FORUM CINEMA : Quand le public parle de EYES WIDE SHUT

Posté sur le forum cinéma, une page de commentaires en provenance d'un autre forum.

Sujet: Quand le public parle d'eyes wide shut (comme dans allocine, des spectateurs commentent le film)
A:  ici on parle ciné...
Date:  28/08/01

Voici la page "Spécial Eyes Wide Shut", les lecteurs ont pu
donner leurs avis et critiques sur le film de Stanley
Kubrick du 24/07/99 au 18/05/00. Cette page ne sera plus
mise à jour.


Le 17/05/00

Trop fort. Pendant tout le film j'ai pensé à ma copine (-
enfin mon ex maintenant) en me demandant ce qu'elle faisait
juste là maintenant. Plus sérieusement, franchement un de
mes Kubrick préférés.

Thleary.


Le 9/12/99

J'ai vu Eyes Wide Shut, ce film m'a beaucoup plus, j'ai
même failli applaudir dans la salle. Je n'ai que 19 ans, et
la façon de Kubrick de récrire comment la relation entre un
couple peut évoluer me touche. La femme et l'homme qui vont
voir chacun de leur coté... C'est assez difficile de
trouver mes mots pour décrire ce film. Bien que l'homme
passe à coté de la mort, il est mélé à des affaires qui le
dépassent. Je m'exprime peut être mal pour décrire ce film,
mais je l'ai adoré! J'adore Kubrick et j'adore tout ses
films, surtout Orange Mécanique!

Odie_one.


Le 27/11/99

J'ai vu Eyes Wide Shut la semaine dernière. Dans l'ensemble
le film m'a plu même si parfois j'étais franchement gênée
et troublée par certaines scènes mais je pense que c'était
un peu dans l'intention de Kubrick de nous mettre mal à
l'aise. En tout cas le film était très intéressant un peu
lent et long, mais bien; je voulais le voir pour m'en faire
une idée au lieu de me fier au critiques, c'est chose
faite. Le film vaut vraiment le coup d'oeil.

CONTRAIN.


Le 26/11/99

Quoi qu'on en pense : bien ou mauvais, on ne peux pas
s'empêcher d'en parler. Donc Kubrick a réussi son coup :
faire PARLER les gens.

Eric.


Le 2/11/99

Je suis un inconditionnel de Stanley (Dieu ait son âme...)
et je suis allé voir Eyes Wide Shut avec un certain doute.
L'histoire me semblait peu intéressante et je n'appréciais
pas vraiment le talent de Tom Cruise. Toutes mes
inquiétudes furent changées en émerveillements... Ce n'est
sûrement pas le meilleur Kubrick mais il se classe
certainement dans les meilleurs... Un film intense du début
à la fin. La musique est troublante, envoûtante et
formidable (comme dans presque tous les Kubrick). Quelques
défauts qu'on oublie tellement on est emporté.
Malheureusement, Stanley n'est plus et, je crois, presque
tout le monde en est désolé. Ce génie ne verra jamais
l'année "2001"..... Allez le voir au plus vite.......
Stanley Kubrick 4ever.

RB6_Q91.


Le 31/10/99

Un film très chiant j'ai failli m'endormir pour la première
fois au ciné.

Nini.


Le 22/10/99

Jeudi 21, nous sommes allés voir le dernier film de Kubrick
et nous avons une vision différente. Nous pensons que Bill
est sujet à une machination montée par Alice, afin de
réanimer leur couple, leur amour (elle incite à parler seul
au pianiste, elle explique son rêve qui est la réalité de
Bill...). C'est pourquoi le film se termine par le souhaît
de baiser d'Alice. Nous aimerions des réactions sur ce
sujet afin de développer notre vision.

Jean MONNET.


Le 17/10/99

J'ai vu ce film il y a quelques jours et je l'ai vraiment
trouvé remarquable. De plus j'adore Kubrick et il a trouvé
la façon de montrer des choses taboos qui existent et dont
personne n'ose parler.

Camille.


Le 14/10/99

Magnifique... Ce film est esthétiquement inattaquable... La
scène de la soirée privée dans le manoir est comment
dire... euh... équivalente... non... domestique .. non
plus... là je trouve pas le mot mais voilà... la musique
est elle aussi grandiose... et voilà. En attendant le 2ème
on ira voir Full metal jacket 2!

Damien.


Le 12/10/99

Et bien voila un film qui m'a agréablement surpris! Je
voulais aller voir autre chose, et par malchance j'ai dû me
résigner à aller voir Nicole Kidman en chemisette. Je
m'attendais au pire, eh bien non, même si on sent ke le
montage n'a pas été très travaillé (mais bon on excusera
Kubrick d'être mort un peu trop tôt), le film (qui se
déroule quasiment uniquement durant la nuit) dégage une
ambiance dans laquelle on est tout de suite emprisonné. Et
on suit Tom Cruise dans la nuit New-Yorkaise sans
lassitude. Le scénario est bien écrit même si la toute fin
déçoit un peu. Sinon pour les scènes "hot", franchement à
part deux, trois scènes qui pourraient à la limite être
diffusées le dimanche soir sur M6, il n'y a pas de quoi
fouetter un chat! (on a vu pire ((ou mieux ¿)) ailleurs).
PS: merci a "Première" de ne pas avoir fait sa couverture
sur "Star Wars"

Virage


Le 10/10/99

Un très bon film de Kubrick, qui ne s'est pas fourvoyé,
comme certains l'espéraient, dans le voyeurisme. Son
intention était plus intéressante, étudier ses personnages
et leurs sentiments, donc un film humain. Mise en scène et
images de grande qualité.

François Ribaudo.


Le 6/10/99

Le sujet, les acteurs, l'histoire : tout me faisais chier.
J'y suis allé à reculons...
J'avais tord : La c l a q u e!
Franchement le film le plus intense que j'ai vu, depuis des
années... Merci Kubrick.

JBB.


Le 6/10/99

Sûrement pas le meilleur Kubrick? Les rumeurs prétendant
qu'il n'aurait pas fini le film serait-elles fondées? A la
première impression, le plus 'choquant' dans le film est sa
mièvrerie. Il ne va pas assez loin et c'est ce qui m'étonne
de Kubrick. Le film est un chuchotement. Tom Cruise n'est
pas nul, mais inexistant, de par son rôle. Il est en
analyse, passif tel un spectateur en train de subir, de
comprendre. Sûrement pas le meilleur Kubrick, mais loin
d'être le pire. Envoûtant.

C'est Kubrick et Fellini qui m'ont donné envie de faire du
cinéma, non pas pour penser égaler un jour leur talent que
je ressens immense, mais parce-qu'ils m'ont fait prendre
conscience que le cinéma n'est pas seulement une industrie
(c'est un fait) mais également un Art.

Trop de gens ont subit le tapage médiatique fait autour du
film et ne l'ont finalement pas regardé mais comparé aux
dires des critiques. Or, je le dis sans colère, à part
quelques rares exceptions, les critiques sont des mange-
merdes, des pseudo cinéastes ratés, aigris et frustrés, qui
dénigrent, comme tout à chacun pourrait le faire, ce qu'ils
ne comprennent pas, ce qui ne les émeut pas, sous prétexte
qu'eux, ils 'savent'. Le pire étant que trop de gens
boivent leurs paroles comme de l'eau bénite. Mais c'est
évident à l'époque où nous vivons, puisque qu'en se
dépersonnalisant, le monde n'est plus qu'un vaste troupeau
de moutons (ou a toujours été?). Si Matrix est considéré
par certains 'élitistes' comme une 'farce infâme' ou
une 'daube du siècle', c'est qu'ils n'ont pas compris que
ce film est tout simplement UNE vérité (et non pas LA),
certes aseptisée. Tout est idée préconçue, préfabriquée par
notre environnement social, ce que les êtres humains
s'imaginent être le fruit de leur pensée n'est que celui
d'une conscience collective. Peu d'élus ont une vision
intelligente, impartiale et innocente. Kubrick en faisait
partie. Et son dernier film a tout simplement un train
d'avance (ou de retard...), comme tous ses films. Un grand
artiste n'est jamais compris à chaud puisque qu'il expose
sa vision sans concessions. Et forcément, cela choque les
petits principes étriqués dans lesquels on s'enferme ('"Ca
ne se fait pas").

'Tromper' sa femme ou son mari n'est pas une problème
humain, mais un problème purement spirituel, moral ou
juridique (suivant les cas). Personne ne trompe personne,
sauf un accord pré-établit par d'autres et forcément
approuvé. L'amour de 2 êtres, si puissant soit-il, est-il
simplement limité au cul? Pourquoi faisons-nous du sexe
une 'chose intime'? Rien de bien intime pourtant là dedans,
mais une grande hypocrisie liée à des croyances religieuses
ancestrales ('"La peur de dieu'") et étayées par une
conscience collective puérile ('"Le mariage c'est la
sécurité"). A part ça, qui peut prétendre, à la fin de sa
vie, ne jamais avoir été attiré par quelqu'un d'autre que
sa femme ou son mari? Réfréner ses pulsions est le propre
de l'être humain 'civilisé'. Il ne cède pas à la tentation,
reste bien 'dans les clous'.

Eyes Wide Shut est un film trop 'civilisé', trop pudique.
Or Kubrick ne nous à pas habitués à ça. Ou plutôt, nous
attendions autre chose de lui. C'est ce qui s'appelle un à
priori, une idée préconçue. C'est bien fait pour nous.
Bravo Stanley (41 ans de mariage, ce n'est pas une mince
affaire!).

Eyes Wide Shut est un film léger, plein d'humour et je ne
pense sincèrement pas que Kubrick voyait là matière à
profonde réflexion, puisqu'il nous dit au
contraire 'Pourquoi se prendre la tête?'. Bien que la fin
du film soit 'moralement correcte', la dernière phrase
n'est sûrement pas un plaidoyer pour le mariage mais tout
simplement une note d'espoir, et surtout une déclaration
d'amour à sa femme. Je pense que Kubrick, à 70 ans,
commençait à atteindre ce que bien peu d'entre nous
atteindrons un jour, une forme de sagesse rédemptrice.

SaTyRiCoN.


Le 3/10/99

Je n'ai pas tout compris. Comment le masque est-il arrivé
chez Alice? Et comment aurait-elle pu être à la fameuses
soirée. Kubrick aurait-il si mal chronométrer son film ou
il voulait dire autre chose. Si vous avez d'autres points,
je suis preneur.

Marc Lecoque.


Le 2/10/99

Ce film est étrange, comme tous les films de Kubrick, et
cela ne plaît pas à tout le monde ce qui est
compréhensible. Toutefois, je pense que tous ceux qui l'ont
vu seront d'accord pour rendre hommage à la qualité de la
photographie du film qui prouve, une fois encore, le souci
du détail qui animait celui que je considère comme un des
plus grands cinéaste de tous les temps! On peut après
approuver la manière dont Stanley Kubrick a adapté cette
histoire, considérer qu'il a su l'inscrire dans le contexte
actuel ou qu'au contraire il n'a pas su saisir l'évolution
de la société contemporaine. Pour ma part, je trouve que ce
film est impressionnant de justesse dans sa façon d'aborder
le problème; et la présence du couple Cruise-Kidman y est
pour beaucoup. Et contrairement à beaucoup qui trouvent
dans ce film une vision noire du couple, je pense que c'en
est un formidable plaidoyer, de nos jours où il n'a jamais
paru aussi menacé. Donc, tout le monde l'aura compris, ce
film est pour moi un grand film!

