Informations éparses sur la surveillance électronique totale et sur le contrôle du citoyen. Globalisation du contrôle social et de l'espionnage individuel. Militarisation de l'internet.
 


Le mercredi 20 novembre 2002

USA : feu vert du Congrès pour un super-ministère de la sécurité

WASHINGTON (AFP) - Le Congrès américain a donné mardi son feu vert à la création d’un super-ministère de la sécurité intérieure, assurant au président George W. Bush une nouvelle victoire dans sa lutte pour contrer la menace terroriste visant les Etats-Unis.

Le passage du projet de loi au Sénat, à une écrasante majorité de 90 voix contre neuf mardi soir, une semaine après un vote de la Chambre des représentants, permettra la mise en oeuvre de cette nouvelle administration dont la mission sera d’empêcher des attaques terroristes comme celles du 11 septembre. Le président George W. Bush, qui se trouve à Prague pour le sommet de l’Otan, s’est aussitôt félicité de ce vote dans un communiqué publié par la Maison Blanche.

"Le Congrès a fait un pas historique pour protéger le peuple américain en adoptant la législation créant le Ministère de la sécurité intérieure", a-t-il déclaré. Il "va aider notre nation à faire face aux menaces émergentes du terrorisme au 21ème siècle", a ajouté le président.

Les missions de ce futur ministère consisteront à empêcher des terroristes d’entrer aux Etats-Unis, à traquer ceux qui s’y trouvent déjà, à renforcer la sécurité du transport aérien, à accroître le degré de préparation en cas d’urgence, à réduire les risques d’attaques chimiques, biologique et nucléaire, ainsi qu’à protéger les infrastructures du pays.

Il rassemblera toutes les responsabilités de la sécurité aux frontières, coiffant les garde-côtes, les douanes, les services d’immigration et de naturalisation ainsi que la toute nouvelle agence de Sécurité du transport aérien. Ce super-ministère servira également de centre de mise en commun des informations concernant le terrorisme reçues par l’Agence centrale de renseignement (CIA) et la police fédérale (FBI), qui resteront indépendantes.

Dotée d’un budget annuel de 38 milliards de dollars, cette administration intégrera progressivement 170.000 fonctionnaires travaillant actuellement dans 22 ministères et agences. La création de ce super-ministère résulte avant tout du constat des carences et des insuffisances des systèmes de sécurité et des agences de renseignement avant le 11 septembre, comme l’a révélé une série de témoignages accablants lors de récentes auditions publiques au Congrès, ainsi qu’un rapport d’enquêteurs parlementaires.

Après l’avoir fait retirer du projet de loi initial sur la mise en place du super-ministère, la Maison Blanche a dû finalement céder aux pressions du Congrès la semaine dernière pour accepter la création d’une commission d’enquête indépendante destinée à faire la lumière sur les différentes responsabilités dans les circonstances ayant conduit aux attentats du 11 septembre. La CIA, la NSA, agence chargée des écoutes, le FBI et les services d’immigration (INS) sont particulièrement visés.

La future administration laisse toutefois sceptiques nombre de sénateurs et d’experts privés. La sénatrice démocrate Hillary Clinton a estimé lors des débats dans l’hémicycle du Sénat que ce nouveau ministère "ne se traduirait pas par une amélioration immédiate de la protection pourtant nécessaire d’infrastructures comme les centrales nucléaires". John Pike, le directeur de Globalsecurity.org, un groupe de recherche privé, a prédit qu’il faudra "plusieurs années pour faire fonctionner cette gigantesque machine bureaucratique".

Par ailleurs, la bataille pour l’adoption du projet de loi a révélé l’influence des groupes de pression dans le processus législatif. Les républicains y ont ainsi inclus des dispositions visant entre autres à protéger le groupe pharmaceutique Eli Lilly contre des actions en justice pour un vaccin à base de mercure, le thimerosal, qui peut provoquer l’autisme chez les enfants. Toutefois, le sénateur Trent Lott, qui sera leader de la future majorité républicaine au Sénat, a dit mardi que ces dispositions controversées seraient réexaminées par la future législature - issue des élections du 5 novembre - et qui débutera ses travaux en janvier.


Le mardi 26 novembre 2002

George Orwell conseiller occulte des chercheurs du Pentagone
Declan McCullagh, CNET News.com

Le centre de recherches avancées du ministère de la Défense américain vient de jeter au panier un projet de grande envergure qui visait à réduire de façon drastique l'anonymat et l'intimité des individus dans leurs échanges par internet. Mais d'autres projets chers à l'esprit "Big Brother" sont toujours en gestation.

Selon le quotidien américain The New York Times, l'idée du programme avorté, baptisé "eDNA" (littéralement, ADN électronique, Ndlr), était de créer sur le net des "zones sécurisées" accessibles uniquement par les utilisateurs disposant d'un marquage spécifique. Un projet mis sur pied par Tony Tether, président de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), l'agence de recherche du ministère américain de la Défense, dont ses ingénieurs ont collaboré à la création des premiers réseaux TCP/IP dans les années 60 et 70. Ses plans prévoyaient d'imposer aux internautes des systèmes d'identification biométrique, vocale ou digitale, pour prouver leur identité avant d'effectuer certaines opérations sur le net.

Jan Walker, porte-parole de la Darpa, a indiqué vendredi 22 novembre que le projet n'a finalement pas été retenu. Elle explique qu'il a fait l'objet de nombreuses critiques de la part des spécialistes de l'informatique et des défenseurs des libertés individuelles, qui ont été conviés pour l'étudier.

