(Tiré de Physical Nutrition System, no15, 1999)

Où commence le dopage ?
par J.S&C.L

Les media ont beaucoup parlé de dopage depuis le Tour de France. Des substances chimiques telles que L'EPO l'hormone de croissance, la testostérone, ... ont été dénoncées. Malheureusement, les médicaments n'ont pas été les seuls mis en cause. Les compléments alimentaires naturels ont eux aussi été montrés du doigt par un amalgame scandaleux. Nous avons interrogé notre spécialiste à ce sujet.

Qu'est-ce qu'un complément alimentaire ?
C'est un concentré alimentaire tiré de sources naturelles. Certains contiennent des produits de synthèse c'est-à-dire reproduisant à l'identique une molécule telle qu'elle existe dans la nature, c'est le cas de la plupart des vitamines et de la créatine.

A quoi servent les compléments alimentaires ?
De nombreuses études médicales effectuées chez les sportifs montrent que les besoins en vitamines et en minéraux sont accrus par des efforts intenses et répétés. L'alimentation seule ne permet pas toujours couvrir ces besoins accrus. Nombre de sportifs ont recours aux supplément naturels pour trouver ces vitamines et ces minéraux. D'ailleurs, beaucoup de non sportifs sont déjà carencés en oligo-éléments sans effectuer d'efforts particuliers. Ne conseille-t'on pas aux femmes de prendre du magnésium et du calcium pour couvrir d'éventuelles carences ? Pour quelle raison un tel conseil de bon sens devrait-il être interdit chez les sportifs ?

Pourriez-vous nous citer un exemple concret ?
Par exemple, une recherche médicale publiée dans l'un des journaux médicaux les plus prestigieux appelé JAMA démontre que la perte de calcium est forte lors d'un entraînement chez des basketteurs amateurs (1). Au court d'une saison d'entraînement, ces pertes répétées induisent une déminéralisation généralisée. Une supplémentation en calcium tout au long de la saison, a été capable non seulement de prévenir cette déminéralisation mais en plus de renforcer la masse osseuse et musculaire. Il nous semble que cet exemple illustre parfaitement notre position sur le dopage.Une supplémentation naturelle avisée et ciblée permet non seulement d'éviter des problèmes de santé liés au sport mais procure au contraire des effets positifs pour la santé. En matière de dopage et de santé, il s'agit de rester sérieux et de ne pas se laisser aller à raconter n'importe quoi.

Auriez-vous votre propre définition du dopage ?
Nous définissons le dopage sur le plan de la santé mais aussi sur le plan de la morale. II est clair que tous les produits qui améliorent les performances et qui ont de nombreux effets secondaires démontrés font partie des produits dopants. En général, ces produits figurent sur les listes de substances dopantes.
Là où la notion de morale intervient, c'est pour les produits ne figurants pas sur la liste où du moins sur toutes les listes. Par exemple, la nicotine, en vente libre, peut améliorer les performances. A la bonne dose, la nicotine augmente la force musculaire. Pourtant, il est clair que le fait de fumer réduit les performances. Cependant, il est possible aujourd'hui de se procurer de la nicotine sans fumer. Il existe des pâtes à mâcher, des patchs... La nicotine n'est pas sur les listes, elle n'est pas testée, personne ne dénonce son usage. Elle n'est donc pas officiellement un dopant. Nous, nous disons que moralement, l'usage de nicotine pour améliorer les performances fait partie du dopage.

La définition officielle.
D 'après les autorités françaises, un produit dopant c'est une substance interdite par les instances sportives (fédération , comité olympique..) et dont la liste a été clairement établie. Ces substances sont très souvent des médicaments, voire de vraies drogues, dont l'abus peut être dangereux pour les sportifs.
N'y-a-t'il pas là une ambiguité ?
On peut citer le paradoxe de la caféine qui à hautes doses est considérée comme dopante alors qu'elle est utilisée comme additif alimentaire ( 150 mg dans une bouteille de coca light)

Dans la même veine, l'usage d'androsténédione (un précurseur de la testostérone disponible en cachet) est autorisé dans certaines fédérations sportives et pas dans d'autres. Sa vente est interdite en France mais est autorisée aux Etats-Unis. Mark McGWIRE un joueur de base-ball professionnel vient de battre un record de "home run" grâce à la prise d'androsténédione autorisée par sa fédération. Aux Jeux Olympiques, il aurait été disqualifié. On comprend toute l'ambiguïté du dopage. Moralement, on ne peut cependant que condamner l'usage d'androsténédione. Une loi peut donc transformer le statut d'une molécule et pas toujours pour le mieux.

Peut-on dire qu'au contraire des dopants les compléments alimentaires sont un plus pour la santé ?
Il ne faut donc pas confondre dopage et compléments alimentaires sains capables, non seulement d'améliorer les performances mais aussi dans de nombreux cas la santé. La créatine est souvent montrée du doigt. Pourtant, des études médicales effectuées sur le long terme, montrent que la prise de créatine prévient l'arrivée du surentraînement. Les sportifs ont une tendance naturelle à se surentraîner ce qui peut poser des problèmes de santé en réduisant les défenses immunitaires. Si la créatine peut empêcher le surentraînement, elle montre là un effet bénéfique pour la santé des athlètes. Et que dire de la glutamine dont la prise réduit la susceptibilité de tomber malade suite à des efforts prolongés?

Et les résultats qu'on obtient ?
On peut dire que les compléments alimentaires sont un excellent moyen d'améliorer ses performances sans aucun danger. Cela demande juste un peu plus de temps et de la persévérance. Le dopage n'est qu'un raccourci pour obtenir ces mêmes résultats, mais il n'est pas dépourvu d'effets secondaires graves : blessures irréversibles qui ferment définitivement la porte à la compétition, cancers, décès inexpliqués...

Bibliographie :
(1) Klesges-RC Changes in bone mineral content in male athlètes. Mechanisms of action and intervention effects. JAMA. 1996. 276: 226.