Seb.


Le 1/10/99

15 jours après le visionnage du film. Le temps de parcourir
frénétiquement le web pour connaître les réactions des
internautes. Le temps de la maturation. Le temps de
corriger une première impression, fût-elle globalement
positive.

Car même les scènes que l'on trouvait navrantes participent
de la contemporanéité du film. La scène du joint nous
rappelle la force des phantasmes féminins qui sont une fin
en soi : alors que Bill va étaler dans toute la suite du
film son incapacité à passer à l'acte, sa femme trouve dans
l'adultère mental le moyen de trouver Bill encore
désirable - elle affirme n'avoir jamais autant tenu à lui
que lorsque la pensée de le tromper avec un officier l'a
traversée -. La position d'observateur passif de Bill est
caractéristique d'une époque qui étale la sexualité à tous
les coins de rue et dans les médias pour mieux masquer sa
frigidité post - SIDA. Les tentations de Bill sont aussi
celles de son époque : l'amour à plusieurs - les deux tops
du début du film, l'orgie - comme moyen d'échapper à la
routine de la sexualité de couple, l'homosexualité -
l'épisode de l'hôtel - qui suscite une fascination chez
certains célibataires hétéros déçus par les femmes ou
envieux de la sexualité débridée des gays, l'attirance des
pères de famille pour les nymphettes - la nouvelle lolita
de la scène du costumier -.

Son désarroi face à son épouse incarne celui de l'homme
contemporain face aux conquêtes des femmes sur le champ de
bataille des temps de paix qu'est le couple.
Quant au fuck final, loin d'être ridicule, il fait écho
au " je vis dans un monde de merde mais je suis vivant de
Full Metal Jacket " : de la même manière que la guerre a
redonné à Guignol le goût de la vie, la mise en danger de
leur couple permet aux Harford de restituer à la sexualité
la place qu'elle avait perdue dans leur relation.
EWS obsède parce qu'il est, avec les Particules
Elémentaires, une des seules oeuvres contemporaines à
tenter de dresser un état des lieux peu reluisant de
l'après-libération des moeurs : il fait oeuvre de mauvaise
conscience du cinéma mondial.

Boudjemaa.


Le 28/09/99

Jeudi 16, deuxième vision du film d'un jeune réalisateur
retiré en province (celle de Londres), plein de bonnes
intentions, mais inachevé et maladroit. Une oeuvre de
jeunesse, touchante dans son échec, qui démontre de grandes
aptitudes pour le cinéma et laisse penser pour la
filmographie à venir certainement quelques grands
classiques pour l'art No7. Mais fait somme toute rare, la
suite est déjà écrite et la filmographie visible. Il suffit
alors de la parcourir à rebours, jusqu'aux premières
oeuvres où l'on retrouvera cette dernière, le cercle ainsi
fermé à jamais comme un cercueil. Stanley Kubrick est mort,
Eyes Wide Shut, son film de fin de vie comme de fin d'école
nous ramène, 44 ans après Killer's Kiss, dans les rues
nocturnes du New York de ses débuts. Son oeuvre peut alors
apparaître achevée, grande roue qui dans l'espace temps
tourne sur elle-même au son d'un air classique, d'un Beau
Danube bleu comme la nuit.

L'histoire de EWS est adaptée d'une nouvelle de l'écrivain
autrichien Arthur Schnitzler, Traumnovelle, histoire rêvée,
publiée en 1926. L'adaptation est surtout celle d'une
époque et d'un lieu, le début du siècle en Autriche, à un
autre, le New York de fin de siècle. Pour le reste, le film
est dans l'ensemble fidèle, sans doute trop d'ailleurs (et
en même temps pas assez, nous y reviendrons), car s'il
pouvait en 1926 secouer la moralité bourgeoise (c'était un
des motifs de Schnitzler, ce qui l'a d'ailleurs condamné à
l'ombre jusqu'au début des années 60, moment où, selon la
petite histoire, Kubrick a découvert Traumnovelle), le
texte ne présente plus qu'un intérêt au mieux anecdotique
en 1999, et les images en portent la preuve en pleine
lumière. Il s'agit donc d'un couple aisé aux pays des
merveilles, Bill et Alice, secoué l'espace de quelques
jours par l'aveu d'un fantasme, celui qu'Alice eu pour un
officier, il y a un an, pendant des vacances bien méritées
en bord de mer. Cet aveu ébranle chez Bill la ligne de
séparation que le mariage avait tracée entre son moi
domestique et son moi érotique (ou quelque chose du genre,
Schnitzler s'intéressait à la psychiatrie et aux
expériences d'hypnoses) et, lui enlevant l'envie, après une
visite nocturne, de retrouver une femme qu'il ne désire
soudainement plus, le lance dans la nuit à la recherche
inavouée d'imprévus chargés d'érotisme. Sur cette
impulsion, le film va dérouler sur trois jours environ, au
rythme d'un rêve éveillé (2h45), les aventures de ce
promeneur, solitaire dans un monde qu'il ne connaît pas,
qui ne cesse de le rejeter, et qui le renverra pleurant
dans ce foyer jusque là si protégé et confortable. Il aura
rencontré quelques prostituées, assisté à une orgie, et
finalement n'aura été infidèle à sa femme qu'en pensées
mais point en actes. Voilà donc pour la description du film
dans ses largeurs, et longueurs, vous l'aurez compris.
A la suite de la première projection, après avoir lutté
pour ne pas la quitter en cours, c'était juste un mauvais
film sans intérêt. A la seconde, où il n'y avait plus
d'attentes possibles à décevoir, alors simple observateur
non participant tel l'anthropologue période pré-Malinovski,
le film se montra soudainement, au-dessus de tous ses
défauts (phénomène paradoxal en soi), de ses fausses pistes
(trompes l'il) propres à séduire la plupart des critiques
qui pensent très fort et qui aiment ça, comme un grand
navet touchant car exécuté par un grand maître du cinéma
avec une grande naïveté. Le film se construit sur des
éléments qui s'efforcent d'apparaître comme des ressorts
dramatiques mais n'en sont essentiellement pas, trahissant
l'absence totale d'intimité entre le cinéaste et son sujet,
entre le cinéaste et l'époque, le lieu et le milieu dans
lequel il a choisi de transposer cette histoire qui l'avait
jadis touché. La représentation des rapports humains et des
passions de l'âme devient alors naïve, sorte de film pré-
freudien. Et c'est ça qui est touchant, une oeuvre naïve
réalisée à 70 ans.

