Un texte que j'ai reçu, une contribution que je mets en ligne tel quel. Un document réalisé par lucile. 1997
     
    Communautés virtuelles?
       
    Texte source à l' @dresse http://www.well.com/user/hlr/texts/VCcivil.html
     
     

    Les communautés virtuelles

     
     
    Comme je n'ai absolument aucune culture sur ce sujet, je commencerai par résumer un texte de Jan Fernback et de Brad Thompson , intitulé : "Virtual communities: Abord, retry, failure?", qui donne un aperçu des points de vue les plus courants aux U.S.A sur les communautés virtuelles ; avant de conclure.
     
    Je traduis le titre par "Communautés virtuelles: Avortement, révision, échec?". L' introduction commence par un parallèle avec le passage de la société rurale à la société industrielle, et de notre passage à une société post-industrielle. Elle insiste sur la notion de communauté et sur la nécéssité de communiquer pour en former une.
     
    Les auteurs décrivent la perte d' identité nationale au profit de l' émergence d' un tribalisme international ; Barder (1992) : "The twin forces of "Jihad" & "Mac World"." est cité comme exemple avec Kumar (1988) qui parle de "Model Industriel Occidental Mondial". Ils développent aussi l' idée de Sennett (1977) sur le changement de la notion de communauté avec: "une perte de vitesse de la république couplée avec la progréssion de l' individualisme".  Les notions de public et de privé sont opposées, la première étant liée à la création humaine et la seconde à sa condition.
     
    On passerait d' une société dite de "Gemeinschaft" appuyée sur le statut social et l' homogéneité culturelle, à une société dite de "Gesellschaf" individualiste, impersonnelle et contractuelle.
     
    La personne privé et le public seraient en train de fusionner. Sennett explique qu' avec l' industrialisation et le concept de "société de masse " les gens ont été atomisés, d' où une nostalgie romantique et une recherche de communauté "de personnes ayant les mêmes affinités d' idées plutôt que des communautés liées au territoire". Elle explique que: "le mythe d' une absence de communauté, comme celui de communauté sans âme, ou de foule vicieuse, visent en faite à déifier les hommes afin de sortir de la communauté pour être soi-même. Plus ce mythe de vide impersonnel.. . devient commun, plus on se sentira moralement justifié dans la destruction de l' essence de l'urbananité ; laquelle étant ce qui permet aux hommes d' agir ensemble sans être nécéssairement identiques.".
     
    Quelques citations autour du Computeur-Mediated-Communication allias le C.M.C :
     
      Mc Luhan (1964) "C.M.C suprime l' espace et le temps. On converge vers des villages planétaires sans frontière."
       
      Boorstin (1978) "République de la technologie, C.M.C rapproche les nations, elle diminue les différences entre les expériences de ses membres.".
       
      Meyrowithz (1985) "La communauté souffre de sa confusion entre le lieu et l'accessibilité au net et à l'information. Il y a des "ghettos" dans l'absence d' accès à l' information."
       
      Luke (1993) "Nouvelle Classe" de l' élite informatique, retour à une société tribale. Dualité Client-Consommateur. Il n' y a qu' un agrégat d' individus atomisés et organisés dans une géographie d'unités légales discrètes. La communauté étant centrée sur une faible divergence d' intérêts.
     
    On aboutit à  une plus grande cohésion dans des communautés d' intérêts et à une atomisation tribale."
     
    Tous, Barder, Mc Luhan, Boorstin, Meyrowithz & Luke  sont au moins d' accord sur le fait que la notion de communauté change.
     
    Le C.M.C, est à la fois un Mass-média et un média interpersonnel. C'est un nouveau mode de communication et comme il y' a 25 Millions d' utilisateurs, il affecte forcément la vie sociale. Il englobe l' économie, le politique, le social et le culturel ; tout ce qui fait une communauté d' aprés Van Vliet & Burgers (1987).
     
    Ensuite un chapitre complet est consacré à la question : La communauté virtuelle existe -t-elle vraiment ou est ce simplement un simulacre post-moderne?
     
    D' aprés Reingold (1993) "Elles ne sont qu' un agrégation sociale qui émerge du net, quand suffisamment de gens restent sur une discussion publique assez longtemps, avec ce qu' il faut de sentiments humains, pour former des bribes de relations personnelles dans l' espace cyber." Et il déplore l' absence de contacts physiques.
     
    A l' opposé, Mills (1959) défend le cyber : "qui n' est pas "un monde de seconde main", et il décrit ses expériences réelles, dont la rencontre de sa femme. Pour lui c' est tout sauf une fantaisie "cyberpunk".
     
    Les auteurs décrivent l' I.R.C (Internet-Relation-Chat), ses modes spécifiques d' écriture et la NETIQUETTE, l'éthique net. Ces deux éléments forme la culture propre du net et donc son existence.
     
    La netiquette est basée sur deux piliés : 1- La protection de l'individualisme 2- celle du net-work. Les  sanctions sont l' ostracisme à divers degrés.
     
    Ils présentent une  éxperience de démocratie directe, via le net, faite à Santa Monica : Le  P.E.N (Public-Electronique-Network). Il y' a aussi des commentaires faits à la conférence sur le COMMUNET : la communauté branchée et la construction d' une communauté à travers le net.
     
