Oiseaux rares


 

La théorie du cygne noir a été utilisée par Nassim Nicholas Taleb pour expliquer :

  1. Le rôle disproportionné d’événements majeurs rares et extrêmement durs à prédire, qui sont hors des attentes normales en histoire, science, finance ou technologie.
  2. L'impossibilité de calculer la probabilité de ces événements rares à l'aide de méthodes scientifiques (due à la nature même des très faibles probabilités).
  3. Les biais cognitifs qui rendent les gens aveugles, individuellement et collectivement, à l'incertitude et au rôle massif des événements rares dans l'Histoire.

 

Les 3 critères définis par l'auteur sont :

  1. l'événement est une surprise (pour l'observateur).
  2. l'événement a des conséquences majeures.
  3. après le premier exemple de cet événement, il est rationalisé a posteriori, comme s'il avait pu être attendu. Cette rationalisation rétrospective vient du fait que les informations qui auraient permis de prévoir l'événement étaient déjà présentes, mais pas prises en compte par les programmes d'atténuation du risque. La même chose est vraie pour la perception des individus.

 

Aphorismes sur la sagesse dans la vie. Chapitre 2. 1880
Arthur Schopenhauer

Notre vie pratique, réelle, dès que les passions ne l’agitent pas, est ennuyeuse et fade ; quand elles l’agitent, elle devient bientôt douloureuse ; c’est pourquoi ceux-là seuls sont heureux qui ont reçu en partage une somme d’intellect excédant la mesure que réclame le service de leur volonté. C’est ainsi que, à côté de leur vie effective, ils peuvent vivre d’une vie intellectuelle qui les occupe et les divertit sans douleur et cependant avec vivacité. Le simple loisir, c’est-à-dire un intellect non occupé au service de la volonté, ne suffit pas ; il faut pour cela un excédant positif de force qui seul nous rend apte à une occupation purement spirituelle et non attachée au service de la volonté. Au contraire, « otium sine litteris mors est et hominis vivi sepultura » (Sénèque, Ep. 82) (Le repos sans l’étude est une espèce de mort qui met un homme tout vivant au tombeau). Dans la mesure de cet excédant, la vie intellectuelle existant à côté de la vie réelle présentera d’innombrables gradations, depuis les travaux du collectionneur décrivant les insectes, les oiseaux, les minéraux, les monnaies, etc., jusqu’aux plus hautes productions de la poésie et de la philosophie.

Cette vie intellectuelle protège non seulement contre l’ennui, mais encore contre ses pernicieuses conséquences. Elle abrite en effet contre la mauvaise compagnie et contre les nombreux dangers, les malheurs, les pertes et les dissipations auxquels on s’expose en cherchant son bonheur tout entier dans la vie réelle. Pour parler de moi, par exemple, ma philosophie ne m’a rien rapporté, mais elle m’a beaucoup épargné.

L’homme normal au contraire est limité, pour les plaisirs de la vie, aux choses extérieures, telles que la richesse, le rang, la famille, les amis, la société, etc. ; c’est là-dessus qu’il fonde le bonheur de sa vie ; aussi ce bonheur s’écroule-t-il quand il les perd ou qu’il y rencontre des déceptions. Pour désigner cet état de l’individu, nous pouvons dire que son centre de gravité tombe en dehors de lui. C’est pour cela que ses souhaits et ses caprices sont toujours changeants : quand ses moyens le lui permettent, il achètera tantôt des villas, tantôt des chevaux, ou bien il donnera des fêtes, puis il entreprendra des voyages, mais surtout il mènera un train fastueux, tout cela précisément parce qu’il cherche n’importe où une satisfaction venant du dehors ; tel l’homme épuisé espère trouver dans des consommés et dans des drogues de pharmacie la santé et la vigueur dont la vraie source est la force vitale propre. Pour ne pas passer immédiatement à l’extrême opposé, prenons maintenant un homme doué d’une puissance intellectuelle qui, sans être éminente, dépasse toutefois la mesure ordinaire et strictement suffisante. Nous verrons cet homme, quand les sources extérieures de plaisirs viennent à tarir ou ne le satisfont plus, cultiver en amateur quelque branche des beaux-arts, ou bien quelque science, telle que la botanique, la minéralogie, la physique, l’astronomie, l’histoire, etc., et y trouver un grand fonds de jouissance et de récréation. À ce titre, nous pouvons dire que son centre de gravité tombe déjà en partie en lui. Mais le simple dilettantisme dans l’art est encore bien éloigné de la faculté créatrice ; d’autre part, les sciences ne dépassent pas les rapports des phénomènes entre eux, elles ne peuvent pas absorber l’homme tout entier, combler tout son être, ni par conséquent s’entrelacer si étroitement dans le tissu de son existence qu’il en devienne incapable de prendre intérêt à tout le reste. Ceci demeure réservé exclusivement à la suprême éminence intellectuelle, à celle qu’on appelle communément le génie ; elle seule prend pour thème, entièrement et absolument, l’existence et l’essence des choses ; après quoi elle tend, selon sa direction individuelle, à exprimer ses profondes conceptions, par l’art, la poésie ou la philosophie.

