«Nous sommes les tout premiers bénéficiaires d'une carte de réfugiés d'origine extraterrestre».
Citation de Igor Bogdanov, frère bien connu de Grichka, VSD du 17/09/09


Cette déclaration sonne comme un exagération. Faut-il y voir le geste d'un demandeur d'asile qui espère la réalisation du privilège tant convoité d'une émigration extraterrestre choisie ? On peut aussi se demander s'il bénéficie véritablement des droits qu'il vante. Possède t-il véritablement une carte définitive ou seulement le récépissé qui fait patienter les nombreux demandeurs face à une administration lente dans l'examen d'un dossier. Pour avoir une carte de refugié, ne faut-il pas déjà être sur le territoire d'accueil et la présenter comme une preuve de conformité avec la réglementation de la planète d'arrivée ? A moins qu'il ne s'agisse de l'obtention d'un titre frauduleux avec l'aide de passeurs et de réseaux d'exfiltration vers d'autres mondes. Ce qui laisserait supposer toute une organisation clandestine pour vendre du rêve et profiter de la faiblesse de personnalités en détresse qui rêvent d'une vie meilleure dans un espace lointain.

Ils sont bien hypocrites ces intellectuels ou ces biens pensants qui donnent des leçons pour sauver la planète Terre mais qui ne pensent qu'a la quitter si l'opportunité se présente. Ils sont nombreux à avouer être prêts à quitter la Terre à bord d'un vaisseau spatial extraterrestre avec comme bagage une valise et une brosse à dents. La volonté de fuir ce monde menacé par les désastres est bien vivace. Cette tentation est révélatrice de nouveaux comportements de ces émigrants qui tentent par tous les moyens d'attirer l'attention. Et ils n'hésitent plus à utiliser des réseaux d'influence, des contacts rapprochés, pour faire parti d'un cercle de privilégiés pour cette hypothétique candidature à l'exil.

Désespoir ou lâcheté humaine. Vouloir quitter un monde en détresse pour un autre dont on ne connait rien relève d'un bien étrange paradoxe. Qui leur dit que l'herbe sera plus verte ailleurs et qu'une meilleure vie est possible à la fin du périple ? Je ne parle même pas de l'accueil et des conséquences d'une réadaptation forcée. Rien ne dit que les conditions soient plus favorables ailleurs. C'est toujours la même fuite en avant plutôt que d'œuvrer à la reconstruction de son propre monde natal.

Peut-on les dissuader de partir ? Est-ce que l'on peut empêcher, un candidat à l'asile extraterrestre, un refugié écologique, des émigrés pour un voyage extraterrestre, à revenir sur leur décision et rester sur Terre ? Est-ce que l'on peut encore les raisonner en disant que la planète qu'ils veulent tant quitter a maintenant plus que jamais besoin d'eux ? Peut-on encore leur expliquer que si les conditions deviennent extrêmes c'est finalement une étape nécessaire et suffisante pour la création d'une nouvelle civilisation ? Mais ce n'est que peine perdu, les paroles ne suffisent plus pour faire appel à un comportement raisonnable. Une fois que l'on est engagé pour un exil, il faut vivre les difficiles étapes du transit, mettre sa vie en péril pour juger par soi-même ce que l'on est prêt à sacrifier.

Si la situation était inversé. Que ferions-nous si nous avions à gérer un camp de refugiés en provenance d'une autre planète ? Nous ne sommes pas des exemples à suivre. Il suffit de constater la catastrophique gestion sociale et politique des immigrés partout autour du monde. La situation serait encore plus impressionnante et toutes les défaillances humaines se révéleraient au grand jour si nous devions nous occuper de véritables extraterrestres. C'est vraisemblablement toute la palette des comportements de colonisateurs que nous verrions émerger. De l'impossibilité de gérer un choc culturel à la ségrégation la plus brutale, avec son lot de pillages, d'expérimentations sur des cobayes vivants, d'humiliations organisées, de saccages perpétrés sous le consentement d'une classe politique indifférente et cupide. C'est pourtant le climat de haine d'une population humaine qui ne supporte pas la différence qu'il faudrait savoir gérer.

Sommes-nous vraiment capables de supporter cet inconnu qui vient d'ailleurs, de surmonter les différences non seulement pour atteindre une surhumanité mais aussi vivre dans la confiance et le respect mutuel ? Je crains que le chemin à faire soit très long tant les préjugés restent profondément ancrés. Il faudrait plus d'une génération pour faire évoluer les mentalités vers un état d'acceptation et d'empathie envers des entités biologiques extraterrestres. Pour le moment, le seul conseil que je puisse donner c'est de ne pas demander de carte de réfugié d'origine extraterrestre et de rester sur notre planète Terre. Et quand bien même la situation peut paraître désespérée, il reste tant de choses importantes à réaliser pour améliorer notre sort collectif. Il n'est jamais trop tard pour assumer notre responsabilité et travailler à la construction d'une civilisation qui survivra à nos propres crimes.

Je décourage donc fortement toute candidature à l'émigration extraterrestre et dénonce toutes ces tentatives désespérées de fuite en avant. Je sais bien que c'est difficile car il y en aura toujours pour succomber à cette tentation dans l'espoir d'une belle vie. A ceux là, je leur dis de bien réfléchir, peut être vaut-il mieux affronter les malheurs d'un monde que l'on connait plutôt que ceux d'un autre monde dont on ne connait rien.

Mel Vadeker, octobre 2009