Nicko, 2005

(envoyé par Nicko, extraits et morceaux choisis)

Sur une relative petite planète, un homme et une femme se sentent perdus.
Elle est unique, il est multiple, nus, ils se perçoivent, seuls, séparés l'un de l'autre, ainsi d'eux-mêmes, ils cherchent, ils se cherchent, isolés, à la dérive, deux trajectoires et milles possibles, il et elle s'éternisent.

L'astre tourne sur lui-même, alternance de gris et de nuits, le soleil ne se lève plus sur leur vie, il reste couché bien content de ne plus avoir à se soucier de dispenser amour, lumière et énergie. Tout est en vous, leur dit-il, à part peut-être l'humour, on peut pas tout avoir.
J'ai enfanté la terre, la mer, la pluie et la vie, de la complexité de mes rayons, de la chimie, une source de matière-pensée naquit.

Dés lors vous n'eûtes cessé de m'épuiser, à absorber, à accumuler ma luminosité en oubliant de la réfléchir, un juste retour qui m'aurait satisfait, orgueil de votre majesté qui trône égocentriquement sur une voie lactée déchaînée. Elle même compte d'ailleurs démissionner, je l'épuise apparait-il. Je m'épuise aussi.

De l'illusion de l'importance de mon titre, l'homme tourne le dos à l'homme, il se détourne de son humanité, il ne voit pas la lumière réfléchie sur les faces, il n'est plus ébloui, il m'oublie. L'homme tourne le dos au soleil, je me détourne de l'homme, en conséquence la galaxie se détourne de moi en m'étreignant intensément, et je dépense ma chaleur pour vous, pour elle aussi, pour qu'elle étende ses bras, pour qu'elle s'épanche amoureusement, je ne connais qu'elle. Cependant je dors seul, sans sommeil, ni rêve, ni matin. J'ai le désir de lui diffuser ma présence mais elle en fréquente certainement d'autres maintenant. Je ne peux pas la retenir, c'est elle qui m'emporte. Cessez d'être exclusif, je ne puis pas en permanence attirer son regard sur moi. Attraction, répulsion, rien n'est permanent, tout est mouvement, tout et rien sont des mots, de votre propre conception, une représentation à la hauteur de la démesure de ma passion.

Je suis lucide, je ressens, je raisonne, intelligence du cœur qui émerge du magma en fusion, peut-être manquons nous de communication, de compréhension, de coopération.

Nous nous trouvons face à face tout les jours, dés votre levé, pour résoudre ce problème, à l'aube d'une nouvelle pensée. C'est pourquoi en ce jour je prend l'initiative de m'adresser à vous après que vous m'ayez durant des milliers d'années célébré. Je ne peux pas vous laisser tomber, vous êtes bouleversé et j'ai des regrets. Il fait chaud.



Par delà l'horizon, ma réalité s'arrête, les luminaires scintillent, l'orbe s'illumine, l'espace se dévoile devant moi. Prendre de la hauteur, adopter un point de vue extérieur, devenir poussière puis étoile, la pensée ne supporte pas le poids de notre gravité. S'éloigner du centre, fixer les multiples limites qui font face à la conscience, mon inconscience. Devenir un être, me laisser pousser les branches, faire couler la sève, faire circuler l'esprit, en savourer les fruits.

Le fruit tombe sur le sol, la source s'épuise, s'éprend des racines, lutte et s'amenuise. L'environnement se transforme, la lumière se concentre, la chaleur augmente, mon cœur combat mais il s'assèche, le fruit pourri. Le désert m'apparaît.

Brusquement le vent se lève, ma connaissance semblable à une dune s'éparpille au couchant en des milliers d'agrégats dorés, la Lune en est mon témoignage, la planète Terre s'en souvient et elle en pleure encore. Les océans débordent, les vallées se creusent et les montagnes s'effleurent, la vie s'effuse doucement. Je recherche mes sentiments, ma place, ma consistance, en ma quête est mon regret, je souffre mon inconséquence à exister dans un monde qui amplifie peur et ennui, pleurs et cris, injustice et folie, nos guerres millénaires. Le bruit des armées résonnent au loin et moi je réagis.

