JEAN CLAUDE VAN DAMME
interview paru dans le magazine cinéma Première [été 2001]
partie 3

Un mec comme Arnold, bon, c'est pas Cassel ; mais quand il va dans le monde entier, c'est une star, je sais pas pourquoi. Il marche dans un restaurant, les gens le regardent. Moi, je remonte ma carrière, surtout ici en Amérique parce que les gens me réacceptent bien, c'est le coté "santé" pour eux. Ce qui est vrai en plus ! Parce que je m'entraine énormément, je fais beaucoup d'entrainement, du sparring, des poids et haltères, pour The Monk, tu sais, très lean, hein ? [Il conclut] Eh ben voilà...

Et tu n'as jamais imaginé changer completement de genre de rôle ?

Ah, bien sûr ! Très facile ! C'est pas moi qui doit le faire. C'est l'audience qui doit accepter. Quand je parle comme ça, est-ce que j'ai l'air d'un Karatéka, ou quoi ?

Non.

Tu vois. C'est moi, ca ! Le mec en business, gauche et droite, Cannes, je fais les ouvertures, je rentre, je deale, j'ai fait un deal avec Mercedes... Maintenant, je me suis dit : je ne vais plus écouter personne dans ma vie ; je vais faire tout moi-même, comme il y a longtemps. Je suis venu en Amérique avec rien. J'ai fait Bloodsport et Double Impact avec rien. J'étais devant la caméra, derrière, au cutting room... Et je recommence comme ça. C'est tout, c'est fini. Parce que j'ai compris une chose : je suis pas américain. C'est très dur ici, dans les studios, de réussir sans être parrainé par un gros agent. Tu vois ? Du coup, maintenant, je leur ai donné une bonne idée pour ce que je fais ; et, du coup, ils veulent me mettre dans les grands films. C'est que des relations, tu vois ? Si, à un agent, tu dis : "J'ai un projet de 200 ou 300 millions de dollars, boum au stock market", tu deviens leur chouchou parce qu'ils prennent 10%. C'est comme ça la vie, c'est du business. Et c'est comme ça que je me sens bien, et je me sens fort, et je peux fonctionner comme ça. C'est très dur pour moi d'aller dans un studio, et m'asseoir dans une chaise, et écouter un mec qui me dit : "Fais, ça, ça, ça", puis j'ai un salaire de 40 millions de dollars, avec 50% de taxes, et 10% pour mon agent, 5 pour mon avocat, puis je dois payer mes femmes, les mariages, les enfants, les études... Il reste plus rien ! Ah! Ah! Tandis que quand tu deviens ton propre entrepreneur, you can do so much better with much more quality !

And freedom...

And freedom ! That's right, and freedom ! I'll talk to you soon, because I've got to go.

OK.

Je m'excuse, hein Jean-Yves, I'm so rough. My son is ice skating, he's got to go on train... Tu veux dire bonjour à mon fils ? Christopher... [Il me passe on fils Christopher, une voix juvénile, souriante, bien révéillé. Il a 14 ans, parle français avec l'accent américain et aime les films de son père. Puis Jean-Claude reprend l'appareil.] Jean-Yves ? Il a gagné la médaille d'or il y a deux mois !

La médaille d'or de quoi ?

Ice skating, [patinage artistique].

Wow !

Figure skating. Et ma fille aussi. Ils ont tous les deux l'entraîneur de Michelle Kwan [la championne du monde américaine]. A leurs fesses du matin au soir.

Ah, oui...

Cinq heures par jour sur glace. Et ma femme donne l'ecole à la maison. Home schooling. J'ai très peur des enfants à l'ecole ici. Ya trop de gangs, trop de drogue, trop de merde.

Tu n'en as pas marre de Los Angeles ?

Ah, mais il adore L.A ! Il est sur la glace du matin au soir, il veut être champion, lui. Il a des jambes qui montent jusqu'a là..., jusqu'aux bras, hé, hé! C'est "monsieur jambiste". Alors, quand il monte ses jambes - ça prend encore un peu de temps parce qu'il a que 15 ans, les muscles sont pas encore formés aux fessiers -, mais quand il monte cette jambe sur la glace, on dirait un aigle ! Il est très flexible. Comme son père ! Mieux même !