    Pour Schawrtz "Les tabloids de bulletins par ordinateur complètent le mécanisme final qu' il manquait pour être sûr que nous ne parlerions plus avec nos proches, de quoi que ce soit même de personnel. La communication planétaire CMC remplacera la communauté de lieu où nous seront." Mais il finit tout de même par admettre qu'elle pourrait aussi relancer des discussions à un niveau  local.
     
    Il pense que le CMC renforce l' individualisme ou la communauté, selon notre  vision de la société ,celle-ci formant nos usages. Il se demande si le CMC fragmente, réssuscite ou crée un ersatz de la société?
     
    Caro Ferguson (1994) "Préfère la communauté d' esprit à celle de la proximité physique. Et ne se préocupe pas du moyen de contacter les autres."
     
    Rheingold (1992) Pense que "c'est une réponse à la faim de communauté résultant de la désintégration des communautés traditionnelle à travers le monde."Il dit aussi que: "Il y' a une grande sensation de "lieu" à l'intérieur de "WELL", gagner des connaissances ou trouver la communion est une "glu" sociale."
     
    Catalfo (1993) constate que les rites qui tournent autour de la maladie, du sexe et de la mort perdurent dans le CMC.
     
    Un autre thème abordé est celui de réalité de la démocratie sur le net. Sous le titre MONEY et KNOWLEDGE, ils citent :
     
      Luke (1993) "Le CMC est une communauté de gens pré-selectionnés puisque, ils doivent au moins avoir l'argent et le bagage culturel suffisant pour pouvoir accéder au réseau."
       
      Mc Cellan (1994) compare les communautés virtuelles avec les communautés provinciales: "C'est une association de résidents du CYBER de classe moyenne. Plutôt que de remplacer la réalité croulante du public, les CMC contribuent à son déclin. C'est une chose de plus qui garde les gens chez eux et en dehors des rues. De la même façon que la télévision produit des programmes bas de gamme, il y aura des souris bas de gamme. Les gens  se cachent de la vraie vie et perdent leur vie entière - goofing off- dans le CYBER.."
       
      Cela met en avant la dérive émergente du public sur le privé aux U.S.A.
       
      Gannham  (1992) "Il est impossible de concevoir une démocratie viable, sans concevoir dans le même temps  au moins quelques dimensions normatives."
     
     
    Cela pose la question des échéances politiques.
     
    Haberna (1989) définit la sphère publique comme :"un forum pour un débat rationnel dans une sphère d'idées en compétition, le discours public est là pour amener un consensus".
     
    Mais ce consensus est-il possible avec des intérêts publics multiples ?
     
    Les auteurs posent le problème de la politique dans le CYBER et du partage de l'autorité à travers la technologie. Ils citent Winner (1980) pour qui : "la technologie a une signification directe en termes de politique et d'idéologie. Premièrement la forme d'une technologie peut influencer les relations de pouvoir ...c'est-à-dire comment l'autorité est distribuée parmi ceux qui sont touchés par elle. Deuxièmement une technologie une fois adoptée mènera inévitablement à certains schémas d'autorité institutionnelle."
     
    Ils pensent que la technologie doit au moins être considérée dans le contexte de son utilisation. Les utilisateurs de CMC n'en ont pas conscience , mais s'il se formait des liens sociaux , ceux qui n'ont pas accès au NET en seraient exclus.
     
    Avec la baisse du prix des ordinateurs , ils prévoient un effet de protection, une barrière pour entrer dans ce monde: plus d'exigences en matériel, en temps ou en connaissance.
     
    Les auteurs concluent sur le risque du CMC : des communautés instables.  Le face à face disparaît car il n'est pas "efficace", alors qu'il permettait l'émergence d'un consensus grâce à sa souplesse.
     
    Ils dénoncent  les forces qui établissent les communautés virtuelles comme ayant leur propre agenda avec des finalités de contrôle et de pouvoir. Malgré que la plupart des utilisateurs pensent que le contrôle est diffus, les auteurs pensent eux que les scientifiques et les techniciens font les spécifications qui les arrangent au plan pratique et vénal, qu'ils nomment "efficaces" et qu'ils se soucient peu des utilisateurs. De même les auteurs attribuent la complexité de DOS et d'UNIX, à la volonté de ceux-ci d'exclure la majorité des utilisateurs de la maîtrise de leur propre outil, cela pour induire une certaine dépendance et imposer l'usage de leurs produits.
     
    Les auteurs dénoncent aussi  l'utilisation des sites pédérastes pour justifier des contrôles.
     
    Ils mettent également en lumière notre insidieuse habitude de penser de manière centralisée. Leur conclusion est que s'il y a une communauté virtuelle , elle est aussi virtuellement communautaire .
     
    En bref, ma conclusion est qu'il n'y a pas de miracle : les gentils organisateurs du "club net" sont là pour se faire de la tune et garder le pouvoir. Les technophiles sans réserve aident à vendre du matériel; ceux qui nient  les communautés virtuelles leur empêchent d'obtenir des droits. Donc, la démocratie via le NET, ce n'est vraiment pas gagné. Si les communautés sont virtuelles , les enjeux socio-économiques et politiques sont aux bien réels.
 
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