courrier des lecteurs :
Sur la communication, l'influence et la manipulation
De: xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
A: mel.vadeker
Objet: sur un réponse du courrier des lecteurs
Date: Tue, 22 Mar 2005
Bonjour,
Après avoir lu votre réponse du courrier des lecteurs, intitulée Sur la désinformation, la manipulation et le contrôle mental, je me permets de vous poser une question.
Vous dites que la manipulation constitue une méthode d'information car "il n'est pas possible de ne pas communiquer". Mais si toutes les voies de communication utilisées par un individu sont infiltrées et manipulées par un tiers, comment sortir de la manipulation ?
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texte révisé le 09/04/05
De : "mel vadeker"
Envoyé : 22/03/2005
A : xxxxxxxxxxxxxxx
Objet : Re: sur un réponse du courrier des lecteursLorsque l'on communique sur sa propre communication, on fait de la métacommunication. C'est à dire que l'on décrypte, la façon dont on construit de manière inconscience le processus de création du sens, ainsi que son support qui peut varier selon le contexte d'échange (voix, texte, images, gestuelles, odeurs, etc.).
Lorsque j'évoque l'effet de manipulation, j'essaye de souligner dans un premier temps qu'il n'est pas possible de se dégager du contexte - servant à produire ou à véhiculer le sens - ainsi que des variables implicites intervenant dans la phase d'interprétation. Et dans un second temps, de montrer que toute forme de communication peut influencer ou même provoquer une émotion.
Le terme manipulation, dans la manière dont je peux l'utiliser, peut revêtir des aspects aussi bien positifs que négatif qui reposent sur des processus inconscients ou tout bonnement "non remarqués". La manipulation n'est pas forcement négative, on en use tous les jours inconsciemment, dans nos activités quotidiennes, pour se faire comprendre, pour se démarquer, pour attirer l'attention, en bref pour créer des relations sociales.
Est-ce que l'on peut imaginer une communication neutre, qui ne fasse pas intervenir de la manipulation ? Je crois que non. Un langage qu'il soit formel ou non, parvient à faire passer une information qui induira nécessairement une émotion quelconque. Par un acte conscient ou inconscient, on peut imaginer par un apprentissage, une sorte de manipulation sur soi même pour extraire une information utile d'une myriade de sensations.
En parlant de manipulation, j'évoque également les différents degré de l'influence impliqués dans la construction d'une communication. L'interaction entre un individu est son environnement fait intervenir des flux d'informations complexes et des procédures d'interprétations. Il n'est pas toujours possible de les envisager par avance tant elles mettent en oeuvre des intrications de contextes, des superpositions temporelles et structurelles de l'interprétation.
Lorsque l'on se retrouve confronté à un langage inconnu, par exemple une rencontre qui ne fait pas sens dans notre propre référentiel de connaissance. Il peut se produire une réaction qui n'est pas déterminée et qui varie selon la personne. On peut se retrouver à interpréter des informations que l'on ne comprend pas, à imaginer un sens ou à tout rejeter en bloc.
Un expérience à tenter : parler à quelqu'un dans un langage qu'il ne comprend pas mais en répondant exactement à ses questions. C'est ce que l'on peut vivre en dialoguant avec un sourd-muet sans comprendre le langage des signes qu'il manipule aisément pour nous faire réagir. Dans cette situation, on se retrouve à produire un effort supplémentaire dans la création d'un vocabulaire commun basé sur des sensations partagées.
Pour répondre à votre interrogation. Théoriquement, on ne parvient à sortir de la manipulation qu'en faisant de la métacommunication. C'est à dire par le décryptage des méthodes et enjeux qui font naître les motivations premières et par l'étude des procédures intervenant dans la création et l'interprétation d'une information qui voyage dans l'espace et dans le temps. Cette prise de distance émotionnelle, ce recul sur les événements donne l'occasion de comprendre le fonctionnement d'un système de relations entre divers acteurs manipulant ensemble un environnement de données brutes.
Dans ce cas, on n'est plus pris au piège puisque l'on peut comprendre les mécanismes de cette manipulation. Comme un chirurgien qui conserve un regard distant pour ne pas s'impliquer emotionnellement, l'observateur parvient finalement à cerner et à analyser plus distinctement les mécanismes sous-jacents. C'est la seule issue, c'est un travail laborieux sur les procédures cognitives. On sort d'un référentiel prédéfini pour recadrer son analyse sur un plan supérieur. Ce dernier ouvrant sur de nouvelles perspectives. L'emploi du préfixe méta sert justement à désigner cette démarche.