Méta-analyse intégrale et de niveau judiciaire du cas OVNI de Voronej (1989) : anatomie et verdict final
Avertissement sur la méthodologie et le corpus
Le présent rapport est le fruit d'une démarche analytique unique, construite de manière itérative par un processus de fusion, de distillation et d'amplification de plusieurs sources documentaires distinctes. Afin d'assurer une transparence totale au lecteur, il est essentiel de détailler la méthodologie et le corpus qui fondent cette méta-analyse intégrale.
1. Le corpus documentaire
Ce travail repose exclusivement sur l'analyse de huit documents spécialisés sur le cas de Voronej (1989), fournis comme unique base de connaissance. Ces fichiers peuvent être classés en trois catégories, correspondant à leur rôle dans notre processus :
Le corpus fondateur (Phase I) :
CM-Méta-analyse Critique du Cas OVNI de Voronej (1989) recensement critique.pdf
CM-Méta-analyse critique du cas OVNI de Voronej (1989) synthese et contexte.pdf
Utilité : Ces deux premières analyses ont servi à construire l'architecture initiale du rapport, en établissant la chronologie des faits, le contexte sociopolitique et les premières grilles de lecture multidisciplinaires.
Le corpus d'amplification (Phase II) : 3.
GM-Méta-Analyse Critique Voronej V1.pdf
4.GM-Méta-Analyse Critique Voronej V2.pdf
5.DEEP-COMPIL.pdf
6.DEEP-EXPLORE.pdf
7.CM-Affaire OVNI de Voronej (1989) _ Chronologie, témoignages et analyses - chronologie et temoignages.pdf
Utilité : Ce groupe de cinq documents a permis d'enrichir et de densifier la base initiale. Leur intégration n'a pas été une simple addition, mais une distillation systématique de chaque information nouvelle (faits, témoignages, arguments) pour amplifier chaque chapitre du rapport, augmentant ainsi sa profondeur et son exhaustivité.
La source d'autorité (Phase IV) : 8.
Méta-analyse du cas OVNI de Voronej (1989) - V7 ZERO-TRUST LITIGATION-GRADE.pdf
Utilité : Ce document final, par sa nature "litigation-grade", a servi de cadre méthodologique ultime. Il n'a pas été traité comme une simple source d'information, mais comme un filtre de rigueur permettant de réévaluer l'ensemble du cas et de formuler un verdict final de niveau judiciaire.
2. Le processus itératif de synthèse
La construction de ce rapport a suivi un processus en quatre phases :
Fusion fondatrice : Synthèse des deux premiers documents pour créer un rapport de base structuré.
Amplification exhaustive : Intégration des cinq documents suivants pour enrichir chaque section, sans perte d'information.
Consolidation critique (Phase III) : Réintégration ciblée de sections analytiques (critique du scoring, tableaux) pour garantir une complétude méthodologique.
Verdict de niveau judiciaire : Ajout d'un chapitre final basé sur l'analyse "Zero-Trust", agissant comme une conclusion hiérarchisée et définitive sur la nature du phénomène de Voronej.
Ce rapport n'est donc ni une simple compilation, ni une analyse originale, mais une méta-analyse de méta-analyses, dont la structure et les conclusions sont le produit direct de cette démarche rigoureuse.
Introduction : Le spécimen de Voronej, un objet d'étude total
L'observation d'une civilisation à travers ses anomalies narratives est une méthode d'une puissance heuristique considérable. L'affaire dite de « l'OVNI de Voronej », survenue en 1989 sur le territoire d'une entité géopolitique alors en pleine dissolution – l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques – constitue un spécimen de laboratoire quasi parfait. Elle offre à l'analyse exo-anthropologique une occasion rare d'étudier, en temps quasi réel, les mécanismes de génération du mythe, la dynamique de la contagion mémétique, et l'interaction complexe entre un stimulus potentiellement trivial et un système socio-cognitif en état d'hyper-réceptivité.
Ce rapport constitue une méta-analyse de second ordre, intégrant huit corpus documentaires distincts pour produire une analyse d'une granularité et d'une profondeur inégalées. Notre objectif n'est pas une simple compilation, mais une intégration structurelle visant à disséquer la genèse du récit, l'écosystème informationnel qui a permis sa prolifération virale, et les structures cognitives et sociales qui l'ont façonné. Le rapport culmine avec une analyse de niveau judiciaire ("litigation-grade"), offrant un verdict final sur la nature du phénomène.