Tu ne regrettes pas la danse, toi ? [Il était danseur au départ.]

Non, non, non. Tu sais, il y a Shakespeare qui a été dire - je crois que c'est Shakespeare : "A great man is a man who can wait pour son opportunité, et la prendre à cet instant, et la garder." So I was waiting, waiting, waiting, waiting, so now, I've got that stuff coming to me. It's something very big if it works. And it smells good right now, very good ! Because I'm talking to big partners, and they understand the concept and it's gonna be huge ! World product for Lucas !

C'est l'Internet, ca ?

Hum... It's spécial. C'est un truc entre l'Internet et le satellite. Mais je te le dirais avant tout le monde. Mais dis à Sammy que s'il veut ouvrir le Bob Morane International, allez tu mets une star. Bob Morane, tu mets du Van Damme là-dedans ! Putain, avec des bras, des biceps, du bon acting - je l'ai prouvé dans Replicant. Je peux pleurer, je peux être méchant, je peux tout faire !

Comment tu as préparé ça, justement ?

Bah, c'est facile à faire ! Je suis un bon acteur.

C'est vrai...

Ecoute, je suis venu en Amérique, je parlais pas anglais. Qu'est-ce que je peux faire aux gens ? Je montre mes coups de pieds ! Je fais n'importe quoi ! J'ai compris directement que la seul manière de réussir dans ce pays avec mon talent il y a quinze ou vingt ans, c'était physiquement. Et, je l'ai tellement bien fait, le Bloodsport, que c'est devenu ancré comme un James Bood dans les films de karaté !

C'est devenu culte.

Alors je crois que Jackie Chan n'a jamais su faire un film comme Replicant. Et Ringo, il m'a tabassé l'acting ! Je l'ai bien senti, je l'ai bien compris l'acteur ; c'est un peu ma vie, si tu veux ! Replicant, le fou, c'était moi, il y a deux, trois ans ! Pas un tueur, mais le fou ! Et maintenant, c'est de nouveau la santé, le Van Damme d'avant c'est le Replicant. C'est le mec avant de venir en Amérique, le mec pur, la Belgique, jamais bu, jamais fumé, jamais rien... Dans ma vie, je suis passé par des ténèbres, et des montées, et des descentes... Et maintenant, j'ai compris que la solution de tout, c'est calculation of everything. And now, I know what's good and bad for me. And I can help people ! With my movies ! Through antenna, trough the web, trough the net to give good messages on a huge compilation of Van Damme movie ! I'm gonna make a film who is very special, very special to me ! And I'm gonna work very hard. Next year. But in the meantime, I've got nothing else to do for one year. I'm writing. So, if Sammy wants to kick in and to make a fortune, or that guy - "Dobermann". [Superenthousiaste.] What a MO-VIE ! Ouais, mais je me rapelle maintenant de lui, c'est vrai ! Avec l'histoire du bébé dans la chambre, wouhahaha ! Et le shot, quand il démarre au garage, la caméra est en dessous du bumper, elle va tout à fait au dessus de la carrosserie et vroam du garage ! T'as vu ce shot?

Ouais.

Allez, c'est un directeur, ça ! C'est du grand directing, ça !

Tu veux diriger, toi ?

Si, mais pour mon projet... Parce que quand tu act, c'est dur dans un film de cinquante jours de tournage... Prendre mon temps, mon frère. OK, Jean-Yves ! Je dois partir. On a beaucoup parlé. Je t'ai parlé comme à un pote, quoi - et fais-moi un bel article. Et, en même temps, téléphone à Sammy, tout ça, et donne moi ton numéro de téléphone, comme ça on peut se contacter pour le futur. Allez je t'embrasse.



Jean-Claude Van Damme est à l'affice de Réplicant, de Ringo Lam. Sortie le 11 juillet (2001).