Mais si EWS n'est que ça et pour le reste sans intérêt,
hypothèse, c'est peut être qu'il n'a pas été fini par
Kubrick. Il est en effet très loin de présenter le niveau
d'achèvement total auquel il nous a habitués. C'est plutôt
une suite de séquences plus ou moins réussies ou totalement
ratées, pour ne prendre que celle de la maison où se
déroule l'orgie (et même si on veut bien postuler que tout
ça n'est qu'un rêve, elle reste ridicule, et l'utilisation
d'un zoom rapide étonnante), qui oscille sans cesse entre
la comédie et le drame, sans raisons particulières,
cherchant sa voie sans la trouver, pour finalement
s'arrêter sur un mot que le spectateur peut facilement
reprendre à son compte, "fuck !". Le montage ne tient le
tout que par de la colle, on ne retrouve pas ces séquences
hypnotiques, sortes de gouffres, de trous noirs capables
d'absorber le tout, dont l'intensité rend la durée du
spectacle totalement incertaine. On ne retrouve même pas
ces travellings majestueux, le personnage qui avance face à
une camera devenue destin. Les raccords se voient, les
champs/contre champs fonctionnent mal, les choix musicaux,
jusqu'au grain de pellicule, ni propre ni sale, tout est
suspicieux (sans parler du reflet d'un technicien à l'air
appliqué dans le miroir de la salle de bain de Sydney
Pollack). Faisons, exceptionnellement, un peu de critique
externe. On l'a dit, un défaut certain est que l'histoire
née dans le Vienne des années 20, ne fonctionne pas dans le
New York d'aujourd'hui. Il ne suffisait pas d'introduire
des téléphones portables. Et d'autant moins dans le NY des
studios Pinewood. Ce n'est une nouvelle pour personne,
Kubrick est un maniaque, et en plus il ne prend pas
l'avion. Il a donc fait reconstruire très méticuleusement
NY, enfin quelques rues, près de sa maison, et a fait
tourner quelques extérieurs nocturnes de taxis jaunes vus
de dos à son chef op. Mais l'illusion est fragile et se
laisse facilement perturber par l'utilisation d'un même
plan deux fois, de la même boîte aux lettres dans
différents lieux (même graffitis) ou encore par le choix
d'un numéro de téléphone de cinéma (qui commence toujours
par 555) sur une énorme banderole publicitaire de rue (noir
sur blanc). J'en passe. Du coup, d'un NY dans lequel on
veut bien postuler une volonté de représentation théâtrale
(comme "mis en scène" pour le personnage de Bill), on passe
à un NY de pacotille, du rêve à l'artifice, qui condamne
décors, personnages et événements. Un choix plus logique,
surtout si l'on veut penser que cette histoire repose sur
des thèmes qui échappent au temps, aurait été justement de
ne pas inscrire le film dans un temps et un lieu donné
(surtout quand on décide de ne pas tourner dans ce lieu),
de reconstruire simplement un monde qui convoque le monde,
où l'époque de l'action n'a plus qu'un intérêt mineur. Ce
choix du cinéaste New yorkais dessert le film et c'est sans
doute à une envie extérieure au projet qu'il répond. Alors
revenons en critique interne. Le film est rempli de signes,
ponctuels ou récurrents, qui en fin de compte, ne mènent à
rien. Par exemple le mot ou motif "rainbow". Deux jeunes
femmes veulent emmener Bill "where the rainbow ends", il
loue son costume dans un magasin qui porte ce nom, les
couleurs se retrouvent partout, nous sommes proches de
Noël. Alors d'accord, le Magicien d'Oz, sa femme s'appelle
Alice, Bill cherche l'autre côté du miroir mais n'y
parvient pas, démasqué (littéralement) aux portes de
l'orgie et de l'adultère (un peu lourdement, le mot de
passe pour pénétrer la maison et éventuellement plus est
fidelio). C'est très bien tout ça, mais une fois le
référant identifié, l'air satisfait, on peut se promener
avec sous le bras, car il n'est qu'intentions, artifice. Il
y a aussi cette carte postale assez visible représentant un
ange, au-dessus de l'épaule de Bill, dans l'appartement de
la prostituée. Elle ne prend aucun sens par la suite (rien
dans un décor ne doit être là par hasard, car tout sur un
écran devient signifiant), l'épisode prostituée est bouclé,
puis brièvement rouvert dans une scène totalement atone où
l'on apprend qu'elle a le Sida, ce qui est sans intérêt
aucun pour la progression de l'histoire, si ce n'est d'être
heureux pour Bill et son téléphone portable qui l'a
interrompu avant de passer à l'acte et de risquer de
ramener dans son foyer plus que des souvenirs. Le film est
rempli de chemins qui ne mènent nulle part, même si de la
critique de film on passe à l'interprétation des rêves. Il
serait fastidieux et ennuyeux d'en faire la liste. Revenons
au livre. On s'aperçoit alors que l'autre grand handicap du
film c'est son scénario. La bonne critique d'un scénario
original ne peut pas porter sur les choix opérés par
l'auteur (parmi les possibles) mais sur le traitement qui
en est fait. Dans le cas d'une adaptation, le livre reste
l'impulsion originelle, la cause du film, et s'il elle ne
fonctionne pas, alors on peut en chercher la raison dans
les choix effectués. Ici c'est simple. Le (ou les)
scénariste s'est écarté de la nouvelle de Schnitzler chaque
fois qu'il n'aurait pas dû. Par souci d'actualiser le
texte, il l'a encombré et dénaturé. Et principalement en
détruisant la possibilité ou volonté de concevoir
finalement l'odyssée nocturne de Bill comme le rêve d'un
homme aux yeux grands fermés. Deux illustrations pour
finir. Au 2/3, intervient une sorte d'intrigue absolument
sans intérêt car sans enjeu (qui se nourrit de plusieurs
façons et qu'il est inutile de détailler), qui porte sur le
possible meurtre d'une jeune femme (masquée) que Bill
aurait connue pendant l'orgie. Est-ce bien elle ? Suis-je
responsable ? Bill est tourmenté. Et le spectateur peut
s'amuser à reconstituer un corps à partir de plusieurs
corps, tous très beaux, faire correspondre bras, seins,
hanches, poils pubiens aperçus au fil des séquences (avec
en plus des erreurs de script, notamment une forme
d'épilation pubienne qui change d'un plan à un autre). Dans
le livre, l'identité de la belle reste incertaine, comme le
reste, et le personnage se détourne de ce cadavre (donc de
son aventure) qu'il laisse à son "destin de corps
pourrissant" en l'assimilant à la femme "qu'il a désiré,
peut être aimé pendant une heure", combien même serait-elle
en vie. Dans le film, l'intrigue appelle une résolution qui
fait l'objet d'une longue scène qui n'a d'intérêt que pour
Sydney Pollack (seul personnage troublant), où le sérieux
affiché se heurte sans cesse au fond sur lequel il porte,
car tout de même, des adultes riches et masqués qui
s'ébattent avec des femmes majeures, consentantes et
masquées, ça ne va pas chercher très loin. De même si tout
ça n'est que le rêve d'un garçon qui n'arrive même pas à
rêver qu'il trompe sa femme. Car de toute façon, que ce qui
arrive soit rêve ou réalité, reste sans intérêt, car au
mieux ce sont les rêves, ou fantasmes, d'un type pas très
inspiré, au pire c'est le film d'un réalisateur peu
inspiré, et l'un ou l'autre se finissent avec une absence
totale de catharsis, ce qui est moins fréquent pour le
second. Puis pour en finir avec cette critique (j'aurai pu
m'arrêter à un grand navet touchant), juste ça :
- "Que devons nous faire Albertine ?
- Je crois que nous devons remercier le destin de nous être
sortis sain et sauf de ces aventures- celles que nous avons
vécues et celles que nous avons rêvées.
- Es-tu bien sûre de cela ? lui demanda-t-il.
- Aussi sûre que je le suis de mon sentiment que ni la
réalité d'une seule nuit, ni de toute la vie d'une
personne, ne peut se mesurer à la toute vérité de son être
le plus intérieur.
- Et aucun rêve, soupira-t-il calmement, n'est totalement
un rêve.
[...]
- Maintenant nous sommes vraiment éveillés, dit-elle, au
moins pour un bon moment.
Il voulut ajouter pour toujours. Mais avant qu'il ait une
chance de parler, elle mit un doigt sur ses lèvres et
murmura comme à elle-même "N'interroge pas le futur". (tdlr)

Eric Schlosser


Le 28/09/99

Eyes Wide Shut, je trouve que c'est un super film
développant tout le mystère de Kubrick. Je pense que pour
bien le comprendre, il faut le voir plusieurs fois et qu'il
ne faut pas aller le voir que parce qu'on veut voir Kidman
ou Cruise à poil (ceux qui y vont pour ça seront déçus).
C'est un film très bizarre (notamment le passage de
l'orgie), et très mystérieux, pour moi un très bon film
mais cela dépend des goûts.

Dilhdo.


Le 26/09/99

Après la lecture de quelques une des réactions, je prends
la plume non seulement pour vous remercier de ce site mais
aussi pour exprimer en deux ou trois lignes mes sentiments
sur ce film.

En réponse à Serge Mercier, je peux dire : Oui bien sur ce
film est un théorème et alors! C'est justement cela qui en
fait sa force et son universalité. Je le renvoie pour cela
au cinéma de Pasolini car "Eyes wide shut " est pour moi un
Kubrick pasolinien ce qui est en soit suffisamment rare
pour être remarqué.

Oui il y a plein d'approximation au niveau de certaines
scènes : Cruise rentre chez lui à 4HOO du matin et il fait
jour; sa cape est bleue devant le jugement alors qu'elle
était noire au début! Mais cela a t il vraiment de
l'importance? Ne sommes nous pas de toute façon dans un
univers aussi onirique que réel... et ces chamailleries de
cinéphages sont pour moi un mauvais procès d'intention.
Pour ma part. Il ne s'agit pas ici d'attendre le maître au
tournant mais de se laisser emporter par une quête
personnelle qui après tout ne demande pas forcément
l'adhésion de tous. Nous sommes ici dans la subtilité,
l'opinion ne fait pas force de loi et tant mieux si seuls
certains adhérent au propos. L'exception ne fait elle pas
la règle? Celle d'un bon cinéma qui n'attend rien de
l'opinion mais peut lui apprendre beaucoup. Oui les sapins
ne sont pas beaux je suis d'accord et je crois même que ce
film a pris résolument le parti de ne pas être esthétisant.
Dans la forme il est en conformité avec le fond. Il faut
salir cette image de la bourgeoisie aseptisé parce que
l'amour ne se cultive pas sous une tente à oxygène.
Enfin, je pense que ce film a voulu également être
résolument excluant, il est aussi précis qu'un scalpel, car
il dissèque non pas les relations entre deux personnes,
mais avant tout et surtout la fragile alchimie qui fait le
couple...
Merci à vous.

Tatiana


Le 26/09/99

J'ai vu le dernier film de Kubrick qui est à mon avis
génial, les musiques classiques sont biens employées, la
lumière est géniale. Le début du film est assez niais
niveau dialogues, mais cela devient du grand art quand
T.Cruise entre dans la deuxième intrigue. A signaler que la
voix française de Tom Cruise est à chier!!! Mais pour une
fois il joue bien!!! Signalons que Nicole Kidman surfe sur
ce film car on la voit pas beaucoup dans la deuxième partie
et aussi que les scènes sont très perfectionnées et on voit
le travail de perfection qu'a fait Kubrick. Et on peut voir
un mauvais montage au début juste après la fête : Cruise et
Kidman qui baisent ensemble (scène de la bande annonce) qui
n'est pas annoncé et mis pêle-mêle comme ça je ne crompends
pas!!!! En tout cas cela me donne envie de revoir Full
metal Jacket, et autre Barry Lindon et docteur Follamour ou
le majestueux 2001 l'odyssée de l'espace.

LapinNoir


Le 25/09/99

Dieux immobiliers! J'ai vu Les Yeux Grand Fermés. J'aurais
aimé qu'il en fut ainsi : les yeux fermés. Il s,en est
fallu de peu. Je dois dire que j'avais des réserves avant
de partir. Oh! cette façon qu'on les gens d'encenser un
nom... Le fait que Duras soit un grand écrivain n'efface
pas les niaiseries qu'elle a proférées ou les trucs moins
bons qu'elle a commis. Tout ce que Baudelaire a écrit
n'était pas forcément toujours génial!

De Kubrick, j'ai presque tout vu depuis les années 60. Mais
j'ai passé mon tour lors de Full Metal Jacket parce que
j'en avais ma claque des films sur le Viet Nam. On revoit
2001 et L'Orange mécanique qui tiennent toujours très bien
la route. On oublie souvent que les acteurs étaient très
bons et que Nabokov, Clarke et Burgess ne sont pas rien. Je
crois que Yeux grand fermés sera le pendant de Barry
Lindon, film durant lequel j'arpentais le fond de la salle
pour finalement décider de sortir.

YGF ou un soap qui essaie de se donner des airs.
Premièrement, j'en ai assez de tous ces films dont les
personnages nous éclaboussent de leur richesse. Les murs de
l'appartement dégoulinent de toiles. Ils ont tout. Des amis
reçoivent chez eux dans ce qui pourrait être le foyer de la
salle Maisonneuve. Madame a fait faillite, mais ça ne
semble pas avoir laisser trop de traces. Et bien sûr la
petite veut aller voir Casse-Noisette. Ne sommes-nous pas
dans le temps des fêtes. Que de clichés!

Le gros problème de ce film, c'est qu'on s'en fout du
pseudo-problème de ce couple. On ne comprend rien à la
démarche du personnage de Tom Cruise.Qu'est-ce qu'il a à se
repasser sa propre fabrication fantasmatique de ce que sa
femme lui a dit en mots? Jalousie? Vol de propriété? Veut-
il être à la place de sa femme? Le pauvre se promène
accablé tout le long du film comme O'Neal s'ennuyait et
nous perdait en chemin dans Barry Lindon. Il semble
toujours en retard d'une scène. C'est un vrai chemin de
croix où le spectateur s'effondre plus que 3 fois.
Seule Nicole Kidman arrive à tirer son épingle du jeu dans
la scène de l'aveu après le cafouillage de la danse ivre.
Et il y a aussi quelqu'un qui fait un bon numéro d'acteur
dans le rôle du réceptionniste gai d'un hôtel. Dustin
Hoffmann disait à propos de Tom Cruise que son charme était
surtout dans son sourire comme le sapin de Noël qu'on
allume et on fait oh! Avez-vous remarqué que le film est
plein de sapins de Noël et qu'ils sont tous laids! A la
place de Cruise, je me serais méfié. La scène où la fille
du patient qui vient de mourir révèle son soi-disant amour
est jouée d,une façon hystérique franchement ridicule. Tant
qu'à S. Pollack dans la confrontation finale, à trois
reprises on l'entend changer de vitesse!

