FORUM CINEMA

Ci dessous, trois de mes interventions lors du débat sur l'interprétation du film "2001, l'odyssée de l'espace".


Sujet: Re: Petite question sur le 2001 de Kubrick
A: ici on parle ciné...
Date: 08/09/02

Tout le film de Kubrick repose sur la multiplicité
lyrique et la superposition des impressions sensorielles,
rationnelles, extra sensorielles.

Tu ne peux pas expliquer cette scene comme une
halucination car tu ferais alors le choix d'oublier
toutes les autres niveaux de l'interpretation.

Pour te donner un piste de reflexion, autant
nous pouvons nous meme haluciner le monde
dans nos propres sensations et dans la maniere
dont nous les traitons, autant l'inverse
reste vrai.

En effet, la pensée humaine genere des schemas de
construction de la realité, ce sont des schemas qui
organisent notre maniere d'etre au monde (le subjectif
prend le pas sur le réet tel qu'il est percu) mais dans
un autre mouvement simultané la realité participe
à la construction de nos sens.

C'est reflexif, nous créeons le monde autant qu'il nous
crée et cela peut generer paradoxes et constradictions
dans les manieres dont on peut parler du réel.

moralité : Toute construction conceptuelle est
relative mais tout acte existenciel ne l'est pas.
C'est comme ca que je vois le film dans son ensemble.
Le spectateur devenant pour kubrick le receptacle
de cet acte createur ultime.

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Sujet:  Re[2] Hal / 2001 de Kubrick et la critique comme digression
A: ici on parle ciné...
Date: 09/09/02

Désolé ce n'est pas une digression, mais une interpretation directe
du travail de kubrick sur ce film. D'ailleurs je pense que toute
reflexion sur 2001 est une digression, c'est Kubrick lui meme
qui l'a expliqué a mainte reprise.

Donc ma digression n'en est pas vraiment une puisque j'explique
que construire un raisonnement sur ce film c'est s'ecarter du sujet
principal du film.

D'ou ma phrase :
"Toute construction conceptuelle est
 relative mais tout acte existenciel ne l'est pas."
...Le spectateur devenant pour kubrick le receptacle
de cet acte createur ultime. "

Ma digression est une fausse digression car elle touche
le sujet de 2001 : LE SPECTATEUR EST AU CENTRE DU FILM.

Je vais pas faire un long developpement de cette theorie
sur 2001 mais je pense que j'en ai dit assez pour que
chacun se fasse son idée.

Tu m'inquiete Hal, je ne sais pas si tu es de mauvaise
foi ou si tu ne comprend rien à ce que je dis.
Et pourtant j'utilise pas de langue de bois ni de mot
difficile.

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Sujet: mes dernier msg + theorie du cinéma + 2001
A: ici on parle ciné...
Date: 10/09/02
 

La difficulté que j'ai essayé de montrer dans mes derniers
messages, c'est la complexité des modes d'analyse
sur le cinéma et en particulier sur un theorie de la culture
qui ne soit pas pas contradictoire avec une theorie de
la science.

C'est ainsi que je donne mon point de vue à la fois
scientifique et culturel sur une theorie qui allie
ces deux modes d'analyse.

Si on cherche à être à la pointe, en theorie du cinéma, il
faut voir les dernieres recherches faite avec des
theories socio-cognitives touchant des
domaines pluridisciplinaires.

C'est pour eviter d'accumuler certains contradictions
entre disciplines fermées (culture, sciences, arts, psychologie, etc)
que des courants de recherche de par le monde s'investissent
maintenant dans des etudes transdisciplinaires.

Avec les remarques de Al, on remarque la difficulté
de ce genre de demarche, traduire des concepts de
disciplines scientifiques dans un mode simple afin
d'expliquer le fonctionnement de la culture. En tout
cas d'en donner un apercu selon une certaine approche.

Si certaines d'entre vous, on quelques connaissances
interdisciplinaires, ils pourront comprendre facilement
de quoi il s'agit.

Au sujet de 2001, plus j'analyse ce film et plus
je comprends ce qu'a voulu faire Kubrick. Par contre
c'est difficile à expliquer, il faudrait des heures, et
meme lui a refuser de le faire car ce serait se
prendre soi meme comme sujet de reference.
Alors il faut voir toutes reflexions sur 2001 comme un
rapport intime entre le spectateur et l'oeuvre elle
même. Il y a plusieurs niveaux de construction
dans 2001 qui induisent differentes possibilités
de vivre une emotion unique, et celle ci ne peut
qu'etre restituée que de facon differentes selon
les connaissances de chacun.

Nous avons une boucle cognitive :
2001 (multiplicité) ---> spectateur (emotions uniques et personnelles)
---> interpretation (multiples et relatives) ----> 2001 (interaction et construction du sens)
---> 2001 (multiplicité)

Certains diraient que c'est une approche constructiviste (en sciences cognitives)
mais je crois que Kubrick avait percu les limites du constructivisme au niveau
de l'impossibilité de donner un referentiel unique à toutes analyses futures.
Et pourant le constructivisme est à la mode de nos jours.

Existe t-il d'autres theories qui depassent le constructivisme
et l'integre en même temps pour donner un apercu de cette complexité
humaine, oui c'est certain mais elles sont difficiles d'acces. Ce sont
des theories socio-cognitives et epistemologiques, qui seront à la mode
dans quelques decennies. (voir dans mon site).

Tout ca pour dire, que Kubrick etait en avance sur son epoque, qu'il
avait percu le moyen d'aborder de front dans une oeuvre unique,
l'interaction du spectateur dans la construction d'une oeuvre interactive
de facon lyrique et poetique. C'est ce qui a tant deconcerté les critiques
de l'epoque car ils se retrouvaient au meme niveau que n'importe quel
spectateur.