En fonction du mode qui aurait été choisi pour la mise en oeuvre du projet eDNA, le Congrès aurait pu soumettre un texte demandant aux fournisseurs de services internet de ne fournir une connexion qu'aux internautes authentifiés. Et le gouvernement aurait également pu décider d'ordonner la réécriture de protocoles étayant l'internet, comme le TCP/IP, ainsi que la création de nouveaux standards pour gérer les techniques d'authentification.

Bruits de bottes sur la toile

Le projet eDNA n'est pas le seul à valoir des critiques à l'agence du Pentagone. L'Information Awareness Office (IAO), une autre division, a provoqué l'ire pour son prototype d'une gigantesque base de données: le programme Total Information Awareness Program (TIA, littéralement "assimilation totale de l'information", Ndlr), décrit par les observateurs comme profondément "orwellien". Par "assimilation totale de l'information", la Darpa entend stocker quantité d'informations sur les individus, des achats effectués par carte de crédit, son parcours professionnel, ses données médicales, d'éducation, etc. L'IAO est dirigée par John Poindexter, un amiral à la retraite et ancien conseilleur du président Reagan, impliqué personnellement dans le scandale Iran-Contra, qui a été épinglé l'an dernier par des associations américaines pour personnifier l'esprit "Big Brother".

Reste que selon toute vraisemblance, le net n'échappera pas à des mesures de surveillance renforcée. La semaine dernière, le Sénat a voté le Homeland Security Act, signée par le président Bush le 25 novembre. Ce texte de 500 pages intronise un nouveau ministère de la Sécurité intérieure (Department of Homeland Security, DHS), et tend à procéder à une réorganisation massive des agences fédérales. Sans parler du Cyber Security Enhancement Act, une section qui fait partie de la loi, et qui permettra à la police de procéder à des écoutes sans mandat d'un tribunal. Par ailleurs, il autorisera les fournisseurs internet à communiquer plus facilement à la police des données concernant leurs abonnés et sera plus sévère en cas d'attaques informatiques.

En parallèle, un tribunal fédéral d'exception a supprimé certaines procédures, qui faisaient office de garde-fous pour les écoutes que réalisent les agents fédéraux. Ces barrières abaissées, ceux-ci peuvent désormais agir plus librement, et surveiller l'internet, enregistrer des données saisies au clavier, et recourir à d'autres moyens de surveillance pour traquer des personnes suspectées de terrorisme ou d'espionnage.

Le secrétaire adjoint à la Défense, Pete Aldridge, a défendu l'idée du programme Total Information Awareness (TIA) devant la presse, estimant qu'avec le prototype en développement, «il n'y a aucun problème d'atteinte à la vie privée» en jeu. Et d'indiquer que la Darpa a simplement cherché à créer un système destiné à la police et aux structures de renseignement


Le document original se trouve ici : www.fing.org

Paru le 30/12/2003

Open Government Information Awareness : le contrôle aux citoyens

Open Government Information Awareness (GIA) est la réponse libertaire du MIT au projet TIA du gouvernement américain (http://www.01net.com/article/198304.html et http://www.fing.org/index.php?num=3149,2).

TIA, pour "Terrorism (anciennement 'Total') Information Awareness", vise à centraliser des informations en croisant de multiples sources (base de données administratives, écoutes téléphoniques, renseignement...). Il sera complété par un dispositif d'aide à la décision reposant sur des systèmes intelligents (traduction automatique, reconnaissance de textes, etc.).

Soulevant de vastes débats en matière de respect de la vie privée, TIA est souvent présenté comme un outil orwellien donnant trop de pouvoir à l'administration. GIA, à l'inverse, cherche à renforcer le pouvoir des citoyens en matière d'information sur leurs gouvernants. "Le principe de GIA est de considérer que les citoyens ont le droit de connaître en détail leur gouvernement, autant que le gouvernement a le droit d'avoir des détails sur eux. Notre but est de développer une technologie qui permette aux citoyens de constituer une sorte d'agence de renseignement", expliquent les créateurs du projet.

GIA prend l'apparence d'un site web, fournissant des informations détaillées sur les structures administratives et légales. Chaque élu est présenté en une page assortie de multiples liens. On y trouve sa position au sein des instances gouvernementales, son parcours complet, mais aussi les différents supports et financements industriels perçus lors de ses campagnes électorales. Toutes les données fournies sont liées entre elles.

Par exemple, on apprend que la religion de George W. Bush est "United Methodist", et un clic sur le lien proposé conduit à la liste des membres du gouvernement de cette même confession. De la même façon, on constate que Disney a financé la campagne sénatoriale de Hillary Clinton à hauteur de 63 000 $ et un clic permet de consulter tous les financements apportés par l'entreprise aux autres politiciens...

Toutes les apparitions télévisées d'une personnalité politique sont également surveillées et comptabilisées. Le projet devrait être complété par la suite de divers outils ajoutant des fonctionnalités interactives : possibilité de recevoir des alertes relatives à un sujet ou à une personnalité donnés, contribution des internautes à l'enrichissement des données (avec un système de mesure de fiabilité des contributeurs par ses pairs), mais aussi possibilité d'émettre des demandes publiques aux organismes d'Etat.

GIA : http://opengov1.media.mit.edu
Government Information Awareness: http://opengov.media.mit.edu/

Informations officielles sur TIA : http://www.darpa.mil/body/tia/tia_report_page.htm

La surveillance du projet TIA par l'Electronic Privacy Information Center : http://www.epic.org/privacy/profiling/tia/

GIA est un projet du groupe Computer Culture : http://compcult.media.mit.edu


Autres ressources documentaires sur le programme TIA :


Quelques sites sur Echelon, Big Brother, etc... :