Chapitre 1 : La construction du récit : chronique d'une rencontre extraordinaire
Pour comprendre la puissance du mythe de Voronej, il est indispensable de le reconstituer dans sa forme la plus pure, telle qu'il a été présenté au monde, avant de le soumettre au scalpel de l'analyse critique. Ce chapitre retrace la naissance et la cristallisation de la narration, en intégrant les détails et les variations issus des premières sources.
1.1. Le théâtre des opérations : un parc à la fin d'une journée de septembre
Le décor est planté dans le parc public "Youjny" (Sud), un espace vert du quartier populaire de Mashmet, au cœur de la ville industrielle de Voronej, à 500 kilomètres au sud-est de Moscou. Nous sommes à la fin du mois de septembre 1989, une période marquée par une vague d'observations de phénomènes aériens inhabituels dans la région. La date précise de l'événement principal oscille, selon les sources, entre le 23 et le 27 septembre, aux alentours de 18h30, alors que la lumière du jour décline.
Les protagonistes sont un groupe d'enfants et d'adolescents, dont les noms de Vassia Sourine, Jenia Blinov et Youlia Cholohova ont été conservés par la presse locale. Ils jouent au football, insouciants, lorsque l'ordinaire se déchire.
1.2. La séquence des événements : une narration en cinq actes
Le récit qui émerge, principalement à travers l'article du 3 octobre du journal Kommuna et la dépêche TASS du 9 octobre, peut être décomposé en une séquence dramatique.
Acte I : L'approche. Tout commence par une manifestation céleste. Les témoins rapportent une lueur rose dans le ciel, se matérialisant rapidement en une sphère ou un objet de forme ovoïde, d'une couleur rouge sombre. Son diamètre est estimé à une dizaine de mètres. L'objet descend silencieusement, se stabilisant en vol stationnaire à faible altitude au-dessus du parc.
Acte II : Le contact. L'engin se pose, ou du moins semble le faire. Certaines versions décrivent un atterrissage complet, l'objet heurtant un peuplier au passage et faisant plier son tronc. D'autres, plus nuancées, évoquent un engin flottant à quelques mètres du sol. Une trappe s'ouvre alors sur sa coque, révélant une ouverture sombre.
Acte III : L'apparition. De cette ouverture émergent des figures non humaines. Le consensus des premiers récits se forme autour de deux ou trois entités. La figure principale est un humanoïde d'une taille colossale, estimée entre trois et quatre mètres. Sa morphologie est déconcertante : une tête disproportionnellement petite ou anormalement basse, surmontée de trois yeux, dont un central qui clignote d'une lumière rouge. Il est vêtu d'une combinaison argentée et de bottes couleur bronze, un disque brillant ornant sa poitrine. Il est accompagné d'une créature plus petite, décrite de manière plus vague comme un robot aux mouvements saccadés.
Acte IV : Les interactions. La scène bascule dans le fantastique. L'humanoïde géant, tenant un long tube (1,5 m) assimilé à une arme, se déplace dans le parc. Le récit se focalise sur deux interactions terrifiantes :
La "paralysie" : L'un des plus jeunes enfants, saisi de panique, se met à crier. En réponse, l'entité aurait fixé le garçon de son regard lumineux, le figeant sur place, muet et immobile, dans un état de peur pure.
La "disparition" : L'entité pointe ensuite son arme tubulaire vers un adolescent de 16 ans, également présent. Sous les yeux des autres enfants, le garçon se serait volatilisé. Il ne serait réapparu, confus, qu'après le départ de l'OVNI, décrivant plus tard une expérience de "temps manquant" plutôt qu'une dématérialisation consciente.
Acte V : Le départ. Après cette brève et énigmatique exploration, les entités regagnent leur engin. La trappe se referme, et l'objet s'élève à une vitesse prodigieuse, disparaissant dans le ciel sans le moindre bruit, laissant derrière lui des enfants terrifiés et un parc replongé dans un silence anormal.
1.3. La légitimation par la presse : la construction d'un "fait"
Ce qui aurait pu rester une histoire d'enfants effrayés devient un phénomène mondial grâce à l'intervention de l'agence de presse officielle TASS. Le 9 octobre, sa dépêche ne se contente pas de relater l'événement ; elle l'authentifie. En affirmant que des "scientifiques ont confirmé" l'atterrissage et que des traces, y compris une roche "inconnue sur Terre", ont été découvertes, TASS transforme une anecdote en une nouvelle d'une importance capitale.