Bien sûr, le fantasme de madame est un soldat sorti de An
Officer and a Gentlemen. Encore les clichés! Sans compter
la re-visite à la prostituée, alors qu'on apprend qu'elle
avait, of course, le sida. Où est le problème? Ils n'ont
pas couché ensemble, madame a appelé juste avant. On
regarde l'image et on a l'impression que rien ne colle!
Qu'il y a des trous partout et que ça risque de fuir par en
arrière n'importe quand. C'est du théorème. Pour quelque
démonstration, on bouge des personnages dont on ne connaît
rien et dont on se fout finalement. Toutes les scènes sont
longues sauf celle de l'aveu et celle du réceptionniste à
l'hôtel.

Les extérieurs à New York sont toujours en plans serrés
(tournés en studio, ailleurs?) On se croirait en province,
mais pas à New York. Et parlons de cette fameuse scène de
l'orgie. Ultra-théâtral! Emmanuelle en Amérique! On se
croirait dans un club med pour très riches. On est dans le
ridicule jusqu'au sommet des pyramides. G-String, cuir et
masques vénétiens! Y a pas de quoi fouetter l'écran! Et
puis on ne comprend pas comment on attribue les femmes à
tel ou tel type, etc. Bong! Y en a même une qui reconnaît
le docteur Cruise malgré le masque! Quels yeux rayon-X!
Quand on demande à celui-ci le mot de passe, je me retenais
de lui crier : «Y en n'a pas!» tant c'est cliché. Et puis
le point de vue sur la sexualité est celui d'un réalisateur
bien vieux et désabusé. Très voyeur. Une sexualité de
vieillard. Et la musique dans cette scène! Grand
guignolesque! Est-on sérieux où veut-on nous faire rire?
Par la suite, Cruise rentre chez lui à 4h am et on voit la
lumière entrer par les fenêtres. Je suis désolé, mais même
à la latitude de New York en décembre, à 4h a.m., je pense
qu,il fait noir. Cruise peut voir le corps à la morgue d'un
hôpital où il ne travaille pas, comme si rien n'était. Au
point où on en est, ce n'est pas grave.

On a l'impression qu'il n'y a pas de profondeur de champ au
niveau visuel, idem pour les idées. Et puis je pense à
cette scène où Cruise se retrouve dans l'appartement de la
prostituée. Après une longueur interminable (avec une gêne
de high school) sur ce qu'ils vont faire et à quel coût, on
les voit en gros plan qui vont s'embrasser. Et je me suis
dit : tiens, on dirait une annonce de shampoing (de scotch
ou de chocolat)! Mais personne ne rit dans la salle. De
toute façon, que cela ait été voulu (ressembler à un
commercial) n'est suivi par rien d'autre du même genre à
moins que le téléphone de l'épouse soit ici aussi ironique.
Mais 2h45 de ce genre low-key, sérieux, avec des êtres qui
ne nous intéressent pas, c'est long.
Tout se termine dans un magasin de jouets sur la phrase :
il faut qu'on baise! Consternant! Et puis il y avait le
proprio de la boutique de costumes qui soudain, revirement
complet, est prêt à louer les services de sa fille. Le sexe
a tout arrangé. C'est gros.

Dans le 1er party, les deux mannequins qui draguent Cruise
veulent l'entraîner sous l'arc-en-ciel, y trouver la
chaudière d'or! Le magasin où il loue le costume est le
Rainbow. Il se trimbale avec son sac
Rainbow. Y a-t-il un rapport? Lequel? Quel rainbow? Le
Magicien d'Oz? Le symbole des gais? Je ne vois pas.
D'ailleurs je n'ai pas compris que la cape demandée noire,
se retrouve bleue lors du jugement. J'ai été surpris. Mais
je ne vais pas me retaper le film pour vérifier. Faut pas
juste mettre des clefs, il faut des portes aussi!
Et toute cette dérive à cause de l'aveu de sa femme.
Franchement! On ne comprend pas. Much ado about nothing et
sans le talent de Shakespeare et Branagh. On ne sent pas le
lien entre les scènes. Et la scène où Cruise retrouve le
masque est musicalement ponctuée comme dans les mélos
d'après-midi à la télé. Tadam! On pouffe de rire! Cela a
enlevé la dernière volonté d'adhésion qui pouvait me rester.
La seule chose agréable, c'est la valse de Chostakovich.
C'est un thème que ce dernier a utilisé au moins à quatre
reprises dans son ouvre. Le hic, c'est que la musique de
danse de Chostakovich est toujours ironique, cela s'entend
dans l'instrumentation. Que vient faire ce ricanement?
D'ailleurs y est-il? Mais le thème est bien beau. Le
problème c'est que l'image ne soutient pas cela du tout, ni
le jeu. C'est d'ailleurs fascinant comment l'image est
laide dans ce film. Je n'en reviens pas : pas un sapin de
Noël qui ait de l'allure! Et le bureau de Cruise, all
cramped up, tout y est tassé. Les rues ont l'air dessinées
presque caricaturales.

Bref, un soap de l'après-midi gonflé hors de proportion et
toujours pas plus intéressant qu'un soap qui serait promu
en «prime time» et essaierait de faire intello.
Je n'ai sans doute rien compris. On m'excusera. On peut
gloser à l'infini sur la peur des femmes du personnage
principal qui est toujours sauvé par la cloche, la seule
qu'il regarde longtemps est morte, etc. Mais on ne doit
jamais oublier que toute savante que puisse être une
oeuvre, elle doit toujours maintenir l'intérêt du
spectateur surtout au théâtre et au cinéma. On peut lire
une pièce de Racine selon la dynamique sociale de l'époque,
selon les problèmes religieux, la psychologie des
sentiments... etc, mais ce qui est d'abord évident, c'est
que l'histoire doit être intéressante... sinon on s'en va
lire un autre auteur ou un essai.

Serge Mercier (Saint-Jérôme, Québec.)


Le 25/09/99
Pas grand chose à dire, à part que j'ai vraiment été
bouleversé par ce film.... Et surtout merci pour cette
critique (celle du 24/09), enfin une qui me semble ni dans
l'emphase ni dans la destruction caractérisée.... Merci...

Une amoureuse du cinéma...


Le 24/09/99

Il est dur pour moi de parler de ce film. Je l'ai vu avant-
hier et je suis encore sous le choc. Disons qu'il y a une
dizaine d'années j'étais un grand fan de Kubrick, je
tapissais ma chambre d'ados de ses affiches. Et puis avec
le temps je l'ai moins aimé, peut-être avais-je trop vu et
revu ses films. Il me semblait surtout que j'adhérais
finalement peu à sa conception pessimiste de l'humanité, au
nietzshéisme (heu, pardon pour l'orthographe) de pacotille
de 2001, tout ça... Et puis voilà, j'ai vu Eyes Wide Shut,
et je me suis pris un grand coup dans la gueule. Comme si
tout ce que ce type avait pu m'apporter quand j'avais 14
ans, et que j'avais mis de coté, resurgissait d'un bloc.

C'est quelque chose de dur à définir, mais j'ai
l'impression que si on aime Kubrick, c'est que chaque
image, chaque portion de film qu'il tourne semble être là
pour nous rappeler ce qu'on tend quelquefois à oublier, à
savoir que le cinéma, c'est quelque chose de beau. Cela ne
veut peut-être pas dire grand chose, mais j'ai l'impression
que beaucoup de ceux qui ont aimé le film comprendront ce
que je veux, assez maladroitement, dire. Et que ceux qui ne
l'ont pas aimé comprendront qu'on ne peut pas critiquer une
oeuvre qui a un tel impact sur tellement de gens - je parle
d 'impact émotionnel pur, pas de considérations esthético-
cinéphiliques à la con du style "ce film est bien parce que
ceci cela". Je voulais juste aussi dire que ce qu'il y a de
beau avec ce film si dénigré, c'est que pour la première
fois, Kubrick ne se dissimule pas derrière un sujet
grandiose: l'humanité, la nature humaine, le malaise de la
civilisation, la guerre... C'est juste l'histoire intimiste
d'un couple en crise. Il y a une espèce de sérénité qu'il
n'y avait pas dans ses autres films, et je crois comprendre
pourquoi c'était son préféré. On le comprendra, je ne tiens
pas à insulter l'oeuvre en y allant de mes remarques et
analyses - et d'ailleurs la plupart des opinions
répertoriés ici disent très bien tout ce que j'aurais à
dire. J'ajouterais juste deux remarques sur les critiques :
Sur le réalisme du film : il est très intéressant de voir
un film largement onirique, qui étudie les rapports entre
fantasme et réalité et qui s'appelle "Les yeux fermés", se
voir critiquer pour son absence de réalisme. Passons.
Sur le côté has-been : certains accusent Kubrick d'être un
cul-béni arriéré, car il met en scène des personnages qui
font tout un plat de pas grand chose. Mais la morale finale
du film n'est pas du tout cul-béni, c'est plutôt quelque
chose comme "Si vous baisez à droite et à gauche, ce n'est
pas bien grave, vous n'aurez à souffrir aucune vraie
conséquence matérielle. Simplement, comme vous êtes
Protestant, vous vous sentirez tellement coupable que vous
finirez par fondre en larmes dans les bras de votre
femme. "La culpabilité qui ronge et freine Cruise dès qu'il
fait mine de sortir sa quéquette et de ce fait assez
réaliste pour un anglo saxon - je le sais, j'ai été prof
pendant 4 ans en Grande Bretagne. De même, la première
confession de Kidman a effectivement de quoi choquer : s'il
n'y a rien de méchant à fantasmer à donf sur nos voisins de
table, c'est en brisant le tabou du silence qu'elle
estomaque son pauvre mari. La question valable serait
finalement : qu'a fait ce pauvre type pour mériter de se
prendre dans la tête un récit de fantasme que les épouses
gardent généralement pour elles et leur psy. Je pense que
la réponse de Kubrick est : il le mérite parce qu'il est un
peu trop con. Argument assez valable. En définitive, tous
les critiques qui font la fine bouche devant tout le soi-
disant coté sexe du film me font marrer; cela sent trop le
refoulé tellement troublé dès qu'on parle de zizi qu'il
affecte une mine très détaché et revenu de tout devant les
scènes de partouze. Au reste, si vous jetez un oeil sur les
opinions "contre" du débat de Libé, vous trouverez
l'opinion d'un internaute qui fait la morale à Cruise-
Kidman, du genre"comment pouvez vous expliquer à vos
enfants que vous faites crac crac à l'écran?". Au moins
celui là a-t-il le mérite d'être honnête.