Ce n’est que pour un homme de cette trempe que l’occupation permanente avec soi-même, avec ses pensées et, ses œuvres est un besoin irrésistible ; pour lui, la solitude est la bienvenue, le loisir est le bien suprême ; pour le reste, il peut s’en passer, et, quand il le possède, il lui est même souvent à charge. De cet homme-là seul nous pouvons dire que son centre de gravité tombe tout entier en dedans de lui-même. Ceci nous explique en même temps comment il se fait que ces hommes d’une espèce aussi rare ne portent pas à leurs amis, à leur famille, au bien public, cet intérêt intime et sans borne dont beaucoup d’entre les autres sont capables, car ils peuvent en définitive se passer de tout, pourvu qu’ils se possèdent eux-mêmes. Il existe donc en eux un élément isolant en plus, dont l’action est d’autant plus énergique que les autres hommes ne peuvent pas les satisfaire pleinement ; aussi ne sauraient-ils voir dans ces autres tout à fait des égaux, et même, sentant constamment la dissemblance de leur nature en tout et partout, ils s’habituent insensiblement à errer parmi les autres humains comme des êtres d’une espèce différente, et à se servir, quand leurs méditations se portent sur eux, de la troisième au lieu de la première personne du pluriel.

Considéré à ce point de vue, l’homme le plus heureux sera donc celui que la nature a richement doté sous le rapport intellectuel, tellement ce qui est en nous a plus d’importance que ce qui est en dehors ; ceci, c’est-à-dire l’objectif, de quelque façon qu’il agisse, n’agit jamais que par l’intermédiaire de l’autre, c’est-à-dire du subjectif ; l’action de l’objectif est donc secondaire. C’est ce qu’expriment les beaux vers suivants :

Πλουτος ο της ψυχης πλουτος μονος εστιν αληθης,
Τ’ αλλα δ’εκει ατην πλειονα των κτεκνων.
(Lucien, Anthol., I, 67.)

(La richesse de l’âme est la seule richesse ; les autres biens sont féconds en douleurs). — (Trad. E. Talbot. 12e épigr.)


 

 

Quête de vérité sur un phénomène étrange venant d'ailleurs

Bien que l'on ne peut s'empêcher d'imaginer l'inconnu

Cette réalité tourmente sans égards, et sans ménager les âmes

Bien que cette fatalité malmène les illuminés

Par prévenance elle donne de l'attention aux contactés

Cependant quand un faussaire est aussi un miraculé

Et que d'autre part le phénomène étrange anime les passions

Une histoire où la réalité et l'illusion se mêle si adroitement

Un contacté devient faussaire du phénomène étrange

Alors que le phénomène joue l'inversion des rôles

Fausser le pseudo faussaire pour retrouver un contact

Et à travers l'illusion exalter la découverte du réel

Cela ne simplifie pas la compréhension de la chose

Lorsque la chose diffère tant du nom de la chose

Le mieux, c'est quand le faussaire c'est le faussaire

Et que le cheminement mène pas à pas vers la réalité

Mais il est si difficile de sortir d'un univers de fiction

De se dépasser et apercevoir la réalité dans l'illusion

Il n'y a pas de baguette magique ni de pilules miracles

Rien n'y fait, le phénomène étrange continue de jouer

Sur quel fil tirer pour sortir du labyrinthe ?

Qui osera passer de l'autre côté du miroir ?