I. Une approche ethnométhodologique
On peut définir lethnométhodologie comme étant létude de la connaissance pratique que possède le membre dun groupe sur ses activités quotidiennes. Les considérations qui sont à la base de cette approche sociologique sont:
"Linterprétation de ce qui est dit, repose essentiellement sur ce que nous faisons en disant, sur les pratiques sous-jacentes qui nous permettent de dire ce que nous disons."
GARFINKEL, père de lethnométhodologie, créa ce terme en 1954, lors dun travail quil entreprit sur les délibérations des jurés. Il sinterrogeait sur ce qui faisait deux des jurés, comment ils savaient et faisaient leur devoir alors quils navaient pas forcément fait détudes de droit.
Ce courant de recherche prendra véritablement naissance en 1967 avec la parution de louvrage de GARFINKEL réunissant plusieurs de ses travaux: "Studies in Ethnomethodology."
Lethnométhodologie est héritière de la sociologie compréhensive de WEBER, mais bien plus encore de SCHÜTZ, en raison des rapprochements quil fit entre les sciences sociales et la phénoménologie.
GARFINKEL cite SCHÜTZ dans les Studies:
"Il a permis à la sociologie danalyser les pratiques de la connaissance de sens commun, des structures sociales qui sous-tendent les activités courantes, les circonstances pratiques..."
Par ailleurs, WITTGENSTEIN influença lanalyse du langage en ethnométhodologie. Il a par exemple, évalué les limites du langage ordinaire, et analysé le jeu du langage.
"Si l'on dit:" Peut-être ces planètes n'existent-elles pas et le phénomène lumineux se produit-il d'autre façon", on a quand même besoin de l'exemple d'un objet qui existe. Ceci n'existe pas comme existe par exemple...
Ou bien va-t-on dire que la certitude est seulement un point qui a fait l'objet d'une construction - un point approché tantôt de plus près, tantôt de plus loin ? Non. Le doute perd son sens de plus en plus. C'est justement ainsi qu'est ce jeu de langage.
Or appartient à la logique tout ce qui décrit un jeu de langage."
La théorie de lordre social de PARSON sera également dune grande influence pour lethnométhodologie, laction sociale pour PARSON étant perçue essentiellement comme interaction, processus. Il y a donc, chez PARSON, une notion de dynamique que nous retrouvons dans lethnométhodologie.
Les caractéristiques de lethnométhodologie:
Elle est localiste. Elle ne prétend pas, à partir dun ou quelques exemples, former une théorie générale. Ainsi, lanalyse dun fait social ne peut se faire quen se référant à son contexte. Cela suppose quil y ait un refus de réification du fait social, puisque les groupes, dans lequel le sujet vit, sont en constante évolution.
Lethnométhodologie refuse les raisonnements par induction. Elle refuse dextrapoler à des cas généraux, des lois paraissant vraies dans des cas particuliers. Ce qui spécifie lethnométhodologie par rapport aux autres disciplines, cest quelle étudie les procédures qui permettent à ces disciplines davoir une réalité sociale intelligible. Dès lors, elle ne soppose pas à ces dernières, mais au contraire, elle permet la construction dune dynamique interactive, un échange entre les autres courants de recherche et elle-même. De ce fait, Yves LECERF, dans le cadre des cours dethnométhodologie en D.E.S.S, invite souvent des linguistes, des psychanalystes, des philosophes, des économistes...
Lethnométhodologie se définit également comme étant un ensemble de procédures que lon appelle également axiomes dont je développerai la signification maintenant.
I.1 L'indexicalité || Retour TM