Ce sceau d'officialité, venant d'un organe de presse connu pour son austérité et son contrôle étatique, a un effet détonant. Les médias du monde entier, du New York Times au Los Angeles Times, reprennent l'information, non comme une rumeur, mais comme un fait validé par une source soviétique sérieuse. Le cas de Voronej est né.
Chapitre 2 : La déconstruction du "fait" : l'effondrement de l'édifice probatoire
Une fois le récit initial établi, l'analyse critique se doit de le confronter à la réalité des investigations. L'édifice spectaculaire des "preuves" s'avère être un château de cartes, s'effondrant à la moindre inspection rigoureuse.
2.1. Les témoins : une source unique et fragile
Le talon d'Achille du cas de Voronej réside dans la nature de ses témoins. L'intégralité des éléments extraordinaires – l'apparence des créatures, la paralysie, la disparition – repose exclusivement sur les déclarations du groupe d'enfants.
L'absence de confirmation adulte : Malgré les premières affirmations de Kommuna évoquant "40 adultes témoins", les enquêtes ultérieures, notamment celle menée par la télévision centrale, n'ont pu identifier aucun témoin adulte indépendant ayant vu les entités. Le seul témoin adulte crédible, le lieutenant de police Sergei A. Matveyev, a confirmé avoir observé un objet volant inhabituel, mais de loin, sans pouvoir en distinguer ni la forme précise ni d'éventuels occupants.
Les contradictions internes : Lorsque les enfants furent interrogés séparément, loin de l'effet de groupe, leurs récits se sont révélés être d'une incohérence flagrante. L'apparence des créatures variait drastiquement : certains les décrivaient comme argentées, d'autres vertes ou marron ; leur taille allait "du nain au géant" ; des détails fantaisistes, comme les aliens descendant le long du tronc du peuplier, sont apparus. Cette divergence radicale est un indice puissant non pas d'un événement objectif unique, mais d'une élaboration imaginative collective et fluctuante.
2.2. Les traces physiques : du sensationnel au banal
Le deuxième pilier du cas, les "preuves matérielles", s'est effondré de manière encore plus spectaculaire. Une commission scientifique, dirigée par le professeur Igor Sarotsjev, a été dépêchée sur les lieux et a mené une batterie d'analyses.
La "roche extraterrestre" : L'élément le plus sensationnel, annoncé par TASS, s'est avéré être une désinformation. L'analyse en laboratoire a formellement identifié les fragments comme étant de l'hématite, un oxyde de fer des plus communs. Le scientifique Genrikh Silanov, dont les propos avaient été déformés par TASS, a exprimé publiquement son exaspération, démentant catégoriquement l'origine non terrestre des échantillons et accusant l'agence de presse d'avoir "extrapolé ou mal interprété" ses conclusions.
L'analyse du site : Les résultats des 16 analyses radiométriques, 19 examens du sol, 9 tests microbiologiques et 20 analyses spectrochimiques ont été sans appel : "aucune anomalie ni dans la terre ni dans la végétation environnante". La très légère élévation du taux de césium radioactif, un instant considérée comme une piste, a été rapidement écartée. Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, de telles variations étaient fréquentes et non significatives.
Les empreintes : Les fameux "trous" au sol, décrits de manière imagée comme des "empreintes d'éléphant", ne présentaient aucune configuration nette, symétrique ou probante qui aurait pu correspondre à un train d'atterrissage. Il s'agissait plus probablement de traces préexistantes (trou d'un ancien poteau, racine arrachée) réinterprétées a posteriori sous l'influence du récit.
En somme, l'enquête scientifique n'a produit aucune preuve matérielle venant étayer l'hypothèse d'un atterrissage d'engin non identifié. Chaque "indice" s'est révélé, après analyse, être soit banal, soit le fruit d'une interprétation erronée.
2.3. Matrice de déconstruction affirmations-sources
Le tableau suivant sert de synthèse visuelle et de conclusion à la déconstruction des "faits". Il met en balance chaque affirmation clé du récit avec l'état réel des preuves, tel qu'établi par l'ensemble des sources.
Chapitre 3 : L'écosystème de la croyance : l'URSS de 1989 comme terreau du mythe
Un récit aussi extraordinaire n'aurait pu prospérer sans un environnement culturel, politique et médiatique exceptionnellement réceptif. Le cas de Voronej est moins l'histoire d'un OVNI que celle de l'Union Soviétique à l'agonie.
