de l'ufologie

 

2.1. Le travail de la controverse

 

2.2. L'analyse réflexive des méthodes de l'ufologie

Cette comparaison permet à l'ufologie de passer d'une posture de "quête de la vérité" à une analyse de son propre rôle en tant qu'acteur social qui façonne activement la réalité qu'il prétend étudier.


Chapitre 3: Gérer la complexité globale - secret, géopolitique et médias

 

3.1. Contrôler "l'infinitude de l'indexicalité"

 

3.2. Le travail du secret et les enjeux géopolitiques

Le MOE analyse le secret non comme un vide, mais comme une activité institutionnelle observable.


Chapitre 4: Nouvelles pistes pour une méta-analyse comparative

 

L'application du MOE à cette comparaison ouvre des voies de recherche inédites.

  1. Analyse comparative des "carrières de témoins": étudier comment un témoin (ex: Jesse Marcel pour Roswell, Jim Penniston pour Rendlesham) apprend et perfectionne son rôle de "témoin célèbre" sur des décennies, à travers des milliers d'interactions avec les médias et les chercheurs. C'est l'étude du travail de devenir un témoin.

  2. Analyse comparative des "chaînes de traduction": modéliser comment un "fait" est transformé en passant d'un contexte à un autre. Par exemple, comment une lecture de radiation (contexte scientifique) devient une "preuve de contact" (contexte ufologique), puis une "scène dramatique" (contexte médiatique).

  3. L'ethnographie des "lieux de mémoire": comparer le travail qui produit Roswell en tant que destination touristique et Rendlesham en tant que "sentier de randonnée ufologique". Comment les lieux physiques sont-ils mobilisés pour maintenir la réalité du mythe ?


Conclusion

La comparaison de Roswell et Rendlesham via le MOE est extraordinairement productive. Elle révèle que, derrière des scénarios apparemment similaires (un incident militaire impliquant un OVNI), se cachent des machineries de construction de la réalité radicalement différentes.

Cette analyse comparative ne résout pas les énigmes, mais elle accomplit une tâche scientifiquement plus importante : elle modélise les grammaires sociales, politiques et narratives par lesquelles l'humanité, à différentes époques et dans différents contextes, fabrique du sens et de la réalité face à l'inconnaissable.