Cette vie que nous vivons…
Tous, en surface

Mercredi 15 juin 1994, 23 h 25…

 
Que peut on espérer d’une vie sans aventures, pleine de soucis, loin de l’espoir et du bonheur puisqu’emprunte de vide et de banalités ?

Je n’ai plus rien dans ma vie qui serait susceptible de m’arracher à cette monotonie.

Même les nouveautés ne sont plus originales, elles tombent en désuétude et perdent tout de leur intérêt primaire.

Je me sens seule, si seule…

J’ai l’impression de ne rien dire lorsque je parle tant ma vie m’apparaît comme dénuée de tout renouveau.

J’aimerai pouvoir changer la face du monde en me consacrant à un art et en rencontrant des inconnus qui seraient susceptibles d’être à mon goût.

Au lieu de cela, je me cache sous une identité qui ne me ressemble pas.

Je ne suis qu’une hypocrite et je ne sais pas m’ouvrir au monde avec ma véritable nature.

J’aime la vie de la nature et je vis parce que je trouve ça magnifique et tellement extraordinaire…

J’ai l’air si simplette lorsque je m’émerveille devant une beauté de la nature, rapport à notre faune ou notre flore quotidiennes...

Je me sens ridicule à ces moments-là et c’est la raison pour laquelle je me renferme sur moi même.

J’ai honte de moi et pourtant, j’aimerai plus que tout au monde que les gens comprennent que c’est par mon caractère naturel, que je me sens heureuse, que je me sens bien quoi !

Toutes les personnes que j’ai rencontré jusqu’à présent n’ont jamais compris mon émerveillement d’enfant, leur paraissant alors trop puérile peut être.

Et pourtant, c’est à travers la nature que j’ai appris à connaître les hommes. Et il est vrai que " plus on connaît les hommes, plus on aime son chien ". Un animal de compagnie a de la vie à revendre, de la fougue à exploiter, il est plein de joie et d’amour qui ne demandent qu’à s’extérioriser.

Les hommes, eux, ont une retenue naturelle qui fait que leur nature n’est plus naturelle mais forcée.

Vivre sa vie comme un animal (j’ai pas dit comme une bête !), voilà bien la dernière chose qui passerait par la tête d’un homme.

Vivre au jour le jour n’est pas le lot des hommes, préférant leur petit confort et savoir que rien n’ombragera leurs lendemains qui les incombent.

Quelle vie triste que celle qui se voit dictée par les changements du ciel et du mouvement des planètes.

La vie nous appartient, c’est à nous de savoir en faire bon usage, mais alors, pourquoi ne le faisons nous pas ?

Pourquoi ne pas nous laisser guider au gré des vagues, peu importe la marée montante ou descendante, puisque nous sommes libres de vivre ?

La société actuelle est disgracieuse et il m’incombe de devoir la changer. Je ne sais pas par où commencer.

Pourquoi lorsque je marche dans la rue et que je chante, l’on me regarde d’un œil ainsi perturbé ?

Pourquoi la société a " bâti " des règles de conduite, qui lorsqu’on ne les applique pas nous dénoncent ?

Je crois que c’est aussi la raison pour laquelle je reste dans mon monde, refusant d’entrer dans la Cour des Grands, de peur que ceux ci me prennent pour une anarchiste ou une débile mentale profondément atteinte.

J’aimerai pouvoir crier au monde " NON, STOP, VOUS ETES DANS LE FAUX ! ", leur dire pourquoi je veux vivre, à ma manière, loin des règles non écrites, mais sous-entendu dictées aux hommes qui comme des moutons les appliquent.

Respecter les lois, c’est respecter des maîtres qui nous les dictent, c’est accepter son rôle d’esclave de la société et du monde.

Tout ceci me rend chagrin…

Aujourd’hui, je suis malheureuse…

23 h 53.