LEXIGRAMME


« Il y a donc une Réalité suprême éternelle, absolue et infinie. Parce qu’elle est absolue et infinie, elle est en essence indéterminable. Elle est indéfinissable et inconcevable par le Mental fini et définissant ; elle est inexprimable dans un langage créé par le Mental ; elle n’est descriptible ni par nos négations, neti neti (car nous ne pouvons la limiter en disant qu’elle n’est pas ceci, pas cela), ni par nos affirmations, car nous ne pouvons la fixer en disant qu’elle est ceci, cela, iti iti. Et cependant, bien qu’elle nous soit inconnaissable de cette façon, elle n’est pas absolument et de toutes manières inconnaissable ; elle est évidente pour elle-même, et quoique inexprimable, elle est cependant évidente pour une connaissance par identité dont l’être spirituel en nous doit être capable ; car cet être spirituel, en son essence et en sa réalité intime et originelle, n’est autre que cette suprême Existence.

Mais, bien qu’il soit ainsi indéterminable pour le Mental, à cause de son caractère d’absolu et d’infinité, nous découvrons que cet Infini suprême et éternel se détermine à notre conscience dans l’univers par des vérités réelles et fondamentales de son être qui sont au-delà de l’univers et en lui, et qui sont la base même de son existence. Ces vérités se présentent à notre cognition conceptuelle comme les aspects fondamentaux sous lesquels nous voyons la Réalité, omniprésente et en faisons l’expérience. En elles-mêmes, elles sont saisies directement, non par une compréhension intellectuelle, mais par une intuition spirituelle, une expérience spirituelle dans la substance même de notre conscience ; mais elles peuvent aussi être saisies en conception par une idée vaste et souple, et elles peuvent être exprimées de quelque manière par un langage souple qui n’insiste pas trop sur une définition rigide, et ne limite pas l’idée dans sa largeur et sa subtilité. Pour exprimer cette expérience ou cette idée avec quelque approximation, il faut créer un langage qui soit à la fois intuitivement métaphysique et poétiquement révélateur, admettant des images significatives vivantes comme véhicule d’une indication précise, frappante, suggestive - un langage comme celui qui rythme, imposant, subtil, fécond le Véda et les Upanishads. Dans la langue ordinaire de la pensée métaphysique, nous devons nous contenter d’une indication lointaine, d’une approximation atteinte par des abstractions qui peuvent encore rendre quelque service à notre intellect, car c’est ce genre de langue qui sied à notre méthode de compréhension logique et rationnelle ; mais pour que ce mode d’expression soit véritablement utile, l’intellect doit consentir à dépasser les limites d’une logique « finie » et s’accoutumer à la logique de l’Infini. A cette condition seulement, dans cette manière de voir et de penser, parler de l’Ineffable cesse d’être paradoxal ou futile : mais si nous nous obstinons à appliquer à l’Infini une logique finie, la Réalité omniprésente nous échappera, et ce n’est pas elle que nous saisirons, mais une ombre abstraite, une forme morte pétrifiée en mots, ou une dure inscription incisive qui parle de la Réalité sans parvenir à l’exprimer. Il nous faut une voie de connaissance adaptée à ce qui est à connaître ; sinon nous n’aboutissons qu’à une lointaine spéculation, à un diagramme de connaissance et non à une connaissance véritable. » Sri Aurobindo, La vie divine, tome 2, chapitre trentième

 


Preuve ontologique de Gödel :

Définition 1 : x est divin (propriété que l'on note G(x)) si et seulement si x contient comme propriétés essentielles toutes les propriétés qui sont positives et seulement celles-ci.
Définition 2 : A est une essence de x si et seulement si pour chaque propriété B, si x contient B alors A entraîne nécessairement B.
Définition 3 : x existe nécessairement si et seulement si chaque essence de x est nécessairement exemplifiée.
Axiome 1 : Toute propriété strictement impliquée par une propriété positive est positive.
Axiome 2 : Une propriété est positive si et seulement si sa négation n'est pas positive.
Axiome 3 : La propriété d'être divin est positive.
Axiome 4 : Si une propriété est positive, alors elle est nécessairement positive.
Axiome 5 : L'existence nécessaire est positive..

