Une idée pour un court métrage.
 

LE RESTAURANT ( mel vadeker, 1995)

Un étudiant d’une vingtaine d’années retrouve sa copine dans un restaurant. Son amie est une étudiante en psychologie. Il lui raconte son rêve et il visualise ses souvenirs. Il lui raconte les moindres détails car c’est un rêve qu’il fait souvent.
 
 

Ronald :
A propos de paranormal, j’ai fait un rêve pas très normal qui demande une interprétation de spécialiste. Donne-moi ton avis.

Lucile :
Raconte-moi tout dans les détails, calmement.

Ronald :
Voilà comment commence mon rêve ou plutôt mon cauchemar.
C’est la nuit, je suis chez moi dans mon appartement. Je regarde par la fenêtre et je vois mon voisin me dévisager. Il est en train de sortir ses poubelles, soudain, je vois mon insecte domestique, le cafard géant sortir de l’ombre et se diriger silencieusement vers lui.

Lucile :
Attends, je prends des notes. Un cafard, tient donc…

Ronald :
Et là, le choc, je vois le cafard géant avaler mon voisin et le déglutir juste après encore vivant mais tout englué.

Lucile :
Tu fais des rêves à la Kafka, intéressant…

Ronald :
Le problème c'est que cet insecte est mon colocataire. Je rêve qu’il grossit jour après jour. Il se nourrit de ce que je lui cuisine, c’est un gastronome au palet délicat.

Lucile :
De mieux en mieux, un cafard géant qui savoure la bonne cuisine… Continue.

Ronald :
Je le vois encore à travers la fenêtre. Le cafard frappe sur mon voisin qu’il a recraché, il  renverse la poubelle. Il est en rage parce qu’il a très faim. Il essaie de se faire un repas mais sans succès. Je n’ai qu’une idée en tète, la crainte qu’il revienne à la maison me réclamer à manger.

Lucile :
Ton colocataire est donc un insecte dans ton rêve. Un coloc. qui te mène la vie dure…

Ronald :
Ouais ! Mais que faire d’un tel colocataire ? Il m'envahit et rentre dans ma chambre tout le temps. Il me force à cuisiner et à faire ses quatre volontés. Il veut toujours que je lui prépare des repas épicés.

Lucile :
Et en plus il te parle dans tes rêves ?

Ronald :
Oui, il me parle, il a une bouche et il s’en sert pour m’insulter et me donner des ordres.

Lucile :
Raconte-moi la suite de ton rêve.

Ronald :
Dans mes rêves, je le vois prendre du poids au fil des jours. On dirait que mon cauchemar évolue avec ma propre vie et les problèmes de mon quotidien.

Lucile :
Une sorte de cauchemar interactif en quelque sorte, avec une touche de fantastique. Ce cafard géant il te traumatise dans ton rêve ?

Ronald :
Oui, la première fois que j’ai rêve de lui, il était tout petit, et, au fil du temps mon cauchemar a évolué, jour après jour, le cafard changeait.

Lucile :
Tu as rêvé de la croissance d’un insecte qui parle ? Hum…curieux…

Ronald :
Cette semaine, il a pris en longueur et en largeur, il est maintenant plus grand que moi !

Lucile :
Merde alors, voilà que tu deviens la victime d’un film d’horreur, hum. Raconte la suite. Il parle, il grossit, qu’est ce qu’il sait faire d’autre ?

Ronald :
 Il est également très cultivé, c’est un esprit raffiné. C’est normal, il a passé toute son enfance à parcourir de long en large les rayons de ma bibliothèque. A l’époque je ne voyais rien à redire, il était petit et amusant. Je lui conseillais certaines lectures. Il allait même lire dans la bibliothèque des autres locataires de l’immeuble, vu sa petite taille il pouvait se permettre cette folie.  Mais depuis quelques semaines, il est devenu très intelligent et beaucoup plus futé que moi. J’ai tenté à maintes reprises de le chasser de mon domicile mais sans succès !

Lucile :
Ca commence à devenir glauque ton rêve…

Ronald :
Désespéré j'ai essayé de l’empoisonner avec de la poudre à récurer et j’ai eu la surprise de constater que cela lui faisait l’effet inverse, un effet euphorisant. Il prenait son pied, il devenait drogué à la poudre. J’ai alors arrêté de lui en servir au petit déjeuner car cela le rendait irascible, il me frappait.

Lucile :
Tu lui sers des repas au petit dej ! Insensé, j’oublie que c’est ton univers intérieur qui parle, continue…

Ronald :
Le cafard, il passe sa rage sur les poubelles et il revient. Il rentre maintenant dans l’appartement, je le vois se diriger vers la salle de bain. Il va sûrement faire sa toilette avant de me réclamer à manger. J’en profite alors pour l’enfermer et verrouiller la porte avec un meuble. Je sais qu’il est d’une force prodigieuse et qu’il peut déchiqueter sans peine le moindre obstacle que je pourrais construire.