3.1. Le vide idéologique et la soif de merveilleux
En 1989, l'URSS est une société en état de choc. L'idéologie marxiste-léniniste, qui a structuré la réalité pendant 70 ans, a perdu toute crédibilité. La Glasnost (transparence) a révélé l'étendue des mensonges du passé, tandis que la Perestroïka (restructuration) peine à résoudre une crise économique profonde, marquée par les pénuries. Ce vide idéologique et cette angoisse existentielle créent un puissant appel d'air pour de nouveaux récits. La population, désabusée par le "rêve communiste", se tourne massivement vers l'irrationnel et le paranormal. Des guérisseurs psychiques comme Anatoli Kashpirovsky deviennent des superstars nationales, leurs séances de "guérison" télévisées captivant des millions de spectateurs. Dans ce contexte, une histoire de visiteurs extraterrestres n'est pas simplement une anecdote ; elle vient combler une fonction sociale, offrant une évasion, un mystère, un "quelque chose de nouveau à rêver".
3.2. La presse en liberté surveillée : entre sensationnalisme et désinformation
La libéralisation des médias sous la Glasnost a des effets paradoxaux. Longtemps cantonnée à la propagande, la presse soviétique, y compris l'agence TASS, se lance avec une ferveur de néophyte dans le journalisme sensationnaliste.
Le test des limites : L'affaire de Voronej est probablement un test. TASS pousse l'audace jusqu'à valider une histoire d'aliens, peut-être pour jauger la réaction du public et du Parti, ou simplement pour prouver sa nouvelle "ouverture".
Le "nouvel opium du peuple" : Plusieurs analystes de l'époque, y compris des Soviétiques, ont avancé l'hypothèse d'une stratégie de diversion. Face à l'incapacité du régime à "fournir du pain", la presse officielle offre des "jeux" médiatiques. En occupant l'espace public avec des histoires de yétis, de télépathes et d'OVNIs, on évite de parler des sujets qui fâchent : crise économique, tensions ethniques, corruption. Si un complot délibéré est peu probable, il y a eu au minimum une tolérance bienveillante, voire un encouragement indirect, de la part du pouvoir pour cette vague d'irrationalité.
3.3. Les failles de l'investigation : un échec méthodologique
Le traitement initial du cas a été un cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire. L'absence totale de protocole d'enquête pour un tel phénomène a laissé le champ libre aux amateurs et aux biais.
La pseudo-science en première ligne : Les premiers "enquêteurs" sur le terrain sont des ufologues locaux qui utilisent des méthodes ésotériques comme la "biolocation" (radiesthésie), cherchant à "confirmer" leurs croyances plutôt qu'à investiguer les faits.
Le délai fatal : L'intervention tardive de scientifiques compétents, une semaine après les faits, a rendu impossible toute collecte de preuves fiables. Le site avait été piétiné, et les témoignages s'étaient déjà cristallisés en un récit public, contaminé par les interviews et les discussions de groupe.
Chapitre 4 : La dissection du phénomène : perspectives transdisciplinaires
Pour saisir la nature profonde du cas de Voronej, il faut abandonner le prisme de l'ufologie pour mobiliser les outils des sciences humaines. L'événement n'est pas physique, il est psycho-sociologique.
4.1. Perspective psychologique et cognitive : la fabrique du souvenir
L'affaire est un laboratoire à ciel ouvert pour l'étude de la mémoire humaine.
La faillibilité du témoignage infantile : La psychologie cognitive a amplement démontré que les enfants sont des témoins peu fiables. Leur haute suggestibilité, la frontière encore poreuse entre imaginaire et réalité, et la malléabilité de leur mémoire épisodique les rendent particulièrement vulnérables à la création de faux souvenirs, surtout dans un contexte de peur et d'excitation collective.
Le mécanisme de la construction collective : Il est hautement probable qu'aucun enfant n'ait "menti" délibérément. Le récit s'est plutôt construit de manière organique au sein du groupe. Un stimulus initial ambigu (une lumière dans le ciel, une silhouette étrange dans la pénombre) a pu être interprété par un meneur comme un "vaisseau spatial". Cette suggestion a agi comme un noyau de cristallisation. Dans un processus de renforcement mutuel, les autres enfants ont validé et enrichi cette première interprétation, ajoutant des détails (le robot, le pistolet) pour rendre le récit plus cohérent et spectaculaire. En quelques heures, par la discussion et la répétition, un souvenir collectif, bien que fictif, s'est forgé, auquel chaque participant croit sincèrement avoir assisté.