De ceux-ci et des axiomes de la logique modale, on déduit, dans l'ordre :

Théorème 1 : Si une propriété est positive, alors elle est possiblement exemplifiée.
Théorème 2 : La propriété d'être divin est possiblement exemplifiée.
Théorème 3 : Si x est divin, alors la propriété d'être divin est une essence de x.
Théorème 4 : La propriété d'être divin est nécessairement exemplifiée



Au presbytère de la paroisse du ’’ Père siffleur ’’
Bien que trop souvent, l’église en soit déserte
Car faute d’un lieu qui n’a plus de valeur
Dépend la renaissance d’une terre à perte…
En dépit de bons sens, le ’’ Père Limpinpin ’’
Faisant bonne mine devant cette misère
Gardant le sourire et dans les poches, ses mains
Honteux de rougir à défaut de colère…
Ils s’ennuyaient à mourir, aux dires du ’’ Père Pétuel ’’
Jamais il n’avait vu une chose invraisemblable
Kiosques et boutiques pourront fournir l’étincelle
Lentement consumées par une flamme interminable…
Mais dans un élan de fougue, le ’’ Père sévère ’’
Néanmoins pas si sévère que ça d’après les rumeurs
Opta pour une solution radicale et autoritaire
Préconisant la solitude plutôt que le malheur…
Quoi que pouvait en dire le fameux ’’ Père ok ’’
Rien ne viendrai changer sa positivité
Savourant ainsi le bonheur et tous ses bienfaits
Trouvant la raison auprès d’un abbé…
Un jour, en pleine nuit vient sonner le ’’ Père hill ’’
Voulant à tous prix, rendre les choses plus claires
Waouh ! Quelle surprise, pour un homme aussi puéril
Xénophobe en tous genres mais subtil en la manière…
Y avait-il une chance que le ’’ Père spicace ’’
Zélateur soit-il, retrouve enfin sa place…

   


« La clef de l’énigme n’est pas l’ascension de l’homme au ciel, mais son ascension ici-bas dans l’Esprit et la descente de l’Esprit dans son humanité ordinaire, une transformation de la nature terrestre ; c’est cela que l’humanité attend, une naissance nouvelle qui couronnera sa longue marche obscure et douloureuse, et non quelque salut post mortem. » Sri Aurobindo, Le cycle humain.

 


« On compte près de cent milliards d’étoiles qui évoluent dans le cercle de la Voie Lactée, et il y a longtemps que d’autres espèces sur les mondes d’autres soleils ont dû atteindre, puis dépasser le degré auquel nous sommes parvenus. Songez à de telles civilisations dans un passé si reculé dans le temps, peu après la Création, maîtresses d’un univers si jeune que la vie n’était encore apparue que sur une poignée de planètes. Leur solitude devait être inimaginable, la solitude des dieux regardant l’infini sans trouver personne à qui communiquer leurs pensées. Ils ont dû, ces solitaires, fouiller les amas d’étoiles comme nous avons exploré les planètes de notre univers. Il devait y avoir des mondes partout, mais déserts, ou seulement peuplés de choses rampantes et sans cerveau. Telle était notre Terre, avec la fumée de ses grands volcans qui souillait encore la nue, quand ce premier vaisseau des peuples de l’aube est arrivé de l’espace infini, d’au-delà de Pluton. Il dépassa les mondes extérieurs glacés, car ses occupants savaient bien que sur ceux-là la vie ne viendrait jamais jouer de rôle dans leur destin. Puis il s’est arrêté parmi les planètes intérieures qui se chauffaient au soleil en attendant le commencement de leur Histoire. Ces errants ont dû examiner la Terre, qui oscillait en toute sécurité entre le feu et la glace, et ils ont dû deviner qu’elle était la favorite entre les enfants du Soleil. Sur ce globe, dans un futur lointain, il y aurait de l’intelligence; mais il restait des étoiles innombrables à explorer, aussi ne sont-ils jamais revenus dans nos parages. Alors ils ont laissé une sentinelle, comme ils ont dû en placer des millions dans l’Univers, pour surveiller tous les mondes où existait une promesse de vie. C’était un phare qui tout au long des âges avait signalé patiemment que personne ne l’avait encore découvert. Peut-être comprenez-vous maintenant pourquoi la pyramide de cristal était placée sur la Lune plutôt que sur la Terre. Ses constructeurs ne s’intéressaient pas aux races qui luttaient encore pour sortir de l’état sauvage. Ils ne s’intéresseraient à notre civilisation que si elle démontrait notre capacité de survivre... en traversant l’espace, échappant ainsi à notre berceau, la Terre. C’est d’ailleurs le défi que doivent relever tôt ou tard toutes les espèces intelligentes. Et le défi est double car il repose sur la conquête de l’énergie atomique, dernier choix entre la vie et la mort. Une fois passé cet instant de crise, il ne nous fallut que du temps pour trouver la pyramide et l’ouvrir. Maintenant, elle n’envoie plus de comptes rendus et ceux dont c’est le devoir vont reporter leur pensée vers la Terre. Peut-être pour aider notre civilisation dans l’enfance. Mais ils doivent être infiniment vieux et les vieux sont souvent follement jaloux de la jeunesse. Je ne peux plus regarder la Voie Lactée sans me demander de quelle constellation viendront les émissaires. Si vous me pardonnez cette plate comparaison, nous avons déclenché l’alerte à l’incendie et nous n’avons plus qu’à attendre les pompiers. Je ne pense d’ailleurs pas que nous ayons longtemps à attendre.» La Sentinelle, Arthur C. Clarck