Protection de la propriété intellectuelle - L'oeuvre artistique sur internet

Sur le forum cinéma que je fréquente, une nouvelle circule à propos d'un artiste qui est gêné par le pillage sur internet de son oeuvre, à la fois par ces fans mais également par des gens sans scrupules. Une dérive qui touche tous les secteurs de l'activité artistique. Que peux faire alors un auteur face aux utilisateurs de son oeuvre ? La problématique du droit et des licences d'utilisation devient une réponse qui doit s'adapter aux contextes et circonstances de la production artistique. Je réponds à une interrogation faite à l'ensemble des participants du forum à ce sujet.

Mel Vadeker, Décembre 2002.


Sujet:    Re: Protection de la propriété intellectuelle
A:    ici on parle ciné...
Date:  26/12/02 00:19:11

Le problème est celui de l'éthique dans le cyberespace (internet, multimédia, tv, etc.). Une oeuvre doit maintenant avoir une licence d'utilisation qui explique en détail les modalités de son utilisation. Et seul l'auteur original, le créateur d'une oeuvre peut fixer les limites de l'exploitation de son travail. Il existe plusieurs licences d'utilisation allant du copyright simple, à la licence de libre diffusion jusqu'au copyleft autorisant certaines modifications. Il faut que les utilisateurs du cyberespace et notamment ceux de l'internet se familiarisent avec ses différentes licences et respectent une fois pour toute une éthique d'exploitation.

Ce qui est toléré pour certains grands éditeurs au vu leur capacité financière vis à vis du piratage ne peut plus l'être par certains auteurs avec de faibles ressources financières. C'est la limite entre le piratage qui crée un désagrément et un piratage qui tue une capacité artistique.

Ce que l'on pourrait faire est de conseiller aux pirates, aux fans de prendre leurs responsabilités. Ils doivent réfléchir sur les conséquences de leurs actes. Certains éditeurs peuvent supporter le piratage mais d'autres plus modestes sont condamnés à mourir. On peut aussi se demander si la disparition de certains petits éditeurs et artistes de faibles rendement ne profite pas aux puissantes multinationales chargées de distribuer des oeuvres ou de les financer.

D'un coté il y a une structure qui peut se défendre et gérer cet inconvénient et de l'autre de petites structures qui dépendent de l'évolution de leur ventes directes pour survivre et si elles sont privés de ressources immédiates elle disparaissent. Ce qui revient à faire ce constat : pirater une multinationale ou pirater un petit éditeur indépendant n'a pas les mêmes conséquences à la fois pour l'utilisateur mais aussi pour l'artiste.



De:  Ange
Sujet:    Protection de la propriété intellectuelle
A:    ici on parle ciné...
Date:  20/12/02 23:48:04

Bonsoir
Cela ne concerne pas directement le cinéma, mais la protection de la propriété intellectuelle sur internet.
Je pense donc que certaines personnes pourraient être intéressées par la leture de ce texte.

Lu sur http://www.actuabd.com
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Gary Larson à ses fans : "Laissez mes dessins tranquilles !"
(12 2002)

 Le dessinateur américain Gary Larson en appelle à ses fans
pour qu'ils cessent de piller son travail en reproduisant
ses dessins à tort et à travers sur Internet. Une lettre
qui mérite réflexion.
 

L'appel en question figure sur le site "Creators
Syndicate". On en trouvera ci-dessous une traduction libre
signée Jean-Marie Bertin :

"UN MESSAGE DE GARY LARSON

RE : Utilisation en ligne des dessins "Far Side"

À CEUX QUE CELA PEUT CONCERNER

J'avance ici sur des oeufs.

D'une part, je trouve cela très flatteur que certains de
mes fans aient créé des sites montrant et/ou diffusant mon
oeuvre sur Internet. Et, d'un autre part, je continue
d'avoir du mal à trouver les mots qui, de façon
convaincante et avec délicatesse, puissent persuader ces
enthousiastes du "Far Side" d'arrêter définitivement avant
d'avoir à recevoir ces mots de quelque avocat.

L'impact que cette utilisation non souhaitée a eu (et
continue d'avoir) est bien sûr, en termes matériels, une
grosse préoccupation pour mon éditeur, et donc pour moi ;
mais ce n'est pas le point principal de cette lettre. Ce
que je tente ici, c'est d'essayer de parler de l'impact
impalpable, de mon propre préjudice émotionnel de voir mon
travail ainsi rassemblé, numérisé et offert sur l'autel du
cyberespace, hors de mon contrôle.

Il y a des années, j'ai mangé un jour avec le dessinateur
Richard Guindon et la discussion est venue sur le fait
qu'aucun de nous n'a jamais demandé ou accepté des idées de
quiconque. Mais, jusqu'à ce que Richard n'exprime
précisément ça, je n'avais jamais analysé ma propre
aversion pour cela : "C'est comme si quelqu'un d'autre
écrivait tes Mémoires", disait-il. Comme cette affirmation
sonne vrai pour moi. En effet, nous produisions des dessins
que nous espérions distrayants ou, tout du moins, pas
ennuyeux mais cependant ils provenaient toujours d'une
vision profondément personnelle, et donc originale.

Essayer d'être "amusant" est une bien effrayante et
écrasante affaire. (Demandez à un comique qui a fait un
flop en scène). Mais, s'il y avait une maxime à suivre dans
ce métier, ce serait celle-ci : soyez honnête vis-à-vis de
vous-même et, plus important, respectez votre public.

Aussi, pour récapituler (probablement un mauvais choix de
paroles de ma part), je demande simplement le retour de ce
respect et que tout ceux qui font cela pour faire plaisir
veuillent abstenir de mettre "The Far Side" sur Internet.
Ces dessins sont en quelque sorte mes "enfants" et, comme
tout parent, je suis préoccupé de leurs sorties nocturnes
vers l'inconnu. Les retrouver sur le site de quelqu'un
c'est comme recevoir un coup de fil à deux heures du matin,
disant : "Heu.. Papa tu ne vas trop aimer ça, mais devine
où je suis."

J'espère que mes explications vous aideront à comprendre
l'importance que cela a tout spécialement pour moi, et
pourquoi je vous fais cette demande.

Veuillez renvoyer mes "gosses" à la maison. Je vous en
serai éternellement reconnaissant.

Très respectueusement,

Gary Larson"

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Il en ressort donc qu'il n'existe aucune législation, ou tout du moins aucun moyen préservant le respect total cette législation, garantissant à l'auteur une totale maîtrise de son travail, de son oeuvre. Evidemment, que ce soit pour de la musique ou de la vidéo, le phénomène est connu, et entré dans les moeurs depuis des années.

Mais finalement le travail d'un auteur est il le fruit de ce que l'auteur a produit? ou trouve t il sa finalité, sa définition même, sa raison d'exister dans ce que les gens, le public, en font?

J'aimerais avoir votre avis.

Merci.