J'aimerais finalement profiter du web pour soumettre aux
internautes quelques questions qui me taraudent :
1- Au début de sa carrière, Cruise a joué dans "Risky
Business" un rôle pratiquement similaire sur les rapports
cul-culpabilité. Pensez vous que ce soit cela qui ait
conduit K à l'engager?
2- Le film s'appelle "Les Yeux Grands Fermés". L'un des
personnages est un pianiste de jazz (K a failli être
batteur de jazz dans sa jeunesse), qui joue dans une
partouze avec un bandeau sur les yeux - alors que c'est
autour de sa musique que la cérémonie évolue. Or, lors de
la première projection du film devant des pontes de la
Warner, K a exigé que le projectionniste ait un bandeau sur
les yeux. Le projectionniste! Vous comprendrez donc toutes
les questions qui me taraudent : était-ce un gag? Une mise
en abîme? Et quand le pauvre projectionniste a entendu le
pauvre Nightingale dire "Un jour, le bandeau était mal mis,
et je n'ai jamais rien vu de pareil de ma vie", le
projectionniste a-t-il interprété cela comme un signe et
défait légèrement son bandeau? S'il l'a fait, s'est-il fait
raccompagner à son hôtel par des gorilles de la Warner? Le
débat est lancé!
3- Relisant le bouquin de Ciment sur Kubrick, édition de
1987, je constate qu'on peut trouver dans Eyes Wide shut un
équivalent de tous les parallélismes que Ciment dresse
entre les films de K à travers les photos des pages 60 à
120 : masques, 18e siècle, travelling arrière etc... A une
exception; Ciment fait état page 113 à "l'intrusion
soudaine d'un déséquilibre exprimée par une caméra souvent
tenue à la main". Je ne trouve aucune scène équivalente
dans "EWS". Avez vous meilleure mémoire que moi?
Voila, sur ce, je retourne le voir.

Jean-Marc (Bordeaux)


Le 23/09/99

La seconde vision fut donc profitable. De multiples petits
détails étaient restés obscurs dans mon esprit. Je peux
maintenant avoir une vision plus globale de Eyes Wide Shut
avec ces qualités et ses défauts.

Le scénario est tiré d'une nouvelle de la fin du XIXème
siècle d'Arthur Schnitzler intitulée "Traumnovelle"
traduit "la nouvelle rêvée". Le scénario reste très fidèle
dans l'esprit à la nouvelle de Schnitzler qui posait la
question suivante " est-il plus grave de tromper son
conjoint ou de rêver qu'on le trompe ? ". Kubrick a
transposé le lieu de la nouvelle de la Vienne de 1895 à un
New-York plus ou moins intemporel.

A la suite d'une soirée très chic à New-york, où M. Harford
et sa femme (Cruise et Kidman) se sont mutuellement faits
dragués par des invités de la soirée, Alice Harford lors
d'une querelle avec son mari lui annonce qu'elle a fantasmé
il y a quelque temps sur un officier de marine. Elle lui
avoue aussi qu'à ce moment, elle aurait tout quitté pour
cet officier. Pour son mari, qui voyait en sa femme un
parangon de vertu, le choc est rude. A la suite de cette
révélation, le mari va déambuler dans New-york, faire un
certain nombre de rencontres et vivre des expériences extra-
ordinaires Ce parcours " initiatique " parfois drôle,
incongru ou traumatisant, l'amènera à se remettre en cause.

Eyes Wide Shut sera donc le dernier Kubrick. Alors que l'on
annonçait à grand renfort de pub et d'une bande-annonce "
très chaude " un thriller sexuel très chaud, on assiste à
un film de Kubrick. Un film plutôt froid et cérébral, mais
surtout déconcertant comme les affectionnait le cinéaste.
Tom Cruise est la vedette, Nicole Kidman n'étant qu'un
second rôle " renforcé ". Kubrick s'est attaché peu à peu à
détruire l'image de golden boy triomphant qu'il a véhiculé
depuis le début de sa carrière pour créer un Tom Cruise,
personnage un peu naif, hanté par le doute, humilié et
toujours à la remorque de " l'intrigue " alors qu'il croit
la dominer.

Cette démystification était d'ailleurs prévisible. Kubrick
l'avait déjà opéré dans Barry Lyndon avec l'acteur Ryan O'
Neal. Le cas de Kidman est plus complexe. Kubrick n'a
jamais été le cinéaste de " la femme ", les seules femmes
qui apparaissaient dans ces films étaient soit presque
inexistantes (2001, docteur folamour, les sentiers de la
gloire, full metal jacket) des caricatures féminines
(Lolita, The killing), des victimes (orange mécanique) ou
des êtres sans aucune personnalité (Shining, Barry Lyndon).
De fait, la présence de Kidman dans un rôle de femme "
classique " au côté de Cruise était une des particularités
et une des originalités attendues du film. Kubrick lui a
réservé quelques scènes fortes. La première scène de
confession est particulièrement réussie, d'autant qu'elle
surprend de la part de Kubrick. Comment? Un misanthrope
comme Kubrick, toujours habitué à traiter ses personnages
avec mépris et distance, tourne une scène intimiste entre
un homme et une femme!!

La seconde scène importante avec Kidman est, elle, plus
forcée et moins convaincante. Serait-ce une volonté du
maître? En tout cas, la volonté de filmer de telles scènes
(souvent émouvantes) prouve l'évolution de Kubrick qui est
loin d'être le cinéaste monolithique que l'on a présenté
parfois. Néanmoins, pour ma part, je considère qu'il ne
faut pas trop exagérer la différence de ton entre ce
dernier opus et les précédents. Certes, avec l'âge et
l'expérience de la vie, Kubrick jugeait qu'il pouvait
aborder un tel sujet et être crédible, mais la facture
globale du film reste " kubrickienne " dans un grand nombre
d'aspects.

Car il faut le dire et le répéter, Eyes Wide Shut est bien
un film de Kubrick contenant (en mineur) les thèmes qu'il a
su développer tout le long de son étonnante et riche
carrière. Par exemple, les deux scènes de réception (la
première soirée et la scène d'orgie) sont les deux pans
d'une même réalité. La réalité civilisée (la soirée très
chic) et celle bestiale et primitive (l'orgie) que quel
sépare un léger vernis de " civilisation ". On comprend
d'ailleurs qu'il est fort possible que beaucoup d'invités
de la première soirée étaient aussi à celle de l'orgie. On
retrouve ici l'un des thèmes majeurs du cinéma de Kubrick :
nos instincts primitifs sont encore profondément ancrés en
nous, et il ne faut pas grand chose pour les voir
ressortir. Parler de mise en scène, est toujours un peu
pompeux et souvent prétentieux, surtout quand comme moi, on
n'a jamais touché à une caméra. Je me contenterai de dire
qu'elle m'a semblé plus sobre et moins flamboyante que
d'habitude. Peut-être que le sujet prêtait à plus de
retenue. On retrouvera néanmoins de grandes scènes comme
celle de l'orgie ou celle plus étrange de la morgue (qui
moi m'a ému!!). A ce propos, on mesure la stupidité de la
censure américaine qui a caché des passages de l'orgie,
alors que cette scène est tellement étrange et coupée de la
réalité (certains l'ont trouvé même grotesque) qu'il est
impossible d'être tant soit peu excité ou choqué par ce que
l'on voit.

J'ai trouvé le film d'une forme cyclique, c'est à dire que
le personnage de Tom Cruise retrouve des lieux de manière
symétriques tout au long du film. (la prostituée, le bar
jazzie, le magasin de vêtement, la maison de Pollack,
l'appartement de la fille du mort (il rappelle à un moment
au téléphone) d'où lien), cette symétrie n'est pas sans
rappeller celle d'Orange Mécanique bien que présentée de
manière bien plus discrète.

La dernière séquence a manifestement été mal comprise par
beaucoup de spectateurs. C'est à mon avis, un petit trait
d'humour. Pendant, tout le film, Tom Cruise cherche à
trouver une partenaire pour " baiser ". Malgré de
nombreuses tentatives, son désir (et notre envie de
voyeurisme!) ne sera jamais exaucé. Et au moment, où le
film s'arrête le personnage joué par Kidman dit à son
mari " viens ! allons baiser ", offrant hors champ à Tom
Cruise ce qu'il a cherché pendant tout le film. Mais cette
scène de sexe ne sera jamais montrée (le film est fini !!),
augmentant ainsi la frustration du spectateur de manière
fort humoristique.

On imagine la colère de certaines spectatrices J !!
Même si cette séquence finale n'a pas le charme des fins "
sardoniques " d'Orange Mécanique, Shining ou Docteur
Folamour ou le côté " magique " de 2001, elle reste
toutefois supérieure à la fin plus commune de son précédent
film Full Metal Jacket.

Il est difficile aujourd'hui de déterminer quelle place
prendra Eyes Wide shut dans la carrière de Kubrick.
On a parlé de film-testament. Oui, admettons. Mais la mort
du cinéaste a beaucoup plus fait pour cette réputation que
le film lui-même. Un léger manque de fil rouge entre les
séquences m'a un peu gêné et certaines scènes semblent
parfois n'être que des blocs indépendants.

Pourtant, je pense que EWS est supérieur à Full Metal
Jacket qui m'avait semblé plus commun et moins original que
ces précédents films. Beaucoup de critiques ont démoli le
film en parlant de film démodé, d'impression de déjà vu. Je
crois que Kubrick n'a pas cherché à faire un film "
moderne " mais plutôt un film " hors des modes actuelles "
et qui supportera mieux les assauts du temps. D'ailleurs
Kubrick a toujours (à part Orange Mécanique ) réalisé des
films décalés par rapport à leur époque de création, EWS
n'a pas fait exception.

EWS porte la marque d'un homme qui vieillissant tente
d'aller à l'essentiel en rejetant parfois les " artifices "
de mise en scène qui ont fait en leur temps sa gloire.
EWS est un film qui m'a touché et parfois ému.
Stanley Kubrick a prouvé une fois de plus qu'aucun sujet ne
lui était étranger, qu'il pouvait tout filmer avec une
égale maîtrise. Il clôture une carrière sans fausse note
par un beau film.
Kubrick me manque déjà.

Sylvain GRENON


Le 23/09/99

Je viens de terminer de lire vos critiques et je dois
avouer qu'elles sont intéressantes puisque j'aurais aimé
que vous développiez plus l'analyse (vous m'avez laissé sur
ma faim). Je ne reviendrais pas plus longtemps sur le fait
que ce film est décidément très "Kubrickien", que la caméra
est maniée d'une main de maître; que la B.O reste, comme
dans tout ses films, très convaincante; que cette hyper-
saturation des couleurs "colle" parfaitement; que le couple
Cruise-Kidman est admirable, etc... Ce film est, au premier
regard, surprenant et envoûtant. Seul le temps nous
éclairera objectivement si ce film restera parmi ces Grands
Films de la production cinématographique mais une chose est
certaine: EWS est pour moi et pour l'instant (je viens de
le voir) un véritable chef-d'oeuvre. Une métaphore. EWS est
une métaphore pour plusieurs raisons. Métaphore de chaque
scène qui le constitue. Celle, tout d'abord, de la
banalisation de la relation homme/femme dans le cadre du
mariage, quand cette femme (Kidman) demande à son mari de
la regarder et de lui dire comment il la trouve alors
qu'elle est entrain de "pisser". Métaphore du film lui-même
qui nous transporte dans une sorte de rêve; de par
l'expérience Kidman, de par le dénouement de l'orgie. Mais
cela, Kubrick nous l'avait déjà montré dans des films tels
que 2001 où en une scène, il avait résumé toute l'histoire
de l'Humanité de façon admirable.

