SINGES EN BROCHETTES ! ( Mel Vadeker, 1992 )
 

Le processus de dégradation a déjà commencé. Chaque fois que le corps retourne à la drogue, l'âme fait l'expérience de la mortalité. La chute est fatale, on n'y trouve pas l'illumination, plus aucune aide humaine n'est possible. Dans cette mauvaise pente rien ne sert de se lamenter, la putréfaction ronge l'esprit comme un cancer. Le cadavre du désespoir suce la vie jusqu'à la moelle, il ne reste rien. Tout est perdu.

La joie de vivre ne respire plus, elle est morte et sur son cadavre danse le singe de la déchéance. Comme un vampire ce primate lui mort la nuque. Il contemple le corps, admire sa beauté. Il lui récite des poèmes, il lui chante tendrement des mots doux :

" Un deux trois nous irons nous pendre, quatre cinq six l'agonie nous mange, sept huit neuf le temps est mort. Réveille toi il est l'heure de mourir ! L'essentiel est dans le crâne ! "

C'est comme si le monde s'écroulait, combien de fois j'ai pensé à ca ! L'apocalypse me délivrera !
Mon Ame-esprit est incarcérée dans un corps de matière. On finit toujours par avoir ce qu'on mérite. Je mérite la vie et c'est pour en apprendre les leçons que je vis dans la chair. Avec le contrat réincarnation les entités se sacrifient pour l'évolution du soi. C'est un phénomène non religieux, au-delà de la philosophie et de la description. On l'a localisé le soi, on sait où il agit. Tout est mental, la réalité est collective, la personnalité multidimensionnelle, le monde une illusion.

Je lis dans les lignes de ma main même si elles sont sales. J'ai tué ce satané singe alors qu'il n'était pas armé, je n'apprécie pas de me faire dévorer la nuque ! J'ai consulte les étoiles, mon avenir est sombre, le plus dur reste à vivre ! Je ne mérite pas de finir comme ca ! Le mérite n'a rien à voir là dedans répondit le cadavre. Le singe est un zombie, il me montre la voie de l'immortalité. C'est un journaliste de la psyché, il informe en manipulant le symbole. Il se tortille de douleur en embrasant à coup de lamentations le feu qui brûle son cerveau. Il se vautre dans la fange qu'est la misère humaine, il n'a plus la force de lutter, il ne lutte plus. Il a fait l'expérience de la vie, il a vécu son
agonie de la conscience en essayant de comprendre. Comprendre tue!

Comprendre ouvre l'esprit et permet le perfectionnement. Le vampire simiesque a rencontré un prédateur à sa mesure, devenu gibier de souffrance, il agonise lentement. Mon jumeau, mon double tel le cannibale dévore la chair sanglante du primate. Il mange ses viscères et déglutit le tout dans une gorgée de sang contaminé.

Je suis gemmaux et mon double me le reproche.  Il sait disséquer les cadavres, il s'amuse à les lobotomiser, cela le fait même rire, en fait c'est un fou. Il est lucide d'esprit mais son âme est malade, il digère mal l'expérience de son vrai soi. Il n'est plus le seul à savoir ! Je sais qu'il lobotomise les démons qui sommeille en lui tout simplement parce qu'il a peur de vivre !