Lucile :
Maintenant, il y a de l’action…

Ronald :
J’ai un instant de répit, pendant qu’il se lave j’essaye de trouver un moyen pour m’évader de ce piège. Je cherche une idée pour le piéger. J’imagine tous les moyens possibles et imaginables pour l’exterminer. A chaque fois cela n’aboutit pas et je suis obligé de lui ouvrir la porte dès qu’il commence à donner des coups.
J'ai peur qu'il s’évade et qu’il me brutalise.

Lucile :
C’est la crise de panique alors ?

Ronald :
Non, pas encore, je prends l’initiative, je téléphone à mon psychanalyste pour lui demander conseil

Lucile :
Hein ! Tu téléphone à un psy dans ton rêve pour de l’aide ? Ca alors, ca commence à devenir de plus en plus intéressant…

Ronald :
Donc, pendant que le cafard est dans la salle de bain, je téléphone et je dis à mon psy ,
- Cet insecte est capable de tout, en ce moment il frappe à la porte, je crois qu'il veut sortir
Donne-moi une idée pour chasser le cafard ou pour le tuer car je commence à être fatigué  de le nourrir gratuitement. En plus il n’arrête pas de grossir !

Il me répond,
- Tu as essayer de faire appel à un exterminateur ?

Je lui dis,
- Oui mais il demande trop cher, j’ai pas les moyens en ce moment. Et mon cafard, il attend, je l’assomme ou quoi ?

Il me sort,
- Vas falloir que tu prennes les choses en main. Tu devras le tuer toi-même

Et la je ne suis pas content car je réponds,
- J'ai peur de porter la main sur la chose, je ne supporte pas de le toucher !

Avec un calme froid, il me lâche,
- Trouve-toi une arme, un pistolet, une hache, une tranconeuse. C’est la seule façon de le tuer.

Là je suis déconcerté, je réponds
- C'est pas une consolation, cela ne m'aide pas à résoudre mon problème, il frappe maintenant à la porte de ma chambre. Je ne sais pas si je vais encore parler longtemps, il a l'air en colère.

Il réfléchit un peu, et me dis,
- D’accord, dès qu’il rentre dans ta chambre, fait un minimum de geste pour ne pas l’énerver. Tu lui parles doucement et t’attend qu’il te tourne le dos pour lui planter une hache sur la tête.

Je suis affolé,
-  J’ai pas de hache, j’ai oublié de l’acheter à la quincaillerie. Ca y est ! Il est rentré dans la pièce, je fais le minimum de geste.

Avec un air moqueur il fait,
- Tu n’as pas non plus de tronçonneuse j’imagine, ni de flingue.

Je suis énervé,
- J’ai rien de tout ca ! J’ai encore des choses à acheter en plus de la bouffe ! Une hache, une tronçonneuse, je ne sais pas si je fais réussir, j'ai jamais tué d'insecte de ma vie.

Il me sort,
- Je t’expliquerais comment faire pour l’exterminer et pour te débarrasser du corps.

Je lui dis,
- Le corps, je n’y avais pas pensé, comment on fait ?

Là , il me fait un commentaire avec un rire,
- Une fois tué, tu le découpes et tu le prépares avec des petits oignons, c’est délicieux. Un vrai régal.

Je m’énerve,
- Que je l’extermine passe encore, mais le découper puis le manger, je crois que c’est au-dessus de mes forces !

Il se calme,
? Mais non, je te donnerais la recette à la prochaine séance du lundi.

Je lui dis juste avant de raccrocher le téléphone,
? D’accord, à lundi alors, pendant ce temps je vais me débrouiller avec lui. Ca y est, il me demande de lui préparer à manger. Je te remercie de tes conseils, je suis forcé de raccrocher, la cuisine m’attend.

C’est alors que je me réveille en sursaut, au moment ou je commence à faire la cuisine.

Lucile :
Hum, j’ai de quoi travailler un moment. Depuis quand fais-tu ce genre de rêves ?

Ronald :
Depuis environ trois mois.

Lucile :
C’est la même époque que notre rencontre.

Ronald :
Presque à la même période, je ne sais plus.

Lucile :
Hum, je vois, je vois, j’analyserai ton rêve à tête reposé.

Ronald :
Prend ton temps surtout, j’aimerais comprendre pourquoi j’ai des nuits si agitées.

Lucile :
Passons à autre chose, j’ai faim, tu me proposes quoi comme plat aujourd’hui ?

Ronald :
Choisi, c’est moi qui régale.

Lucile :
Tu es gentil, c’est toujours toi qui m’invite, pour te remercier, je te ferais un bon repas.

Ronald :
Oui, ca serais un juste retour des choses après tous ceux que je t’ai préparés.

Lucile :
Hein ?

Ronald :
Non, je pensais à une parole que j’ai dite dans mon rêve au cafard.

Lucile :
Ha, bon, passons à autre chose, ton histoire va finir pas me couper l’appétit. J’ai une faim de loup.

Ronald :
Moi par contre moi je vais prendre, léger.