Nicolas


Le 23/09/99

Pour en finir avec toutes cette presse parfois nauséabonde
sur Eyes wide shut, je préfère non pas encenser ou bannir
le grand Stanley, mais plutôt vous donner mes impressions.
D'un film de Kubrick on ne ressort jamais indemne. On est
toujours saisi par la grande maîtrise de l'image et du
scénario. C'est déjà pas mal face à toutes ces âneries
bâclées hollywoodiennes qu'on nous impose à longueur
d'année. Car Eyes wide shut, c'est d'abord et avant tout un
film. Personne ne doit se sentir obligé d'aimer la tendance
schizophrénique de tous les personnages de kubrick, y
compris leur soi disante "inhumanité". Nul n'est forcé
d'apprécier cette "haine de l'humanité" (dixit libération)
dont ses films semblent tous s'inspirer. Kubrick, on aime
le personnage ou on ne l'aime pas. Mais personne ne reste
indifférent devant son discours. En effet, EWS est une
surprise. Ce n'est pas un film pessimiste, et cela pourrait
suggérer son caractère testamentaire que tous les critiques
renient. Quand on dit que le couple de médecins du film
sort fortifié par tant de débauches, c'est un peu simpliste
et inexact : car ce qui effraie le personnage joue par Tom
Cruise, ce n'est pas le mal, qui fait partie de lui, mais
sa tentation : le film n'est effectivement qu'une suite
d'actes manqués (entre Nicole Kidman et son militaire,
entre Tom Cruise et sa prostituée, etc...), il n'y a pas a
proprement parler d'adultère, et pourtant tout le laisse
supposer. Dans tous ces ratés, le couple ne sort pas
grandi, bien au contraire, mais les épreuves lui permettent
avant tout d'exister. On a alors la preuve pour ceux qui en
doutaient que Kubrick n'est pas un moralisateur, et c'est
peut être pour cette raison que l'Amérique bien pensante
n'a pas apprécié le film : il aurait fallu pour cela un peu
plus de spectacle, de fausse pornographie, de violence
pour "colorer" l'histoire. Ce qui gêne le plus dans EWS et
plus généralement dans tous les films du cinéaste, c'est
qu'il fait toujours appel à notre propre subjectivité.
Quant à moi, je pense que c'est la première histoire de
couple au cinéma qui m'émeut particulièrement car autrement
envisagé que sur un ton puritain ou naturaliste. EWS est un
rêve, qui suscite peut être la pitié, car il est toujours
très dur de regarder la vie en face.

NH


Le 22/09/99

Je suis allée voir Eyes Wide shut aujourd'hui. J'ai trouvé
ce film très philosophique. Dans l'ensemble, j'ai aimé mais
je n'irai pas le voir une deuxième fois. Lorsque je suis
sortie de la salle, je me suis posée de nombreuses
questions. J'ai aimé la façon dont étaient traités les
thèmes de la jalousie, de l'obsession sexuelle... J'ai
beaucoup aimé la scène dans laquelle Alice confie à Bill
(après avoir fumé un pétard) qu'elle étaient attirée par un
officier pour lequel elle était prête à tout quitter. Par
contre, je n'ai pas compris la scène de l'orgie dans le
manoir ainsi que les avertissements de la prostituée (qui
est morte par la suite). De plus, le titre transparaît bien
à travers le film : les personnages ont les yeux grands
fermés sur une obsession dont ils ne peuvent se débarrasser
qu'en se réveillant de ce mauvais rêve (et d'ailleurs ils
ne savent pas très bien si c'est un rêve ou pas ). En ce
qui concerne le jeu des acteurs, je trouve Nicole Kidman,
qui n'hésite pas à user de son charme, excellente. Tom
Cruise arrive bien à interpréter ce type médecin, symbole
de la réussite sociale, qui parait fidèle au début mais qui
n'hésiterai pas à faire quelques escapades de temps en
temps. Voilà, je pense que j'ai tout dit : de toute façon,
il y aurait tellement de choses à dire sur ce film que je
n'en finirai pas.
En résumé, c'est un bon Kubrick.

Johanna DELBE


Le 22/09/99

Ceux qui n'aiment pas Eyes Wide Shut parlent en général de
sa "longueur" ou du caractère convenu des situations,
souvent de son moralisme étriqué ou des fantasmes minables
des deux protagonistes. Il faudrait, je crois, revenir sur
deux ou trois choses. La première est le titre : ces
yeux "grands fermés" évoquent bien sûr le rêveur. On dit
souvent dans le film (tiré d'un roman qui s'appelle + ou ­
 "roman onirique") qu'il s'agit peut-être d'un rêve et
l'action se déroule principalement de nuit. Mais inutile
d'insister là-dessus, car ceux qui n'auraient pas remarqué
ne méritent pas qu'on leur ouvre les yeux. A un autre
niveau, on pourrait trouver dans cette expression le
contraire de ce que subit le héros de A Clockwork Orange,
qu'on force à garder les yeux grand ouverts pour regarder
des films! Mais c'est surtout entre les deux époux que l'on
devine qu'il est question de regard 'aveugle' : Tom Cruise
découvre que sa femme a des fantasmes sexuels, d'une
certaine façon, comme l'a bien dit Saada dans les "Cahiers
du Cinéma", il découvre que sa femme est une parfaire
inconnue, qu'elle pourrait bien porter un masque aussi
indéchiffrable que les participants à l'orgie. Nous, en
tant que spectateurs, nous découvrons peu à peu que Cruise,
toujours à la limite de l'adultère, se débrouille pour
rester techniquement fidèle. D'ailleurs, Kidman de son côté
ne l'a trompé qu'en "pensée", comme disent les confesseurs.
Le couple est typique de la moyenne bourgeoisie américaine
de Manhattan. Ses fantasmes sont donc à la hauteur de leur
mode de vie minable. L'orgie est donc tout à fait dans le
ton, tout comme l'errance sexuelle, toute de voyeurisme et
de phobie du contact. Ce qui intéresse Cruise, c'est
le "film", qu'il se fait dans sa tête, "les yeux fermés",
film érotique minable et convenu, sur ce qui aurait pu se
passer entre sa femme et un inconnu. Si elle lui a révélé
cet "écart", c'est bien sûr pour susciter sa jalousie ou
pour se venger de n'avoir pu (par devoir conjugal?) céder
aux avances du minable séducteur hongrois, ou pour se
venger de lui qu'elle soupçonne peut-être d'avoir été
sauter les deux jolies filles qui l'avaient dragué dans la
soirée. Peut-être, d'ailleurs, cet aveu est-il une pure
affabulation. Nous ne le saurons jamais. Je pourrais
continuer comme ça longtemps pour répondre un peu aux
critiques hâtives, mais c'est lassant. Dans le cinéma
contemporain, la plupart des situations sont totalement
convenues, et la psychologie des personnages est à la
limite du poncif. Kubrick a toujours aimé jouer avec les
conventions des genres cinématographiques. On pourrait dire
qu'il s'attaque ici au "drame psychologique" et il s'en
tire magnifiquement, comme à son habitude. C'est vrai que
l'atmosphère est très proche de The Shining, l'horreur se
distille lentement entre ces deux bourgeois sans qualités
particulières, à propos de quelque chose d'absolument pas
important. Mais ce n'est pas cela qui compte, on s'en
doute. Il y a dans Eyes Wide Shut une très belle réflexion
sur les rapports entre cinéma et image mentale et, comme
toujours chez Kubrick, une leçon de cinéma tout court. On
peut ne pas aimer les leçons (c'est la réaction normale des
cancres), on peut ne pas aimer le message assez sombre (car
Cruise est potentiellement un assassin, quelqu'un de
finalement assez monstrueux qui n'a même pas l'excuse de
devenir psychopathe comme le héros de The Shining), on peut
ne pas aimer la virtuosité de Kubrick et préférer les
effets spéciaux minables qui font le succès de la plupart
des grosses machines hollywoodiennes, mais quelque chose me
dit que, d'une certaine façon, ceux qui n'aiment pas le
dernier film de Kubrick n'aiment pas le cinéma.

Vermont


Le 21/09/99

Eyes wide shut est un film intéressant jusqu'au moment où
on entend ce piano qui nous casse les oreilles jusqu'à la
fin. Si je découvre qui est ce pianiste je le MASSACRE!

Anne


Le 20/09/99

A mon avis, "Eyes Wide Shut" est une sorte de parcours
initiatique, en même temps qu'une mise en évidence de la
Comédie humaine... Si le personnage principal ne franchit
jamais la ligne, et nous avec, c'est toujours à cause d'un
élément extérieur, et cet élément extérieur, c'est la
Société, qui impose à tous un comportement présentable...
Le miroir, c'est la dualité de l'Homme; et le masque, c'est
son coté inavouable... Pour moi, un très grand film : je
l'ai vu deux fois en trois jours. C'est la première fois
que ça m'arrive. C'est un signe...

Claude


Le 19/09/99

J'ai 29 ans et je viens de voir Eyes wide shut. Le film se
regarde et est agréable dans l'ensemble. Trop agréable même
si bien qu'on entre jamais vraiment dans les personnages.
Où est le film sulfureux qu'on nous dépeint dans tous les
magasines et émissions sur le cinéma? Ici, les images sont
superbes, mais l'histoire n'est autre qu'une petite bluette
peu convaincante. Personne ne trompe personne dans le film,
mais le spectateur est lui trompé par la bande annonce. Le
couple principal est adultère uniquement par les pensées,
mais à aucun moment on a l'impression que ca gêne
quelqu'un, ni même les protagonistes. Alors que l'on
s'attend à une remise en cause du couple Kidman-Cruise à
l'écran, le film dévie sur une pseudo enquête suite à une
soirée quelque peu particulière pourtant courante dans les
milieux les plus huppés. Bref, en conclusion, allez voir ce
film si vous voulez vous détendre avec de belles prises de
vue et une bonne B.O. Par contre, si vous vous attendez à
un film sortant des moeurs et aussi avant gardiste qu'il
nous était annoncé, restez chez vous ou allez plutôt
voir "une liaison pornographique" ou "les convoyeurs
attendent"... avec Wide wide shut, vous n'aurez pas matière
à réfléchir et vous serez déçu...

Pierre Troestler


Le 18/09/99

Le film de Kubrick est impressionant de virtuosité. Sortie
du film, on n'a pas envie de parler d'un autre film,
surtout du prochain Besson. C'est un sentiment intime avec
le réalisateur fétiche des cinèphiles qui défendent celui
qu'ils ont toujours aimé.

