Chapitre I - Introduction

1.1 Mes débuts d’ ethnométhodologue.
 

Autodidacte de formation, J’ai découvert l’informatique en 1984 sur une machine portant le nom d’APPLE IIe, véritable petit " mécano " informatique. Cet ordinateur représentait avec le TRS 80, le haut de gamme en matière d’informatique amateur.

Parallèlement à leurs sorties sur le marché de l’informatique, le programme d’annuaire électronique commençait peu à peu à faire son entrée sur la région Ile de France. Pour me familiariser avec ce produit, je m’empressai donc de retirer le petit terminal " Minitel " dans mon agence France-Telecom. Ce qui éveilla tout de suite ma curiosité ne fut pas l’annuaire électronique mais les serveurs amateurs qui naissaient peu à peu en région parisienne.

Le Minitel m’a apparut alors comme un outil de communication révolutionnaire. Il offrait aux utilisateurs la possibilité d’avoir accès à des sources de connaissances quasiment illimitées. Jusqu’alors, ce type de moyen informatique était exclusivement réservé aux sociétés équipées de terminaux informatiques et de moyens financiers. Le Minitel permettait de mettre en rapport des individus de milieux différents grâce à la messagerie conviviale qui ouvre des horizons nouveaux à chacun. Les messageries faisaient référence aux boîtes aux lettres électroniques qui existaient et existent encore sur les gros systèmes informatiques multi-utilisateurs. Les dialogues de cette époque étaient alors bon enfant, parfois coquins, rarement malsains.

J’étais alors fasciné par cette nouvelle technologie et par les perspectives qu’elle offrait. Je m’employais à comprendre le fonctionnement des serveurs en exploitant les conseils données dans les revues informatiques, et en m’informant auprès des programmeurs de ces messageries qui bien souvent se retrouvaient après le travail pour discuter avec les utilisateurs novices. C’était l’âge d’or des messageries ....
 
 

Afin de faciliter mes connexions, je décidais de raccorder mon Apple II au réseau téléphonique pour émuler mon Minitel. Cet appareil nommé Modem, était plus connu sous le nom de carte Apple Tell . Cette carte me procurait un gain de vitesse non négligeable lors de mes connexions , elle me permettait d’enregistrer des pages vidéotex, que j’eus tôt fait de récupérer pour créer mon premier serveur Minitel du nom du célèbre philosophe grec ARISTOTE.

Aristote connu un vif succès auprès des jeunes, mais aussi des passionnés d’informatique en général. Parfois des journalistes ou des professionnels de l’informatique venaient me rendre visite pour prendre des idées, ou des graphismes. Mon serveur tourna quelque 4 années sans interruption et fini par mourir de sa belle mort. L’unité centrale de mon apple IIe rendit l’âme. Parallèlement à cela, en 1988, l’époque où je faisais l’apprentissage du Langage OPL ( Organize Program Language ) d’un ordinateur de poche du nom de PSION, je rencontrais lors d’un déjeuner dans un restaurant parisien , les fondateurs de SOS-Médecins , qui me proposèrent de développer une application médicale sur mon petit appareil.

Après plus de 9 mois de travail à comprendre les besoins des médecins et à réduire la taille du programme , Cervus fût présenté au salon Euromédecine 1989 où il fût qualifié de " Révolution médicale de l’an 2000 ". Le résultat de mes recherches: réussir à faire tenir la gestion complète d’un cabinet médical dans une calculatrice de 220 grammes.

Cette nouvelle expérience m’amena à faire la rencontre d’un homme d’affaires français qui me proposa de partir travailler pendant plus d’un an aux Etats-Unis pour développer divers programmes pour son entreprise installée à Dallas.

Mon hôtel étant voisin du campus universitaire de la ville, je fis rapidement la connaissance d’étudiants qui me montrèrent les moyens dont ils disposaient au sein de leur université pour échanger des informations. C’est ainsi que je découvris la signification de mots comme CYBERSPACE, Bulletin Board System etc .... Ayant peu de compétences dans ces domaines, je me suis donc intéressé à ces serveurs que l’on nomme outre-Atlantique , les BBS (abréviation de Bulletin Board System )et je décidai de développer mon premier serveur non vidéotex. Virtual ARISTOTE BBS. Serveur actuellement opérationnel , Connecté aux Réseaux Fidonet 2:320/103 et VirtualNet @331000.
 
 

De retour en France et parallèlement à mon activité salariale chez le milliardaire Texan ROSS PEROT, j’entrepris des études d’informatiques à l’université PARIS VIII, dans le cours de Philippe Charles Nestel, consacré à l’étude des médias alternatifs sur le Réseau Téléphonique Commuté. Cet Enseignant de Paris VIII, encourageait ses étudiants à prendre conscience de leur valeur de " sociologue profane " par leur compétence unique.

Il nommait cette science " Ethnométhodologie ". Entendant ce mot pour la première fois , je restai quelque peu perplexe sur sa signification, ayant fait du latin dans mon cycle secondaire, j’imaginais bien un rapport avec des méthodes ayant pour objet d’étude, un peuple ou une culture , mais il m’était difficile d’aller au delà. Suite à mes demandes d’éclaircissement auprès de Philippe Charles Nestel , il me sembla que l’ethnométhodologie en reconnaissant la compétence unique de SYSOP (System Operator) me conférait une légitimité pour aborder l’étude de l’action sociale générée par et sur les réseaux électroniques.

En effet, lors de mon séjour au Etats-Unis, j’avais pu constater l’importance des réseaux électroniques dans la vie quotidienne et professionnelle de bon nombre d’américains et il m’apparaissait que les règles et les processus de communication entre les différents locuteurs étaient encore en gestation et en perpétuelle évolution.

Quant à savoir ce qu’était au juste l’Ethnométhodologie , ce n’est qu’après plusieurs mois de cours avec Yves Lecerf , Paul Loubière et J-F Degrémont, d’études, d’échanges entre étudiants, de lectures, que je pense en avoir saisi actuellement quelques concepts fondamentaux.

L’ethnométhodologie m’apparut alors comme un outil d’investigation permettant de lier culture informatique et analyse sociale.