War is a Racket - La guerre est un racket

Le général américain du corps de marines, Smedley Darlington Butler, dans son autobiographie publiée en 1935, a reconnu, non sans amertume, que la plupart des guerres qu'il a faites n'avaient qu'un lointain rapport avec ce que l'on entend d'ordinaire par patriotisme.

Né en 1881, Smedley Darlington Butler s'engage à 16 ans chez les Marines avec lesquels il s'expose 121 fois au feu et reçoit, fait rarissime, deux fois la médaille d'honneur du Congrès, la plus haute distinction militaire américaine : d'abord pour son action à Veracruz (Mexique) en 1914, puis pour la prise de Fort Rivière (Haïti) en 1915. Homme de convictions à une époque où les scrupules comptent peu pour faire des Etats-Unis une super-puissance, Butler vit la Grande Guerre à Brest. Promu au grade de brigadier général à 37 ans, il quitte provisoirement l'armée pour devenir chef de la police de Philadelphie (1924-1925). Ses bons résultats lui valent d'envisager une carrière politique au cours de laquelle il n'aura de cesse de dénoncer les abus politico-militaro-industriels. Deux ans après sa retraite en 1931, il déjoue un sombre coup d'état contre le président Franklin D. Roosevelt. Le Major General Butler décède le 21 juin 1940 au Naval Hospital de Philadelphie. Le camp d'entraînement actuel des Marines dans l'État de Virginie porte toujours son nom.


(Extraits de, Smedley Darlington Butler, War is a Racket : An Autobiography, Round Table Press, New York, 1935.)

"J’ai passé trente-trois ans et quatre mois en service actif au sein de la force militaire la plus mobile de notre pays : le corps des marines. J’ai occupé tous les grades d’officier, de sous-lieutenant à général de division, et, durant cette période, j’ai consacré le plus clair de mon temps à servir le grand capital, Wall Street et les banquiers, comme homme de main de haut vol. En bref, j’ai été un racketteur à la solde du capitalisme. C’est ainsi que j’ai contribué, en 1914, à faire du Mexique, et spécialement de Tampico, un lieu sûr pour les intérêts pétroliers américains. J’ai aidé Haïti et Cuba à devenir des endroits suffisamment respectables pour que les hommes de la National City Bank viennent y gagner de l’argent. En 1909-1912, au Nicaragua, j’ai participé à l’épuration au profit de la banque internationale Brown Brothers. En 1916, j’ai apporté la lumière à la République dominicaine pour le compte des intérêts sucriers américains. En 1913, j’ai fait en sorte que le Honduras soit mûr pour accueillir les compagnies fruitières des États-Unis. En Chine, en 1927, j’ai veillé à ce que la Standard Oil puisse vaquer à ses activités sans être inquiétée. Pendant toutes ces années, comme l’auraient dit les hommes attablés dans l’arrière-salle, les affaires ont superbement marché pour moi. J’ai été récompensé par des honneurs, des décorations, des promotions. Quand je regarde en arrière, j’ai le sentiment que j’aurais pu rendre quelques points à Al Capone. Au mieux, il ne pouvait pratiquer son racket que sur trois arrondissements de la ville, alors que nous, les marines, opérions sur trois continents."

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