AL


Le 17/09/99

Evidemment, c'est un Kubrick... On ne peut être qu'envoûté.
Mais c'est le film le moins bon, ou le plus mauvais, qu'il
ait fait. Si le film commençait assez bien avec une
réflexion sur l'amour, le couple (au cours duquel on
s'aperçoit que l'on ne connaît jamais assez bien son
partenaire), on se demande pourquoi Kubrick se tourne
soudainement vers du polar classique, loin de toute
virtuosité kubrickienne. C'est très dommage... et décevant.
En outre, les femmes ont sans aucun doute un très sale rôle
dans ce dernier opus du, soi-disant, génie. Toutes des
putes, des salopes, juste bonnes à faire fantasmer les
hommes frustrés. Kubrick se montre ici d'un sexisme assez
consternant. Cela dit les femmes n'ont jamais eu un très
grand rôle dans ses films. Enfin, Tom Cruise joue vraiment
comme un pied. Heureusement, Nicole Kidman est là. Bref, un
ratage total.

Stéphane Esnault


Le 21/08/99

Note de Mister W : attention, cette critique comporte des
révélations.

J'ai pu voir hier le testament du maître. Enfin... Putain,
je l'attendais trop, ce film.. eh bien, le résultat est à
la hauteur de mon attente : "Eyes wide shut" est pour moi
le meilleur Kubrick.

En tout cas, c'est son film le plus humain, le plus humble,
le plus personnel et surtout le plus courageux. Depuis que
je suis sorti de la projo, pleurant de bonheur, j'arrête
pas d'y penser. Obsessionnellement. Oui, c'est grave,
docteur...

Il ne fait aucun doute que le maître a conçu "Eyes wide
shut" en sachant déjà que ce serait sa dernière oeuvre.
Tout dans ce film (surtout la fin) sent le testament. Non
seulement, c'est une oeuvre sur la jalousie et l'obsession
sexuelle, avec des accents freudiens, mais aussi (c'est
moins perceptible, mais tout aussi vrai) une réflexion
passionnante sur la mise en scène, mais c'est aussi
beaucoup de choses encore... sexe, mort, réalité, rêve,
fantasmes, fascination, frustration, etc... On pourrait
interpréter ce film infiniment... mais je n'ai pas essayé
de me prendre trop la tête pour profiter du plaisir
ressenti à la première vision. Car c'est clair que je
foncerai le revoir et le re-revoir (et ainsi de suite..).
Ce film peut être divisé en deux parties autour de la scène
centrale (celle de l'orgie, purement géniale) : les
séquences de la seconde partie répondant à leurs
équivalents de la première partie, comme dans "a clockwork
orange". l'idée de symétrie (déjà très présente
dans "Shining") peut aussi être assimilé à l'opposition
entre fantasme et réalité. Jeux de miroirs, reflets,
symétrie... pas de doute, on est bien dans un film 100%
Kubrick. Vous attendiez à ce que "Eyes wide shut" soit
un "dream-movie"? C'est à dire, un film conçu comme un
rêve, un fantasme irréel? Hé bien, c'est pas vraiment ça.
C'est même beaucoup mieux : le fantasme et la réalité ne
cessent de s'entrechoquer.

**ATTENTION SPOILERS**
La scène de l'orgie dans le château est une scène
hypnotique, envoûtante et onirique. Mais une autre grande
scène (le face-à-face final entre Cruise et Pollack,
purement géniale elle aussi) en dévoile les ficelles : tout
n'était que mise en scène. On peut y voir une métaphore de
Kubrick lui-même y dévoilant ses tours de magie.
**FIN SPOILERS**

"Eyes wide shut" aurait pu être un grand film onirique,
mais en quelque sorte, Kubrick tue la magie en insérant
aussi dans son oeuvre des séquences ordinaires (inspirées
de la vie quotidienne). C'est peut-être pour cela que ce
film risque de décevoir le plus grand nombre (mais pas
moi!). Ce serait vraiment mal comprendre les dernières
volontés du maître.. "Eyes wide shut" n'est pas le film
d'un dieu. C'est le testament d'un homme y dévoilant avec
courage ses faiblesses. Un homme qui se sait confronté à
l'inévitabilité de la mort. Voilà pourquoi "Eyes wide shut"
est le film le plus profondément humain de Kubrick.
Comme dans tous les films de Kubrick, chaque scène a sa
propre signification. Il y a tellement de choses et de
scènes que j'ai envie d'analyser, tellement de détails,
tellement d'idées de mise en scène... Mais je sens que ce
va être trop long. Je ne vais donc pas vous ennuyer
davantage, je vous laisse le plaisir d'admirer ce film-
ultime qui restera sans doute parmi les (LE?) plus grands
chefs-d'oeuvre de cette fin de siècle. Et bien sûr, Tom
Cruise et Nicole Kidman sont absolument FORMIDABLES.
Surtout, c'est un film qu'il faut regarder avec calme et
sagesse. Certes, j'étais dans un état d'exaltation
extatique lors du générique du début, mais l'excitation
infantile a vite disparu pour laisser place à
l'éblouissement et à l'éveil de la pensée intellectuelle.
Note : 7/7 (il y a peut-être des petits défauts, mais ils
sont carrément insignifiants face à la beauté de ce chef-
d'oeuvre absolu).

Viguen


Le 19/08/99

Note de Mister W : attention, cette critique comporte
quelques révélations mineures.

Eyes Wide Shut, c'est Eyes Wide Shut en français, comme
quoi il y a certains titres qui sont universels. J'ai donc
vu le dernier film de mon maître absolu : Stanley Kubrick.
On sait pas par où commencer... On ne dira pas l'histoire.
Déjà, on va dire que c'est un chef d'oeuvre. Ca semble
clair. Un film aussi beau, aussi dur, aussi parfait, aussi
enthousiasmant ne peut être qu'un chef d'oeuvre. Et j'en
passe. Le film commence d'une manière extraordinaire, par
une scène dans un "bal" . C'est une scène magique,
passionnante, hypnotisante, et très "bête" (attention,
c'est une scène très importante mais elle est, sur le
papier, banale). Et cette scène a le mérite ultime de
calmer l'excitation intense que l'on ressent en voyant le
film. Car il faut bien avouer que lorsque "WARNER BROS
PRESENTS. TOM CRUISE. NICOLE KIDMAN. IN A FILM BY STANLEY
KUBRICK" est apparu j'étais dans un état second. Mais cette
scène est très intense. Puis le film rentre très tot dans
le sujet : l'obsession sexuelle et la jalousie. La scène en
question est unique et rien que pour ça Nicole Kidman
mérite un oscar. Et le film se lance, avec en premier temps
la "débauche" de TOM/ BILL puis on entre dans le thriller.
Le film dure 2H39, ce qui peut être long. Mais croyez le ou
pas, je n'y ai pas pensé une seconde, je me suis pas ennuyé
une seconde, et surtout on veut savoir ce qui se passe
ensuite. La signification est dure à comprendre et à mon
avis il serait bête de réfléchir trop à la première vision.
J'ai essayé au début et j'ai abandonné. A mon avis, la
première vision devrait être réservée au bonheur intense
que procure chaque minute. Ce qui m'a semblé évident, c'est
que c'est, avec dr Folamour, le film le plus excitant à
première vue. Je vais parler d'une scène, de LA scène :
censurée, c'est la seule qu'on connaissait. C'est l'orgie.
Une scène, une démontre que Kubrick était un vrai génie. Le
bruitage (quand le maître rouge tape... c'est le bruitage
le plus fort de tous les temps) le visuel (les couleurs) la
manière dont, à l'aide de mouvement de caméra, il fait
naître plus de tension que par n'importe quel "artifice".
Puis les masques, sublimes, montrent son obsession pour que
tout soi parfait. La censure.. ben c'est simple de voir ce
qui a été masqué, alors voila, c'est des gens tout nus qui
font des 69, des "chiens" des trucs, sans qu'on voit rien
de "X", lors d'un 69, une jambe que le mec a en l'air fait
qu'on ne voit rien du tout. Perso, je n'aime pas beaucoup
car les gens font ça très brutalement, en plus ils sont
moches (poilus avec le ventre qui tombe) ce qui gâche la
beauté de ce qu'on voit (parce que les filles elles sont
sublimes). Alors il faut faire des critiques intello (mais
je ne ferais qu'un truc très bête. J'écrirais un bouquin
pour l'analyse. Ce qui est fascinant c'est à quel point les
deux parties du film sont réussis : la débauche est
incroyable avec ses personnages loufoques, ses mouvements
de caméra sublimes, ses trucs "rigolos" (viguen a beaucoup
ri) ses décors, tout ce qui fait naître une admiration, une
fascination intense. Puis le thriller est mené de main de
maître, avec un suspense à se couper les veines. La fin (ne
la racontez pas!!!!) est géniale, très surprenante, mais on
en reparlera ensemble le 16 septembre. On peut philosopher
à mort dessus, une fois passée la surprise et l'excitation.
J'aimerais en dire plus... On va passer au choses plus
bêtes : Tom Cruise est incroyable, il a une crédibilité
incroyable et convient parfaitement au rôle. Il y a un truc
marrant c'est que dans le film il se balade et des jeunes
l'agressent en le traitant de pédé (leur mot) totalement
gratuitement, je trouve ça marrant par rapport au rumeur à
son sujet. Nicole Kidman a un rôle secondaire (à l'écran).
Elle a deux "tirades" géniales où on serait tenté de croire
qu'elle est la plus grande actrice de tous les temps. Ca
fait sexiste, mais je me souviens pas d'avoir ressenti
quelque chose comme ca au cinéma avec une actrice. Elle est
magnifique et d'une beauté à couper le souffle. Pour ceux
que ca intéresse, on voit ses fesses (jamais vu un cul
comme ca, il est sublime) et ses seins et ... vous verrez.
Sydney Pollack, qui a remplacé Harvey Keitel. Absolument
génial, sa scène (vous verrez) est incroyable et d'une
force inouïe. Un grand acteur qui est très bien dirigé. Il
est le rôle. La rumeur comme quoi Keitel (que je vois pas
du tout dans le rôle) aurait été viré pour avoir éjaculé
sur Nicole Kidman est fausse puisqu'ils se disent bonjour
dans le film, point final. Les autres acteurs secondaires
sont géniaux, comme Marie Richardson qui remplace Jennifer
Jason Leigh. Elle a un rôle très surprenant qu'elle
interprète divinement bien. Leelee Sobiesky a deux minutes,
mais est très jolie. Les rôles ensuite sont très bons, avec
une mention spéciale au réceptionniste de l'hôtel (celui
qui jouait dans GUNS 1748) . Question cul, c'est pas
torride et immense, juste une vingtaine de filles nues dans
l'orgie. Le fameux baiser a été réduit à 15 secondes. Pour
l'interdiction, le film passe le 2 et sera sûrement
interdit au moins de 12 ans, mais il y a un risque parce
que c'est quand même un peu malsain. J'aimerais redire a
quel point le film est flippant, plus que Shinning (à la
télé). Et pour tout ce que j'ai oublié, il y a qu'un mot :
parfait. Et le reste à la deuxième vision. Donc un chef
d'oeuvre, un classique instentané, un moment unique et
essentiel, au même titre que 2001, Orange mécanique, Barry
Lindon et Docteur Folamour. Et si vous emmenez vos potes,
dites leurs que c'est calme. C'est pas du cul, c'est
calme... alors faites en sorte qu'ils soient calmes avant
(je vais pas me risquer à emmener les miens mais au cas ou
pour vous). Je ne pourrais que conseiller à tous les gens
qui veulent le voir de le voir dans sa version intégrale,
si possible dans une salle calme et intelligente, et
surtout sans être pressé. Mettez vous dans le film, et la
peur et l'excitation vous gagnera.

