- La Litanie du Voyageur -

Ô Vents cruels, le port par vous s'éloigna! Mes amis en
remous disparurent, mes Frères par dizaine moururent! Je
reste seul à désespérer face à vous, porteurs de Terreurs!

Je pris la Mer Sauvage sans l'apaiser
Je barrai dans le noir sans Lumière
Je m'écorchai au vif des Récifs
Et me fit battre à mort par les vagues.

Je fus affamé lors du calme plat
Je fus assoiffé par l'Oeil Igné du Ciel
Je fus assourdi par le cri du Grondant
Et balloté par la Danse de la Mer.

Je fus rongé par la Neige de la Mer
Dévoré par les Hôtes des Mangeurs de Vivres
Brûlé par le souffle de Phoebus
Et trompé par les chants des Sirènes.

Je fus abusé par le Mur de la Vapeur
Je connus la solitude hors de toute terre
Je connus l'errement sur le Miroir d'Argent
Et connus le désespoir du perdu.

Ô Dieux jamais rassasiés! Me laisseriez-vous enfin
toucher le Dos au Milieu de l'Eau? Combien faut-il de sang
encore pour vous abreuver? Combien de malheurs, combien de
Noyés, combien de Périls?