La contamination culturelle : Les éléments les plus frappants du récit (géants aux yeux lumineux, combinaisons argentées, rayons paralysants) sont des archétypes de la science-fiction. L'ouverture culturelle de la fin des années 80 en URSS avait permis la diffusion de films et de récits occidentaux. Il est infiniment plus probable que ces motifs aient été inconsciemment intégrés au récit par les enfants plutôt qu'ils n'aient été observés objectivement.
4.2. Perspective sociologique : le symptôme d'une société en anomie
Le succès fulgurant du récit de Voronej s'explique par sa résonance avec l'état de la société soviétique.
La fonction de la rumeur : Dans une société en crise et en perte de repères (un état que le sociologue Émile Durkheim nomme "anomie"), les rumeurs et les légendes urbaines prolifèrent car elles remplissent une fonction essentielle : elles fournissent des cadres d'interprétation alternatifs lorsque les cadres officiels s'effondrent.
La construction sociale de la réalité : L'affaire illustre parfaitement le théorème de Thomas : "Si les hommes définissent des situations comme réelles, elles sont réelles dans leurs conséquences". Bien qu'il n'y ait eu aucun extraterrestre, la croyance en leur venue a eu des conséquences bien réelles et observables : l'envoi d'une commission scientifique, la publication d'articles dans le monde entier, la création de circuits touristiques. Le "fait social" a ainsi éclipsé l'absence de "fait objectif".
Chapitre 5 : Critique des outils d'évaluation : au-delà du scoring
L'étude des phénomènes non identifiés a souvent cherché à se doter d'outils d'évaluation pour trier le "bon grain de l'ivraie". L'affaire de Voronej est un exemple magistral de l'échec de ces systèmes de "scoring" et de classification, car ils se révèlent incapables de sonder la complexité d'un phénomène socio-psychologique.
5.1. L'illusion de la scientificité : les grilles de notation en ufologie
Des systèmes comme l'échelle de Hynek (qui classe les cas en "Rencontres Rapprochées du 1er, 2e et 3e type") ou d'autres échelles de crédibilité basées sur des points (nombre de témoins, traces physiques, etc.) tentent d'appliquer une métrique quantitative à l'inexplicable. Appliqué naïvement, Voronej obtiendrait un score élevé : il coche les cases "multiples témoins", "traces physiques" (initialement rapportées) et surtout "entités observées", le plaçant dans la catégorie prestigieuse des "RR3".
Cependant, cette approche est un leurre épistémologique pour plusieurs raisons fondamentales :
Elle confond quantité et qualité : La grille compte "plusieurs témoins" mais est aveugle au fait qu'il s'agit d'un groupe d'enfants non indépendants et suggestibles. Elle note la "présence de traces" mais ne peut intégrer le fait que ces traces se sont révélées banales. Une somme de preuves de qualité nulle ne produit pas une preuve solide.
Elle valorise l'étrangeté au détriment de la plausibilité : Ces systèmes sont souvent biaisés : ils accordent plus de "valeur" à un cas hautement étrange (comme une RR3) qu'à une simple observation de lumière. Or, d'un point de vue critique, plus un récit est extraordinaire, plus la probabilité qu'il soit une construction imaginative est élevée. Ces grilles font donc l'inverse de ce que la méthode scientifique préconise : elles privilégient le sensationnel sur le plausible.
Elle crée une fausse objectivité : Attribuer un score ("8/10 en crédibilité") ou une catégorie ("cas de type D") donne une illusion de rigueur scientifique à ce qui n'est souvent qu'une opinion subjective. Cela masque la complexité du cas sous une étiquette réductrice et encourage des verdicts binaires ("vrai" ou "faux") là où une analyse nuancée est requise.
5.2. La leçon de Voronej : la nécessité d'une approche qualitative
Voronej démontre qu'une grille d'évaluation ne peut être un substitut à l'analyse critique. Tenter de "scorer" ce cas revient à mettre des œillères : on se focalise sur les items de la liste ("entités vues : oui") en ignorant le contexte qui rend cette affirmation sans valeur (contexte de construction psychosociale).
Une approche rigoureuse doit donc rejeter ces systèmes simplistes. Elle doit leur préférer une évaluation qualitative et multi-factorielle, centrée non pas sur le contenu extraordinaire du récit, mais sur la fiabilité des sources et la cohérence interne et externe des données. La matrice présentée au chapitre 2 est un exemple d'un tel outil : elle ne donne pas une note, mais dresse un profil de fiabilité qui permet un jugement éclairé.