Stanley


Le 4/08/99

Je ne peux que commencer en disant que EWS a été pour moi
un moment de grand cinéma. Vous comprendrez ainsi tout de
suite que le film m'a non seulement plu, il m'a
enthousiasmé. Je dirai ensuite que EWS n'est pas parfait,
qu'on peut y trouver matière à critiquer. Mais se serait
être bien malhonnête ou anti-Kubrick que de masquer toutes
les qualités du film par ses quelques faiblesses (j'y
reviendrai plus loin). Je ne connaissais presque rien du
récit du film. Non, en fait je croyais en connaître une
bonne partie - la remise en question d'un couple après
l'aveu d'un adultère resté à l'état de phantasme - mais je
me trompais. Et j'en fus heureux. Parce que pour tout vous
avouer, je suis entré dans la salle avec les griffes
plantées dans le tapis, m'attendant à un film peut-être
trop voyeur à mon goût et dont la publicité avait surtout
tourné sur les scènes d'orgie et la nudité du couple
Kidman/Cruise. Je rassure tous ceux qui habitent l'amérique
du nord, si coupures il y a eu - scènes de sexes
uniquement -, en rien elles n'altèrent le récit puisqu'on
en découvre suffisamment pour plonger dans le contexte, et
que l'intrigue se situe au delà des simples ébats
corporels. Et c'est là que le film m'a surpris. Le film a
comme toile de fond un état des lieux condensé des moeurs
sexuelles de cette fin de 20ème siècle, mais a pour premier
plan un drame, un suspense bien ficelé, qui m'a rappelé les
interrogations et l'inquiétude que j'avais pu ressentir en
suivant James Stewart dans Vertigo (attention, cette
comparaison n'a pour but que de décrire mon état d'esprit,
pas de comparer les deux films). Je n'en rajouterai pas sur
le récit afin de ne pas gâcher le plaisir de quiconque,
mais EWS est un sublime "thriller de moeurs". Je reviens
tout de même brièvement sur l'histoire car je vous avais
promis de parler des faiblesses. Je dirai simplement que
comme tout film ayant une partie de suspense, les
scénaristes se laissent aller parfois à trop vouloir
tromper le spectateur et ainsi commettre des excès qui
risquent de le faire décrocher du film. J'ai noté un seul
de ces excès dans le film de Kubrick. Il ne m'a pas
dérangé, mais ma blonde n'a par la suite plus vu le même
film que moi (elle a tout de même beaucoup aimé le film,
mais à un degré moindre que moi). Le jeu des acteurs est
plus qu'excellent. Cruise et Kidman forment un couple très
crédible (d'autant plus qu'il l'est dans la vraie vie) et
surtout se laissent aller à diverses émotions sans aucune
retenue. Franchement, je tire mon chapeau à Cruise qui m'a
encore prouvé qu'il détient un large spectre de jeu, et que
le drame lui va au moins aussi bien que le film d'action et
certainement mieux que la comédie. Les dialogues sont
irréprochables et on a droit à une scène magnifique - la
scène clef du film - d'une simple conversation de couple
avant la baise qui tourne à l'affrontement puis à la
révélation. Regardez bien le visage de Cruise changer
lentement d'expression et dites-moi s'il ne possédait pas
vraiment totalement cette scène. Quant au maître Kubrick,
qui a su orchestrer cette oeuvre, et bien je crois qu'il
nous a laissé un film digne de sa réputation, un film aux
costumes magnifiques (les masques sont de toute beauté), à
la musique souvent simple et grinçante (quelques notes de
piano énervantes et trop fortes pour ma blonde qui ne les
pas aimées) mais qui colle idéalement à l'atmosphère, aux
effets sonores d'une qualité irréprochable (les bruits de
New-York ou les échos ajoutant à la dimension de la salle
dans la maison de l'orgie), aux décors superbes (la maison
de l'orgie principalement), au rythme progressif du récit
et à une photographie alliant la vivacité des couleurs pour
les scènes costumées à des couleurs plus diluées - voire du
N&B - pour les scènes d'intimité ou de sexe. Voilà, merci
Monsieur Kubrick, j'ai une fois encore aimé votre cinéma.
EWS ne marquera peut-être pas l'histoire du cinéma comme
2001 ou Orange mécanique, mais conclut très
respectueusement une magnifique carrière. Et puis qui sait,
je me trompe peut-être...

PEE-WEE


Le 4/08/99

Le film a, je trouve, du mal à "partir". C'est relativement
lent et finalement, même si l'histoire est captivante, on
peut se demande si prendre les 15 premières minutes et les
les 15 dernières ne nous
auraient pas fait gagner 1h30 de scènes, bien que
agréablement jouées, relativement mornes. Enfin, une
critique guère positive, mais m'attendant à voir "le
dernier Kubrick posthume", j'espérais un peu plus de ce
film.

Liu


Le 30/07/99

Je suis allé voir EWS ce vendredi 23 juillet à Québec après
une longue épopée, en effet, rare étaient ceux qui voulait
venir le voir avec moi, donc finalement je suis allé le
voir seul avec seulement moi-même pour juge du choc de mes
idées! Tout d'abord, ce film n'est pour n'importe quel
connard venue! Le genre de connard qui écoute à profusion
des putains de films américains! Je parle du genre film
américain généralisé qu'ils produisent si bien!!!! Un film
différent de ce que nous a laissé percevoir les médias qui
étalaient les fresques de KIDMAN et de CRUISE (woooow! un
couple de stars) au détriment du film en lui-même. En
passant, ceux qui pensent aller voir un film XXX et bien
vous serez déçu. Kubrick n'est pas si pervers que ça...
Tout d'abord, je pense que la version que j'ai vu était
celle qui a été censurée vu la fameuse scène de l'orgie...
Européens, que vous êtes chanceux... Ces Américains y font
ch... Enfin, revenons en au fait, l'atmosphère du film est
superbe, un New York sombre (sous son meilleur jour d'après
moi puisque "night live" rime avec cette ville) et des
décors riches en détail (splendides maisons). Le rythme du
film est lent mais non ennuyant puisque on est sur un
stress assez continue. Je dois dire aussi que le film a une
trame sonore à tout casser ce qui aide à tenir le coup.
Enfin, je ne veux rien vous révéler de l'histoire puisque
que je gâcherai votre plaisir. C'est une histoire de
désirs, de jalousie et de sexe. Mais d'après moi, c'est le
film de l'été.

Jean-Phlippe Beaupré


Le 29/07/99

C'est vrai que ça fait partie d'un des meilleurs films de
Kubrick même si je ne les ai pas tous vu (j'aimerais bien
par contre). Seul Kubrick était capable de faire un film
dans le genre sans exploiter les scènes érotiques même s'il
y en avait plus qu'une. La manière dont elles étaient
tournées n'avait aucun attrait sexuel. La façon dont il
bouge la caméra est unique. Dans le bal au début, on dirait
que je dansais avec Kidman! Je viens de voir le film donc
j'aurais certainement d'autres commentaires à rajouter.

P-M


Le 25/07/99

Note de Mister W : attention, cette critique comporte
quelques révélations mineures.

Eyes Wide Shut est un grand film, un très bon de Stanley.
Mais, ce n'est pas le meilleur que j'ai vu, d'après mon
opinion personnel. La première scène est un classique, la
musique est excellente, film long, complexe, mais jamais
ennuyant. J'ai adoré la scène où le couple discute sur le
lit, le regard de Tom Cruise... à couper le souffle. Mais
la scène magistrale est quand il rentre dans la maison....
OUF, La musique rappelle, les rites sataniques avec les
femmes forment un cercle avec le maître de cérémonie
habillé en rouge. La scène d'orgie avec la musique
indienne, arabe, rappelle le Marquis de Sade. Ceux qui on
lu les 120 jours de sodome, me comprendront. La maison
cachée dans le bois etc. Le jeu de camera de Kubrick
superbe, l'éclairage merveilleux. Et la fin.... Les couples
du nouveau millénaire vont-ils ressembler au couple
Harford... L'avenir nous le dira. Un film très personnel à
Kubrick : l'appartement du couple est la réplique du celui
de Kubrick vivant à New York et il a rencontré sa femme
dans un bal masqué. Portez attention à une scène où Cruise
est dans un bar et parle avec un pianiste. Juste avant,
qu'ils s'assoient. On voit un certain homme parlant avec
une femme.... Et je crois que c'est Kubrick lui-même...????
Le seul "Hic" au film.... résidant au Québec, j'ai vu la
version censurée par le réalisateur... Un des meilleurs
films du dernier siècle et de l'année. Va-t-il être
finalement récompensé pour son travail de réalisation qui
lui aurait dû être donné pour son 2001. En terminant, son
A.I. aurait été le deuxième "Trip Ultime" cinématographique
comme son 2001. Merci Stanley, tu resteras le meilleur....
et les autres essayeront de te copier sans succès... Qui va
le remplacer????

Mathieu


Le 25/07/99

J'ai vu ce film, ce week end... Quelle perte de temps! Je
n'ai rien aimé de ce film, même si je voulais en dire du
bien, je n'y arrive pas! Par contre ma copine a bien aimé
(mais je pense qu'elle a mieux aimé Tom Cruise que le
film...)! Alors si j'avais une cote à donner, elle serait
de 3/10.

André de Montréal


Le 24/07/99

C'est l'un des meilleur film réalisé dans les années 90. Le
film est Long, quelque peu compliqué, mais on ne s'ennuie
pas du tout. C'est peut-être le Kubrick le plus accessible,
la première fois. Le film n'a rien d'érotique, c'est un
film sur le rêve, l'obsession, la jalousie, reflétant le
couple des années 2000. Il est vrai que le corps de la
femme est omniprésent, mais il faut le voir comme un
symbole, tout comme le masque. La partie des masques est
tout simplement géniale. Pour ceux qui pensent voir un 9
semaines 1/2, détrompez vous. Plusieurs diront que Kidman
est meilleure que Cruise dans ce film, mais c'est seulement
parce que le personnage de Tom n'est pas du tout développé
et que TOUT les autres autour le sont beaucoup plus. Pour
parler du film, il faut l'avoir mastiqué et bien digéré...
J'ai vu du monde sortir pendant le film... Mais je vous
assure, c'est un grand film. L'image est Kubrick d'un bout
à l'autre, ça n'arrête pas. C'est un film à voir. Mais je
ne comprends toujours pas pourquoi Kubrick a pris autant de
temps pour le tourner. J'aurais aimé voir A.I., j'ai même
lu que peut-être, un jour le film A.I. pourrait revivre
sous la tutelle de Spielberg, Scorsese ou Pollack. C'est à
voir.

Godot