L'idée d'une arme, est-ce bien raisonner ? La conception d'une arme, est-ce bien conscientiser ? La production d'une arme, est-ce bien utile ? L'utilisation d'une arme, est-ce bien agir ? Assassiner, est-ce un jeu ? Une arme, est-ce un jouet ?

La marionnette est un jouet, se faire manipuler est donc un jeu. Je suis le pantin qui pense et danse, je joue le jeu, je joue avec le feu. Arme atomique, arme chimique, arme bactériologique, je laisse ça dans les mains de mes enfants. Je me suis beaucoup ennuyé dans la jeunesse, je les envie et je suis désinformé, alors je continu à approuver les visions, les conceptions, les constructions, les représentations, les orientations et les décisions choisis arbitrairement par une minorité d'individus, l'élite, ils s'estiment, se définissent et se reconnaissent comme tel, dans chaque cercle de chaque pays, eut égard au rang qu'ils occupent et au pouvoir qu'ils s'exercent, je les respecte quand même, c'est normal. La peur et les erreurs sont aussi normal. Je m'identifie à mes modèles, je subis le diktat de leurs intentions, je suis une victime, je m'infantilise, ils sont là pour me protéger, je me pense en sécurité. Je porte la responsabilité de la direction qu'ils me font prendre et de la culpabilité qu'elle occasionne, je ne perd jamais une occasion de culpabiliser, je la transmet, je l'affectionne, je la justifie.

Le chemin est désormais tracé, pour une vie, la trace s'efface, peut-être ma seule vie, ici et maintenant, mon présent, à la fin de mon trait la limite, au dedans une décharge dont je ne suis pas propriétaire, où est passé mon champs, c'est pourtant moi qui le cultive. Dans mon jardin repose une pierre, fondatrice de l'édifice, du connais toi toi-même deux fois millénaires, il m'a été enseigné, le grand danger pour toi est de te connaître toi-même, te reconnais-tu dans les autres ? n'éprouve pas le système, il est en maintenance. Que s'est-il passé pendant tout ce temps ? aucune importance, je suis libre et arbitre, je me pense irresponsable, aucune sentence. J'ai le pouvoir de manipuler mon monde n'est-ce pas, tout comme j'ai celui de m'ôter ce qui me reste d'humanité, ça m'entrave en société. Je me souhaite être humain, je ferme les yeux, je recherche l'enfant. Où à bien pu passer mon enchantement, ma spontanéité, mon enthousiasme, ma curiosité ?

La vie est un jeu, un jeu de cache-cache, je suis désemparé mais armer n'est pas jouer.


A l'aube de ce jour nécessaire, peut-être nous regarderons nous, l'œil complice, le sourire en coin, sans mots dire, illuminés par l'intuition que nous sommes les uns pour les autres, d'être en fin de compte les mêmes. Nous étendrons la connaissance devant nous, nous épancherons nos sentiments, nous partagerons les perles de sensations. Les images feront leurs chemins muées par une énergie somme toute humaine, le rêve éveillé sera réalisé, peut-être l'est-il déjà. La source de nos larmes ne sera pas tarit cependant le flot ralenti perceptiblement. Jusqu'à quand ? entre hier et aujourd'hui de nombreuses galaxies s'écroulent sur elles-mêmes. Je distingue nettement les flux et reflux de curieuses et brillantes particules, multipliées à l'infini, la voûte de lumière dévoile mes regrets, par milliers, qui entrave le cour de la pensée, qui m'écoule le temps qui passe, les durées dérivent, de nombreuses histoires m'ont été contées. Je suis embarrassé.

