Film documentaire «Deadly Dust» de Frieder Wagner

«Il faut savoir que l’uranium appauvri est un élément radioactif dont la demi-vie est de 4,5 milliards d’années. Une fois qu’il se trouve dans une région, c’est pour l’éternité. Notre but était de nous en débarrasser et d’empêcher que l’uranium appauvri ne parvienne dans la chaîne alimentaire, dans les nappes phréatiques et qu’il puisse menacer ainsi la population, les animaux et tout l’environnement.

Evidemment, nous n’avons pas accepté les rapports de l’OTAN selon lesquels il n’était pas nécessaire de nettoyer les territoires contaminés, car nous sommes persuadés qu’il s’agit de munitions radioactives qui peuvent causer toutes sortes de maladies et que ce danger persistera à jamais.»

Colonel Predrag Manojlovic, état-major de l’Armée serbe, défense antinucléaire

***

«Au début, on disait qu’André était mort d’une septicémie à méningocoques, mais au cours des années, je me suis rendu compte que ce n’était pas vrai. Je ne crois pas que la cause de la mort indiquée par le Dr Kraft, médecin-légiste de la Bundeswehr, corresponde aux faits.

Dans les documents que j’ai consultés plus tard, j’ai trouvé un premier diagnostic du médecin militaire Henning Schulz. Il n’était question ni de méningite ni de septicémie à méningocoques.

Par la suite, j’ai décidé de porter plainte. J’insistai pour que l’on exhume le corps de mon fils afin d’établir de quelle maladie il était mort, mais le tribunal n’a pas fait droit à ma demande. Je ne comprends pas pourquoi.

Il doit y avoir une raison pour laquelle, pendant cinq ans, on m’a refusé, ainsi qu’à mon avocat, l’accès au dossier. Pourquoi ma famille n’a-t-elle pas le droit de connaître la vraie cause de la mort d’André?»

Udo Horn, père du soldat allemand André Horn mort le 31/1/2001 à Prizren. André Horn faisait partie des troupes allemandes de la Kfor au Kosovo.

***

«Dans les environs, il y avait un atelier de réparation de l’armée serbe. C’est cette région qui a été le plus bombardée. Le centre aussi a été souvent bombardé. Et nous, les gens simples, nous ne savions pas exactement ce qui se passait. Mais un fait nous a prouvé qu’il se passait des choses louches:

Une petite fille qui avait joué dans le cratère d’une bombe, a perdu par la suite tous les ongles de ses mains. On l’a transportée à l’hôpital militaire de Belgrade pour l’examiner de plus près. – Apparemment, c’est la terre du cratère qui à l’origine du phénomène. Tout cela est si affreux!»

Citoyenne de Hadzici

***

«A part nos institutions spécialisées qui s’occupent des différents aspects de ce problème, nous recevons tous les ans du gouvernement serbe des ‹statistiques annuelles›. Pour le moment, nous nous occupons spécialement de l’uranium 238 et de l’importance de ses effets sur l’homme. L’industrie serbe a été, pendant les dix dernières années, réduite à néant par la guerre, les sanctions et beaucoup d’autres choses, si bien qu’il n’y a plus eu, depuis lors, d’émissions par l’industrie de substances chimiques dangereuses dans notre écosystème.

Mais la pollution, qui avait augmenté depuis Tchernobyl, s’est accrue encore fortement à cause de l’uranium 238 des munitions. C’est pourquoi nous observons très attentivement les groupes à haut risque – enfants et personnes âgées. Au cours des cinq dernières années, la mortalité par cancer malin a considérablement augmenté pour atteindre 9%. Selon nos calculs, ce chiffre va passer à 20% dans les dix années à venir.»

Dr Radomir Kovacevic, médecin et chercheur à l’Institut de médecine du travail et de protection radiologique de Belgrade.

***

«Nous étions convaincus qu’on n’utiliserait pas de munitions à l’uranium ici. Nous pensions qu’il s’agissait seulement d’une petite guerre. Aujourd’hui, je comprends qu’il s’agissait d’une guerre bien préparée, d’une sale guerre sournoise et que nous n’étions que des pions, des cobayes. Voulait-on se débarrasser de quelque chose qu’on avait en trop?

Mon soupçon qu’on avait utilisé des munitions à l’uranium appauvri fut très vite confirmé après que les premiers fragments non identifiés eurent été transportés dans mon bureau. Quelques projectiles n’avaient pas explosé. Probablement qu’il s’agissait de séries qui n’avaient pas atteint leur but. Ces projectiles étaient dispersés à côté d’objets détruits sur le béton où se trouvaient les véhicules.

Après les bombardements, quand je suis entré pour la première fois ici, j’ai éprouvé une sensation très étrange, une sensation de chaleur peu naturelle.

Les parties non couvertes de ma peau commençaient à changer de couleur et à s’enflammer. On a le sentiment d’être exposé à une source de chaleur diffuse. On ignore d’où elle vient, ce n’est pas naturel. Il n’est pas facile de décrire cette sensation.»

Mitar Visnic, ancien commandant de l’Armée serbe

***

«Nous avons démontré que le taux de leucémies dans la population de cette région est beaucoup plus élevé qu’avant la guerre. Le nombre de certaines maladies du sang y est cinq à six fois plus élevé qu’avant les événements.

Nous sommes certains que la cause de l’augmentation des cancers est l’uranium appauvri. On trouve ces maladies aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Un cas caractéristique s’est produit en 1995: deux personnes, un enfant de quatre ans et un jeune homme de 24 ans, se trouvaient côte à côte lorsqu’il y a eu des bombardements dans leur voisinage immédiat. Tous les deux ont contracté une leucémie une année et demie après et ils en sont morts.

Nous connaissons tous les endroits où il y a eu des bombardements. Dans la Jahorina, par exemple, il y avait des installations radar en béton qu’on ne pouvait pas détruire si ce n’est avec des armes à l’uranium appauvri. Il en va de même des hangars près d’ici, à Hadzici. C’est de ces endroits que sont arrivés les premiers patients. Nous avons eu un patient de Jahorina Potok qui a fait un cancer du poumon extrêmement virulent au bout de 6 mois. Nous ne comprenions pas pourquoi la maladie progressait si vite. Ce patient avait été à 100 mètres de l’endroit bombardé. La cause ne pouvait être logiquement que l’uranium. Nous avons enregistré la région d’où venait chaque patient. Ils venaient tous des régions bombardées. Un malade dont nous avions envoyé le dossier à Vinca (Centre nucléaire près de Belgrade) venait lui aussi de Jahorina. Il se trouvait à une distance de 50 à 100 mètres d’un endroit bombardé. A Vinca, on a pu prouver qu’il avait été contaminé par la radioactivité.»

Dr Slavko Zdrale, médecin et chercheur, directeur de l’hôpital Kasindo de Sarajevo

Source: Film documentaire «Deadly Dust» de Frieder Wagner