JEAN CLAUDE VAN DAMME
interview paru dans le magazine cinéma Première [été 2001]
partie 2

Oui, mais c'etait mon come-back. Il faut que je revienne avec un film un peu spécial. Je ne sais, commercialement parlant, si ça va plaire aux gens - un mec qui brûle les femmes... Mais ça, c'est l'idée de Ringo, l'idée d'un mec qui est obsessede with his past... Et le jeu d'acteur, je trouve que j'ai fait un OK-travail comparé à mes autres films.

C'est vrai. Tout le monde trouve que c'est ton meilleur rôle.

Ouais, et ici, en Amérique, ils vont le distribuer en vidéo.

Directement ?

Parce que Van Damme, c'est pas... Les studios sont tellement cons, ils ont tellement peur. Comme c'est pas un Van Damme movie, c'est pas un mec qui fait du karaté sur une montagne, qui s'appelle Bloodsport numéro 25... alors ils ont peur. Ca, c'est les Américains, tu vois ? It's not bankable. Il y a aussi un problème avec Artisan ; le patron d'Artisan a mis la moitié de l'argent dans le film, OK ? Lui, il veut se servir de Replicant pour ouvrir sa compagnie sur le marché Américain. Ce qui est énorme parce qu'en vidéo, je vaux 400 000, 500 000 units, tu vois ? Donc, c'est 20 millions de dollars. Moi, je préfère le mettre dans les salles de cinéma... Sony, lui aussi le voulait, mais le moterfucker - sorry, hein, the expression... -, il a dit non. C'est un con parce que c'est un mec qui aime les films ! Pour la première fois que j'ai fait un effort, que j'ai vraiment travaillé dur sur le jeu d'acteur pour montrer quand même à l'audience... Mais on a eu une très très grosse première en USA Cable, et ça m'intéresse ! Je vais te dire pourquoi... Euh, ton prénom encore, s'il te plait ?

Jean-Yves...

Jean-Yves. Pourquoi ? Parce que USA today est un cable privé mais gratuit, OK ? Et c'est des gens qui ont toujours acheté mes films, tu vois ? Et eux vont me faire une promotion qui est énorme, c'est à dire une promotion de vingt jours en télé où j'aurais une audience of 35 million people ! La téle, c'est énorme, tu vois ? Les gens disent : "Hey, c'est un Van Damme ; bon, c'est gratuit, on pousse le bouton, OK ?" Et puit les gens voient ça, et ils se disent : "Tiens, nom d'une pipe, le gars il fait un bon travail ; c'est pas ce qu'on m'a dit, c'est pas un mec qui fait que des coups de pieds..." Tu vois ce que je veux dire ?

Oui...

Et alors, I regain an other audience. Après il y a The Order qui vient, et puis The Monk [de Ringo Lam] qui va suivre. Gros budget, là.

Qui a réalisé The Order ?

C'est Sheldon [Letitch], qui a fait Douple Impact avec moi.

Justement, le thème du double, ça revient souvent dans tes films...

Houais ! [Trés vide]. J'ai manqué un frère.

Ah...

Oui, j'ai une très très forte... [Il hésite, puis reprend attristé.] J'adore le métier, tu sais ? J'adore les copains et j'ai été beaucoup décu dans ma vie, ça m'a fait beaucoup de mal, beaucoup, beaucoup, beaucoup de mal, moralement et même physiquement, parce que quand tu mets beaucoup d'amitié dans quelqu'un, que ce soit toi ou pas - la cause en s'en fout, who's right and wrong ? -, mais ça fait du mal. Alors moi, il y a toujours un frère quelque part qui m'a manqué. Ouais. Ouais. [Un temps, puis il repart, endiablé.] Mais tu vois, il n'y a qu'en France qu'on peut avoir des conversations comme ça.

Je en sais pas si tu te souviens, mais il y a deux ans, on s'était parlé et on avait eu une conversation géniale !

Ah, t'as pas des lunettes, toi, Jean-Yves ?

Non, non, c'était au téléphone...

Ah, tu m'as téléphoné, où ça ? A chatsworth ?

A Los Angeles, je ne sais pas où...

818 number !

Probablement....

[Il s'adresse à sa femme] He called me two years ago ! [Gladys s'exclame, il reprend.] Yeah, yeah... Je m'excuse alors de ma réponse ce matin, j'étais en plein business... avec des gens.

Pas de problème, Les interviews...

Oh, non, non, c'est impeccable. Bien, relax. Je m'en fous de tout pour l'instant.

Ah bon ?

Oh, j'en ai rien à branler du show-business, des gens, des papiers... Et depuis qu'il y a ça, maintenant : "Van Damme est un brave garçon. Il est gentil, il est en pleine forme..." C'est le film business, c'est un business qui est un peu up and down. Un jour tu es bien, tu es beau, tu es végétarien, tu es The Monk, tu es la santé... Et si un jour tu te grattes tes fesses ou tu mets ton doigt dans ton nez, ils vont dire : "Tiens, il fait la coke!" Tu comprends ? Alors, tu sais plus qu'est-ce qui se passe dans ce putain de métier. C'est un putain de métier, je le dis honnêtement. J'adore ce métier, mais c'est un métier qui est faux, qui est fait de rollercoast, up and down. So, j'aimerais bien me stabiliser dans la vie, faire un film tous les deux ans, des gros films. Je vais les trouver, t'inquiète pas ! Et, dans autre côté, je rentre dans le mediatic business, on my own, with 777 Entreprises. J'ai un gros deal de textile aussi, avec des grosses compagnies européennes et latines-américaines. Pas pour moi, hein ! C'est pas la ligne à moi. Je suis simplement un mec qui va la lancer ; après il y a deux grands génies qui vont tout faire.

Ah bon ?

Hommes, femmes, enfants. Mais vraiment spécial. [Il conclut.] Eh ben, voilà ma vie. [Il reprend.] Et Replicant ? Eh bien, il parle pour lui-même, hein ? J'ai rien à dire, hein ? Mais j'aimerais bien... Jean-Yves, tu peux contacter le mec de Dobermann ou Sammy Hadida pour qu'ils me téléphonent, ça serait super.

Ok.

Parce que moi je vais maintenant à Portland, d'ici dix-vingt minutes, et lundi je vais en Russie. Donc, du vendredi au dimanche, je suis à la maison, ici, et puis je descends en Russie, et peut-être que je viendrai en France. Tu sais me faxer ton téléphone, toi, en France ?

Oui.

Et donne-moi ton numéro de fax. Tu m'envoies tout par fax, à ton aise !

OK.

Hein ? Un gros bisou, excuse moi encore de ma...

Mais, je t'en prie !

OK, frère.

Je t'en prie !

Et je téléphonerai d'ici une semaine, et vois un peu with Sammy, tout ça....

Tu sais, Gans et Cassel, ils sont potes aussi...

Ah ben voilà... Seulement Cassel, au Chili, au Pérou, en Chine, en Asie, au Japon, en Malaisie, en Indonésie, en Belgique au Luxembourg, je ne sais pas... Tu sais, c'est un théatre ! Et très bon acteur, hein ! C'est Anthony Hopkins, si tu veux. Mais une star, c'est un star, et un acteur c'est un acteur.

C'est vrai

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