Chapitre 6 : Synthèse des hypothèses et conclusion provisoire
L'analyse convergente des données permet de hiérarchiser les scénarios explicatifs et de formuler une conclusion robuste, qui sera ensuite soumise au verdict de l'analyse de niveau judiciaire.
6.1. Évaluation des scénarios
6.2. La conclusion de l'analyse standard : le scénario de la construction complexe
La conclusion la plus rationnelle et la plus cohérente avec les sept premiers documents est celle d'une construction psycho-sociale complexe, initiée par une méprise. Un phénomène aérien bref et non identifié (le "signal") a très probablement été observé. Ce stimulus ténu a été immédiatement enseveli sous des couches de "bruit" cognitif, social et médiatique, produisant le mythe que nous connaissons.
Chapitre 7 : Le verdict de l'analyse "Zero-Trust" : une relecture de niveau judiciaire
Ce chapitre final intègre les conclusions du document "V7 ZERO-TRUST LITIGATION-GRADE". Il ne s'agit plus d'évaluer la plausibilité, mais d'appliquer un standard de preuve digne d'un tribunal. Cette approche agit comme un filtre ultime, ne retenant que ce qui est démontrable au-delà du doute raisonnable.
7.1. Le principe "Zero-Trust" appliqué au témoignage
Une analyse de niveau judiciaire ("litigation-grade") repose sur des principes stricts de recevabilité de la preuve. Le plus fondamental est celui de la corroboration.
Le témoignage infantile comme preuve : Dans un cadre judiciaire, le témoignage d'un mineur, surtout lorsqu'il est multiple et non indépendant (un groupe d'amis), est considéré comme une preuve d'une extrême fragilité. En l'absence de toute corroboration par (1) un témoin adulte crédible et indépendant ou (2) une preuve matérielle ("forensic") directe, un tel témoignage est jugé irrecevable pour établir la matérialité des faits extraordinaires décrits.
Verdict sur les témoins : L'analyse "Zero-Trust" ne se contente pas de dire que les enfants sont "peu fiables". Elle conclut que leurs récits sur les entités, la paralysie et la disparition ont une valeur probante nulle. Ils ne prouvent rien d'autre que le fait que les enfants ont raconté cette histoire.
7.2. La chaîne de possession de la preuve matérielle
L'analyse de niveau judiciaire est obsédée par la "chaîne de possession" (chain of custody). Pour qu'un objet (comme la roche d'hématite) soit une preuve, il faut pouvoir démontrer sans faille qui l'a trouvé, où, quand, et comment il a été conservé et analysé.
L'échec de la chaîne de possession : Dans le cas de Voronej, la gestion des "traces" a été inexistante. Le site n'a pas été sécurisé. Les "empreintes" ont été piétinées. Les roches ont été collectées par des amateurs sans protocole.
Verdict sur les preuves matérielles : L'analyse "Zero-Trust" conclut qu'il n'existe aucune preuve matérielle légalement recevable associée à l'événement. Même si une anomalie avait été trouvée, la rupture de la chaîne de possession l'aurait rendue inexploitable dans un cadre rigoureux.
7.3. La conclusion finale : le jugement "Litigation-Grade"
En appliquant ce standard, la conclusion n'est plus une hypothèse, mais un constat.
Absence de preuve recevable : Il n'existe aucune preuve recevable (ni testimoniale, ni matérielle) permettant d'établir qu'un événement extraordinaire (atterrissage d'un engin non-humain et apparition d'entités) a eu lieu dans le parc de Voronej en septembre 1989.
Le seul fait avéré : Le seul fait établi au-delà du doute raisonnable est l'existence d'un phénomène de communication de masse. Une histoire, née de sources non vérifiées, a été massivement diffusée par un organe de presse officiel, créant une vague de croyance et une réalité médiatique.
Le verdict : D'un point de vue "litigation-grade", le cas de Voronej n'est pas un "mystère non résolu". C'est un "non-cas" sur le plan factuel. L'objet de l'étude n'est pas un OVNI, mais un phénomène sociologique et médiatique documenté.
Il ne s'est donc rien passé d'extraterrestre à Voronej en septembre 1989. Ce qui s'est passé est peut-être plus fascinant encore : nous avons assisté en direct à la naissance d'un mythe moderne, un événement qui nous renseigne moins sur les possibilités de la vie dans l'univers que sur les mécanismes immuables de la croyance, de la peur et de l'espoir au sein de la psyché humaine. Le cas de Voronej est un miroir tendu à une espèce dont la capacité à construire des récits dépasse, et de loin, sa capacité à percevoir la réalité.