Compétitions sportives non mixtes : cadeau empoisonné pour les femmes
Par Gerald, http://gerald.t2u.com/

Dans les sports où les champions des deux sexes sont de valeur comparable (jumping), rien ne s'oppose à la mixité.

Dans les sports largement dominés par les hommes, avec la non mixité des compétitions, la cause des femmes perd plus qu'elle ne gagne :
- d'un côté, le fait de faire concourir hommes et femmes dans des compétitions séparées permet de voir des femmes dans une finale.
- d'un autre, cela "officialise" le fait que, par exemple, le tennis féminin soit de moindre niveau que le tennis masculin. Du coup, les matchs avec ces tenniswomen intéressent moins de monde.

L'audimat d'une finale dames de Winbledon est du même ordre que celui d'un quart de finale hommes. La non mixité ne rétablit donc pas une visibilité médiatique égale pour les champions des deux sexes. L'écart d'intérêt subsiste dans le public : car ce qui retient le téléspectateur devant son écran n'est pas le fait de voir un match baptisé "finale" mais le fait de voir un certain niveau de performances athlétiques.

Par contre la situation actuelle encourage les gens à penser que les femmes sont incapables d'affronter les hommes de manière équitable et qu'elles sont, de part leur constitution physique, moins aptes que les hommes à réussir dans le sport.

Or il s'agit là d'un préjugé sexiste. Les performances supérieures des hommes n'ont dans la quasi totalité des sports rien à voir avec la biologie. Elles sont dues au fait qu'il y a bien plus d'hommes que de femmes engagés dans les compétitions. Plus il y a de personnes engagées dans une compétion (de longue durée), plus le niveau est élevé.

(C'est aussi la raison pour laquelle les pays riches détiennent la majorité des médailles olympiques et records du monde. Ces pays ne représentent qu'un sixième de la population mondiale mais abritent l'essentiel de la population "sportive" de la planète. De même un petit pays comme la Nouvelle Zélande peut dominer le rugby mondial car il a 3 millions de licenciés dans ce sport).

Si les compétitions étaient mixtes, les femmes affronteraient souvent des adversaires de sexe masculin bien plus forts qu'elles. Mais il arrive déjà tous les jours qu'une joueuse de tennis classée aux environs du 100° rang mondial rencontre en huitièmes de finale une Martina Hingis ou une Venus Williams. Où est la différence ?
Doit on faire des compétitions séparées pour tous les sous groupes de population qui ont du mal en sport ? Les athèles noirs dominent le sprint ou la boxe depuis des décennies. Mais, fort heureusement, on ne fait pas pour autant des épeuves séparées, noirs d'un côté, blancs de l'autre. Noirs et blancs sont égaux et que le meilleur gagne. Le fait que ce soient toujours des noirs qui gagnent n'est pas un problème. Cela prouve simplement qu'ils se sont plus entraînés.

Les jeunes dominent toutes les compétitions. Ce n'est pas un problème non plus. Cela prouve simplement qu'ils sont plus performants que les champions qu'ils déboulonnent de leur piédestal.
Hommes et femmes sont égaux. Il n'y a pas plus de raisons de les séparer que de séparer noirs et blancs, ou vieux et jeunes.

Si les match de tennis étaient mixtes, les actuelles finalistes dames atteindraient au moins le stade des quarts de finales et seraient regardées par autant de téléspectateurs qu'aujourd'hui. Une telle situation mettrait autant en valeur - si ce n'est plus - les talents tennistiques des dernières femmes encore en compétition à ce stade du tournoi. Tout comme on dit actuellement "les derniers français encore en lice"... les commentateurs diraient : "la seule femme encore en lice".

Cela motiverait certainement autant les futures championnes à s'entraîner. Et je suis certain qu'un jour, dans des tas de sports, la première place serait occupée par une femme et non un homme.

En 1996, Daniel Money devint le sprinter blanc le plus rapide du monde (10:16 aux 100 mètres). Le titre est plutôt sympa pour quelqu'un qui est si loin derrière Maurice Greene. De même, si les compétitions étaient mixtes, rien n'empêcherait de continuer à faire un classement "femmes" (en tennis : WTA). On dirait de telle joueuse 36° au rang mondial (hommes et femmes confondus) qu'elle est, par exemple, 4° meilleure joueuse au monde chez les femmes.

Quelle est l'origine de cette non mixité des compétitions sportives ? Est ce du à la galanterie de ceux qui, au XIX ° siècle, ont jeté les bases du sytème actuel ? Non. Plutôt à la mysoginie de la société de l'époque. En effet, dans le domaine musical, la mixité des concours n'a posé de problème à personne en dépit d'une domination masculine écrasante. Depuis toujours, 90% des concours internationaux de pianistes ou violonistes virtuoses sont remportés par des hommes. Idem en France pour les concours nationaux de conservatoire, remportés presque toujours par des garçons. On ne fait pas pour autant des concours séparés, garçons d'un côté, filles de l'autre.
Seulement voila : au XIX° siècle, le fait qu'une femme joue du violon ou du piano paraissait naturel.