Bienvenus au bal humain, entrez dans la danse je vous pris. Je vous invite à ouvrir votre conscience. Ecoutez la pulsation du monde. Comment fait-on ? Concentrez-vous sur le rythme de votre cœur. Un vent puissant souffle sur une étendue de particules élémentaires, le bal débute. Ronde des atomes, la matière inerte apparaît, complexité, puis la matière vivante, perplexité, les molécules inanimées s'animent, tournoient les chromosomes et spirale l'ADN, le noyau, la cellule et la biodiversité se déploient, puis la matière pensée, puits de pluie qui fait écho à la goutte d'eau qui se répand dans l'océan, ressource rare et précieuse, les hommes s'interrogent sur eux-mêmes. Dés votre naissance et jusqu'à votre mort vous portez la responsabilité d'un choix qui ne vous appartient pas, une expérience de vie sur un plan de réalité. Point, ligne, surface. Correspondance entre matière observée et connaissance de la psyché, actuellement, quatre vingt dix pour-cent d'inconscience acceptée, la conscience, dix pour-cent, dédale de chemins balisés, sécant, en couples bipolaires, avec entrée et sortie, entre les deux extrémités, la distance d'un sourire. Silence puis bruit, obscurité, lumière, je perçois un cri puis des larmes.

Gauche, droite, haut, bas, lointain, proche, ou suis-je ? Autre, moi, peur, joie, singulier, pluriel, masculin, féminin, qui suis-je ? Désir, frustration, amour, haine, fort, faible, avoir, être, riche, pauvre, dominé, dominant, que suis-je ? Existez-vous ou êtes-vous absent à votre propre présence ? Ou sont passé les nuances ? Vous fuyez mais ou vous rendez-vous ? Quelle courbe empruntez-vous ? Un indice, information, argent, pouvoir, sexe ? Avez-vous oublié la planète qui en son sein vous à permis d'émerger, la planète qui chez l'homme a éveiller la curiosité puis a inspirer une pensée, a évoquer, évoquer un mot, celui de Terre, de celle qui se cultive pour la richesse de son sol, qui fait pousser de belles idées, humanité, de celle qui est donnée, qui n'est pas propriété, elle est votre foyer, humanité qui se divise en parts égales.

Cependant de ce jour ou elle fut nommée, elle vous accorda sa confiance, un lien s'établit avec tout les êtres humains, il y eut du sens, il était commun, mais le sens se perd parfois, la mémoire aussi, à raison quand il existe de nombreuses directions et six milliards de trajectoires, le sens n'est pas unique, il dépend du champs de perception, de son intégration, sa réflexion puis les choix occasionnés par la connaissance que l'on pense avoir de son milieu.

L'humanité est en jachère et pourtant il y eut ce premier ensemencement, ce partage, cette communication avec l'environnement, l'intuition d'une complicité, la naissance de la pensée, trame de fond constellée qui double la réalité, un héritage, votre témoignage. De la platitude de votre pensée, la planète terre s'est déformée, elle est devenue sphère, corps revenu parmi les célestes, se réapproprier le regard que l'on porte sur soi, sa juste représentation, votre juste place. Ceci je l'ai observé, ma lumière vous est parvenu, souvenez-vous. Et le système solaire, un parmi des centaines de millions, moi au centre, la galaxie virevolte, désinvolte, à l'intérieur d'un amas d'autres galaxies, singulières, interdépendantes, impressionnantes d'allures, elles valsent puis éclosent en bouquets de fleurs, l'univers projeté à la force du poignet. Peut-être plusieurs univers, peut-être pas. Différents états de l'énergie, différents états de la matière, différents états de la pensée, temps indéfini, mon imagination déborde, la votre aussi, moi-même, je ne perçois rien au-delà de la périphérie de mes propres limites, je crée et je détruit.

Un atome se manipule, une idée s'atomise, et les êtres humains meurent prématurément. Etre en interaction avec son milieu, son environnement n'implique pas de détruire inutilement. Nous sommes parce que porteur d'une information nécessaire à l'ensemble. L'homme est à la jonction de multiple dimensions, un point de question qui est sa propre réponse mais qui sans l'expression de la vie des autres se perd en certitudes et en illusions. Il se trompe sur lui-même d'autant que tout ne tourne pas autour de lui.

Au commencement il faisait beau, un arc en ciel m'inspirait un indice, il avait plu auparavant, autrefois. Je n'enferme plus la pensée, je dois m'ouvrir et accueillir la pluie, l'idée de pluie. La réalité circonscrite par un regard et questionner. Tous les regards le sont probablement.

Je fantasme.

Quand on pense prendre de l'altitude, redescendre en douceur.

Un écho se fait entendre.  


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